
Je me dirigeai d’abord le long des fos-
fes à meules ; & je remarquai que le V illage
de Nieder - Ménich n’e fl abaiiTé au des-
Fous de ce terrein, qüe parce qu’il eft à
l ’un des côtés du cburs de la Lave. On
monte obliquement depuis ce village pendant
environ dix minutes , avant d’arriver
au niveau du lieu où l’on a percé les puits,
L à ils fe fuccèdent en prodigieufe quantité
, fuivant toujours cette espèce de côte
en re lie f qui tend à l’une des ouvertures
de l’enceinte du Lac.
L e coup d’oeil du terrein où l’on a attaqué
la Lave, eft fort fingulier. Ce font
d ’affez vaftes entonnoirs qui fe joignent
presque tous. Il faut percer la couche
de fable & de pierres - ponce qui couvre
la Lave, & cette couché a quelquefois plus
de 30. pieds d’e'paiiTeur : ce qui oblige à
évafer beaucoup l’ouverture, pour prévenir
les éboulemens. Les anciens eriton-
noirs reffemblent à de vrais craters., tant à
caufe des fragmens de pierre à meule, qu’on
y jette pour s’en débarraiFer, que parce-
que ces débris de vraie lavet fe recouv
ren t, dans tQuteS les faces, tournées au
N o rd -O u e ft , d’un lichen, ou moufle plate
blanchâtre, qui reifemblé aux enduits falins,
lin s , dont l’intérieur des vrais Craten eft
ordinairement tapiffé.
En montant dans la vafte gorge qui
aboutit à 3’enceinte du L a c , j ’apperçus.
de loin une longue file de peuple qui
me précédoit, & q u i, en fuivant les. contours
des fentiers de la montagne, m’of-
froit l’original de plufieurs tableaux de
Breugle. Cette file', qui fe mouvoit comme
un long ferpent en gagnant le haut
de la g o rg e , étoit une fort longue P r o
ceffion. L e Porte-étendard marchoit à
la tête-, quelques hommes le fu iv o ien t,
auxquels fuccèdoient toutes les femmes,
puis tous les autres hommes ayant le
Prêtre à leur tête. T o u t ce peuple chan-
toit de tems en tems ; & dans les intervalles
j ’entendois un bruit exactement
fembiable au bourdonnement des abeilles.
Us récitoient alors leurs prières.
Ces bonnes gens étoient venus de trois,
lieues, à une Chapelle voifine de Nieder-
Mènich, pour y prier Dieu de çonferver
les biens dont la terre eft a&uellement
couverte; & ils s’en retournoient chez
çux. Il y a bien de la différence dans
les manières de fervir Dieu ; & il y en a
fans donte de plus raifonnables les unes
M 3 que