du matin , nous eûmes l’apparition la plus
agréabîe & la plüs opportune : C’étoit
des champs labourés, & la chaumière d’un
Colon. Nous y trouvâmes d’abord une
vie ille femme* qui appaifoit un petit en*
fant dont la mère vin t enfuite nous re.
.c e v o ir ; & un "moment après parut’un-jeti*
ne homme qui étoit leur dômeftiqUe. Un
grand baflin de lait caillé fut mis’ devant
nous , avec un gros pain b i s , fi dur que
nos couteaux foiblirent. Nous priâmes le
jeune homme de faire ufage du fien & dé
fon bras* En un inftant il fit fur la table
un monceau qui ne refifembloit pas mal ï
nn cône de bafaltes: il fallut le retenir,
car il ne fe laiFoit. point de couper. N om
ne pûmes nous empêcher de r ire , .en me.
durant par là l’appétit du jeune homme*
Cependant nous mîmes tout ce pain dans
notre la ita g e , & en un inilant le baffin
fe trouva v u id e , & rempli de nouveau.
Ce fécond baflin fini, nous voulûmes faire
com p te ; & nous le fîmes à.deflein, pour
favoir ce que notre hôteiTe nous deman*
deroit. Elle nous demanda deux Jlumeu
E t voilà encore un exemple du défintè-
reffement de l ’Homme fimple. Cette fera*
I I H I me
jne ne demandoit pas la valeur de fon
la in . Je fis cette remarque avec M r .
mojfon, qui la confirma par une foule
lexemples. Son emploi, le conduit foulent
dans des lieux écartés: i l .lo g e &
lange chez des V illa g eo is ; & le plus
luvent, il ne peut leur faire recevoir le
»yement de ce qu’ils lui d onnent, qu’en
démettant en cachette dans la main/d’un
Ifaot. Les larmes lui viennent aux yeux
llsqu’il en parle; larmes de jo je , quand
ilconfidère ainfi l’Humanité; larmes de
douleur , quand il penfe que ces bonnes
gfns font fi rarement l’objet de l’atten-
tln de ceux de qui ils dépendent. Cette
ratite Colonie avoit un four pour cuire
foc pain ; mais il étoit gâté : un grenier
pour garder fes provifions ; mais la pluie
ylénétroit. Que n’e ft-on Prince un mo-
Bnt, quand ont fait de telles vifites !
■.es Bois rendoient difficile pour nous
lephemin qui menoit àu Volkenberg, & il
itlic tard ; nous demandâmes donc au jeune
homme s’il vouloir nous accompagner//
w confentit, & alors, penfant à la fa-
¡§i| qu’avoit eu notre Batelier, homme
P|n certain â g é , nous l’engageâmes à al-
M nous attendre au bord du Rhin. I L
Y cho-
■