
moins à doo pieds au-deflus du Lac. Là
le Bois étoit un peu moins épais, & par
des ouvertures je pouvois regarder à la ronde.
Ce moment fut délicieux. L e tems
étoit tel qu’il le faut pour de telles cour-
fes. Le Ciel légèrement couvert, empê-
choit que le foleilne m’échauffai; & l’air,
parfaitement calme, rendoitla température
très agréable, j ’étoisun peu las, fans être
échauffé; & je ne pus me refufer au plai-
lir du repos fur cette belle croupe. Le
muguet des montagnes parfumoit l’a ir , les
plantes de fraîfes étoient toutes en fleurs
& promettoient une abondante récolte, je
dominois tous les environs; & c’étoit le
plus beau cadre qu’on pût imaginer , à
une glace parfaitement pure. Le L a c efl
ron d , & c e t te haute bordure l’environne
de toute part, n’étant interrompue que par
là gorge ou j ’avois p a ffé , & par une autre
qui e fl derrière le Couvent. Ce fut là que
je commençai mes notes de la journée,
Que n’a i- je pu y écrire mes descriptions !
Mon imagination libre & gaie y eût peut-
être trouvé des expreffions propres à peindre
cet état agréable.
* En redefcendant de ce t O lim p e , je
manquai le chemin par lequel j ’y étois ariri
[r ivé , & peu à peu je m’apperçus que je
[dominois le Lac de trop près, pour qu’il
jme refiât su - deffous une pente. J’appel-
IJai mon guide, qui fe trouva heureufemenc
là la portée de ma v o ix ; & il m’apprit
(qu'en effet j ’étois au haut d’un rocher es*
¡carpe; „m a i s ” , a jo u ta - t - i) , „ un Suifle
fte doit pas rebrouffer pour c e la , & vous
L pourrez bien defcendre” . Je me fiai à
Bon jugement ; & m’étant avancé avec précaution
au bord du rocher, je dcfcendis en
■effet par fes crevafles. Cette méprife fut
■une circonftance heureufe; elle me donna
■lieu de remarquer, que quoique ce rocher
B û t encore.de fcbi(îey toute la pente fupé-
■Heure étoit couverte de fragmens de Lave,
■dont il y avoit même de grandes pièces
■fur le rocher. Le chemin continue encore
lïpendant quelque tems d’être bordé de
mfchifîes, dont les feuillets font toujours dir
i g é s presque verticalement & tortillés.
Il y & grande apparence que c’e i l - là un fol
«primordial, femblable à celui des Montagnes
du bord du R h in ; & q u e c ’eft au tra-
■Veri de ces fcbijîesy que le Vo lcan s’ e il
■fait jour. Il n’eft donc pas étonnant que
¡■Ton trouve partout des débris de cette ma.
p i è r e , mêlés aux cendres & aux autres grèles