
je ne puis comprendre comment la propreté
& la police hollandoife, fi flriéles à tant
dautres égards, n’ont pas encore produit
des loix rigoureufes pour empêcher qu’on
ne je tte dans les Canaux, les immondices
des Villes,* car ils augmentent beaucoup
l’infalubrité de ces eaux ilagnantes (a).
Ces
( a ) Mr. Dent a n , dont j’ai parlé dans mes premières
Lettres fur la Hollande, me communiqua dès ce
tems- là une obfervation bien intéreflante qu’il avoit
faite fur ces exhalations d e s . Canaux j iàvoir que le
fluive élaftique qui fe dégage de leur fond, eft inflammable.
Il remuok ce fond avec un bâton; &
foit en recevant les bulles dans uh cylindre de verre
renverfé, pour les épouver enfuite plus à fon aife,
foit en opérant immédiatement fur les bulles à leur
fottie de l’eau; dés qu’il préfentoit à cet air une bougie
allumée, il s’ enflammoit. C’eft le phénomène important,
que, fans s’être communiqués l’un à l’autre,
Mr. Volt a obfervoit dans le même tems en Italie,
& qu’il a publié depuis. Entre les diverfes expériences
que fit Mr. Dentan fur cet air du fond des Canaux
, il en eft une qui l’avoit conduit dès lors à
I explication des feux follets qu’on voit quelquefois fe
promener fur les marais ; il enflammoit aufli cet air par
l’étincelle d’un Cerf volant éle&rique. Ainfi ces vapeurs
ont dans l’air même, une caufe d’inflammation.
Ces terreins dérobés à la Mer font extrêmement
précieux par leur grande fertilité.
L a tourbe qui en recouvre une grande partie
, eft une ample provifion de fubftance
végétable,* & l’argille, qui en d’autres endroits
la remplace, & fouvent auffi fe trouv
e au - deflous, étant un dépôt des R iv iè re
s , eft auffi un fol tout prêt à produire.
L ’eau enfin qui pénètre tout ce te rrein, &
dont on peut le couvrir quand on v e u t ,
donne à tous les végétaux une vigueur inconnue
dans les Pays fecs.
L e fol renfermé entre les dunes & les
digues eft de plufieurs fo r te s , & exige des
procédés différens pour être mis en valeur.
Dans les endroits où l’argille eft à la fur-
fa c e , ou recouverte de peu de fable ou de
tou rb e , on peut immédiatement en faire
tout ce qu’on v e u t , jardins, terre à fyled
ou p ra ir ie , en y faifant Amplement quelque
mélange. Mais quand il y a beaucoup de
fable ou de tourbe, le Hollandbis, qui ne
fe contente pas d’une fertilité médiocre ,
en enlève le fuperflu.
On nomme âejjabkment, l’opération par
laquelle ou amène à une grande fertilité ,
les pays couverts de fable qui font derrière
les Dunes; & fous ce fable, qui a été
jette