
bourg, & ne ceifa presque pas de toute le
refte de la journée.
Mon Guide favoit que j ’étois venu exprès
de Francfort pour monter au fommet de
cette- Montagne ; que depuis mon arrivée
à Hambourg j’avois fortement defiré de voir
ceffer la pluie ; que ce jour - là j’avois
bravé l'apparence du mauvais tems : quelle
ne fut donc pas fa furprife de voir que
tout fe terminoit, à tirer un marteau de ma
p o ch e , cafler un petit morceau du rocher,
le ployer & partir. L e bon homme en
prit une telle confidération pour moi, qu’ il
g a r d a dès lors un refpeCtueux filence : d’au,
très m’auroient pris pour un.fou, ou comme
mon Jofeph, pour un Maréchal des Logis.
4 p r^s avoir beaucoup erré fur cette
peloufe , mon guide fe trouva comme quel-
qu’un que l ’on a fait tourner à Collin-
maillard;, il crut defcendre vers Hambourg,
& defcendit à l’oppqfite. Nous errâmes
même quelque tems avant de rencontrer un
chemin; & nous fuivîmes àuhazard la pente
du premier que nous trouvâmes, pour
fortir au moins des Nues & chercher à nous
orienter: ce fut alors qu’il apperçut que
nons étions pafles de l’autre côté de cette
grangrande
éminence. Après être reilé il long-
tems dans les N u a g e s , je me trouvai en
fortant , comme doit - être un homme à
qui on enlève la cataraCte: ils étoient fort
épais, &tranchoienc avec l’air tranfparent:
j’étois encore plongé dans l’obfcurité, &
cinquante pas m’en fortirent. 4 Ce paffage
fut donc une furprife, & une furprife bien
agréable. Si les objets avoient été éclai-
jrés par le S o le il, ils m’auroient fûrement
jébloui: mais tout le ciel étoit couvert, &
[la Plaine, ainfi que le bas des Montagnes
j& les Collines à perte de v u e , avoient des
[nuances fi douces & en même tems fi distinctes
à mes yeux repofés, que je ne me
rappelle pas d’avoir rien vu d’égal pour
l’agréable effet des couleurs. Mais cette
[beauté extraordinaire celfa peu à peu , à
befure que mes yeux reprirent leur état
[habituel.
I J’embraflois de là toute cette Colline de
wrgen qui étoit la caufe de mon ,voyage,
plie e il abfolument ifolée ; & fi j ’avois pu
p voir fous cet afpeét de quelque endroit
jvoifin, je ne ferois pas venu au Feldherg.
Mais on ne peut éviter quelque pas inutile;
pans les recherches.
Après