
au contra ire , tout aboutit au bien commun.
L a nature même de ces fociètés empêche
qu’elles ne puiiTent être bien grandes
ni bien nombreufes; leur excès leur nuit
& les réduit. Mais on peut en tirer de
grandes leçons pour le fuccès & le bien de
la Société générale; & je ne puis m’empêcher
de les coniidérer elles - mêmes comme
un bien. Si nous remontions à l’origine
de la plupart des Monaftères rultiques >
qui préfentent- à nos yeux une prospérité
bien plus grande que cellq de tout ce qui les
environne, je fuis perfuadéque nous trouve-*
rions qu’ils ont été défricheurs; & q u e c ’e il
à eu x , & à leurs fucceiTeurs qui continuent
à bien gérer, que les Couvents doivent ce
dont ils jouiffent. Pourquoi donc ne joui-
roienc - ils pas ? Imitons le s , fans en être
jaloux.
Si, paflant dans un lieu femblable à celu
i - c i , & voyant des terres prospérantes,
on apprenoit qu’elles appartiennent à un
Seigneur ; cela n’exciteroit aucune fa tyre ,
aucun murmure. Pourquoi donc un Couvent
en excite-t-il ? Quant à moi je confefle, que
je vois de tels établiifemens avec d’autant
plus de plaifir, que ce n’e il pas la jouiflance
d’un homme fe u l, mais celle d’un nombre
d’homd’hommes
; & fous ce point de vue je ne
faurois leur fouhaiter. trop de bonheur.
Des Religieux font des hommes, qui ont
choifi , ou à qui l’on a fait choifir comme
à tant d’autres, un certain é ta t; &
l ’on doit fouhaiter que tout homme foie
heureux dans fon é ta t, dès qu’il ne détruit
pas le bonheur des autres, & ne leur fait
éprouver que cette concurrence de pen-
chans & d e befoins, ii générale dans la
Nature. T o u t Etre feniible a une fphère
d’a& iv ité , qu’il cherche à étendre; ¿ t c e i l
par la que leurs.fphères fe contiennent les
unes les autres. Si les individus n’éten-
dent pas la leur contre les loix de l’Etat ou
de la morale, plus ils favent fe procurer de
bonheur chacun en particulier, plus la
mafle en contient.
Or je ne vois pas q u e , fous le point de
vue dont je parle, les Religieux empiètent
fur le bonheur des autres hommes contre
ces régies ; & je vois en même tems , que
dans leur fphère , ils renferment beaucoup
de ce bonheur tranquille, qui eft prifé par
un grand nombre d’hommes. La fubfiilan-
ce fimple, mais abondante, y eft allurée
pour ies Pères, les Frères, lesDomeiliques,
les Laboureurs. La Règle s’étend fur to u t,
pour*