
Cette variété des dépôts de la Mer dans des
lieux très voifins, & dans les mêmes lieux,,
n’efl: pas difficile à comprendre. De premières
élévations de ces dépôts ont changé
la dire&ion des Courans ; celles des matières
volcaniques ont produit le même effe
t ; & par ce changement feul les dépôts
ont pu changer. Les mêmes Courans ont
pu encore charier des matières de différentes
natures , quand les fonds qu’ils creu-
foient venoient à changer; ou peut-être
par quelque changement que les Volcans
ont produit dans l’eau de la Mer.
Je n’ai pas trouvé des corps marins dans
cette pierre fableufe ; mais je n’en crois pas
moins qu’elle procède de dépôts de la Mer.
On voit dans la Mer àéluelle, que les animaux
qui l’habitent ne vivent pas indifféremment
partout; mais qu’ils choififfent
certains fonds plutôt que d’autres. Les
fonds calcaires ne font pas les feuls que les
animaux marins aient habités dans l’ancienne
Mer. Nous les retrouvons en mille end
r o it s dans les fables & les pierres vitre/ci-
Mes. Ils peuvent avoir fui ces fonds de fa ble
rougeâtre , foit dans les lieux dont la
Mer l’enlevoit, foit dans ceux où elle le
dépofoit. Peut - être auffi ce Jable n’étoit-
■ il pas propre à conferver leurs dépouilles.,
I On éclaircira mieux tous ces objets en eon-
I tinüant les obfervations ; & il e£t peu de
I Pays qui à cet égard offrent plus de va-
1 riè tés inilruélives que ceux dont je viens
de parler.
Ces vérifications d’une Obfeivation importante
en Cosmologie , ne furent pas le
feul dédommagement de ma fatigue dans
la recherche de ces Volcans peut - être enfé-
velis : j ’en éprouvai de très agréables dans
l’afpeét des lieux. L e grand pittoresque
disparoît fans doute avec les granits les
fchifles les glaces & les fapins ; mais la
Nature n’ efl: pas réduite à cela pour paroî.
tre belle. Quand elle fe dépouille de cet
air de grandeur, elle devient ordinairement
plus douce, elle fe familiarife plus
avec nous: nous nous fentons moins portés
àTëtudier qu’à en jo u ir : nous admirons
moins i nous fommes moins remués; mais
nous la fèntons plus à notre p e r té e , nous
pouvons l’embraffer parrout : nos fenfations
ne s’élèvent pas à l’enthoufiasme, mais il
I y a plus de repos. V o ir du grand & ne
pas bien l’entendre, exalte l'imagination,
& c’eft furement un plaiflr: e’eft un de
ceux que procurent les grandes Montagnes.
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