
de vengeance. Je les priois de ne pas
longer | ces objets tandis qu’ils étoient
avec m o i, pour ne pas déranger mes coquilles;
ils rioient du m o tif, & oublioient
le ftilet (a ) .
Une fois entr’autres ( c ’étoit dans l’Evê-
ché de Tortone ) je fus conduit plufieurs
jours par un homme qui fe découvrit à
moi comme fu g it if, pour en avoir tué un
autre en fe défendant Je l’avois pris à
Novi, où il étoit en fureté. Il avoit voulu,
contre mon g r é , s’armer dun fufil; fous
prétexte qu’il y avoit des voleurs, & qu’il
fau-
( a ) J’ai vu avec un très grand plaifir que Mr. le
Baron d e D i e t r i c h , qui connoit beaucoup l’Ita
lie , penfe de la même manière. C ’efi: ce que j’ai com,
pris par une note de fa traduétion des Lettres de Mr.
F e r b e r . (pag. 1 4 0 . ) Ce dernier s’ étoit privé du
plaifir de vifuer la Ptuille & la Calabre , parce qu’on
l’avoit prévenu qu’il n’y avoit point de fureté. Mr, de
D i e t r i c h remarque, que Mr. le Baron d e R i e .
d e s e d y avoit cependant voyagé, fims fe plaindre des
habirans ; & il croit que ce prétendu danger des voyageurs,
n’exifte que dans le préjugé. Mon Frère s’eft
formé la même idée de pays très décriés en Sicile; &
il a voyagé avec la même fécurité que m o i, dans
ceux dont je viens de parler.
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■faudroit quelquefois marcher de quit pour
■éviter la chaleur du jour. Ce fut ainfi
■en effet qu’il me fit paffer la fro n tiè re ,
[ & que nous entrâmes dans les Collines. Il
■m'avoua enfuite ingénument fon m o tif ;
|jfme montrant en même tems le long d’une
■ceinture qu’il portoit fous fa v e i le , quin-
ze cartouches faites de fer blanc, à balle
S o u d é e au bout , qui entroient dans le fu-
zil fans baguette, & qu’il m’affura pouvoir
■tirer en moins de deux minutes, fans man-
iq u e r à chaque fois fon homme. 11 vou»
iîo i t éviter l’occafion, mais il ne la redou-
i to i t pas. II. fit ainfi avec moi le tour du
■Pays ; il vifita fa famille, où. je fus reçu
ia v e c toute l’hospitalité imaginable, & dous
■retournâmes enfemble à Novi.
Dans toutes ces courfes , loin d’être
■obligé de marauder pour ma fubfiilance,
■j’eus fréquemment des conteftations bien
■différentes pour la payer ; & il m’e il fou-
Ivent a r r iv é , d être obligé de m’acquitter
■envers les gens qui m’avoient r e çu s , en
■leur faifant parvenir de petits préfens que
ije penfois pouvoir leur plaire.
Il y a fans doute beaucoup de mal dans
me p a y s - là ; mais il ne provient pas tout
[de la faute du Peuple. Il fuît aveuglément
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