
de Ce càraSlère hardi ; & que d’ ailleurs il ffy
avoir en lui rien que de franc & d'agréable.
J’acquis dans cette première tournée la
connoiffance des lieu x ,- un peu de celle de
l’idiôme , mais furtout celle des caufes des
inconvëniens que nous éprouvions; & je
me promis bien d’être feul quand j ’y re*
viendrois. J’y ai été plufieurs fois dès
lo r s , & dans plufieurs autres Pays fembla-
bles. Ma première précaution étoit de
n ’en point prendre ; point d’arme, point
de défiance. Mais je n’oubliois jamais que
l ’Homme eft fie r , & veut être confidéré
dans tous les états; & que celui qui demande
des faveurs ne doit pas offenfer.
D è s que j ’étois dans le P a y s , je preqois
a r e c moi un homme du pays même, qui
e û t feulement la volonté de me conduire
où je voudrois aller; je n’entrois dans aucun
autre examen. Chemin faifant je cau-
fois avec mon gu id e ; je lui- montrois de
l’ intérêt à me conformer à fon langage,
&. bientôt il en prenoit à me l’enfeigner.
Je lui difois quel étoit. mon b u t, & lui
procurois ainii le plaifir de fentir qu’il
m’aidoit. S’il falloir entrer dans une v igne
ou un champ, je l’envoyois en demander
1 er; la permiiïion. .Souvent il m’affuroit
[qu’il n’en étoit pas betoin, & fe faifoit ma
[caution au cas que le propriétaire furvînt.
Je prenois foin d'apprendre toutes les falu-
tations en ufage dans le pays ; & j y jot
Jgnois toujours celle du g e f t e ; parceque j ai-
|me à la voir conferver entré tous les hom-
Imes. 11 m’en a coûté beaucoup de m’aC-
coutumer à l’indifférence des habitans des
grandes V ille s , & de paffer auprès d un
[Homme , comme auprès d’ une pierre.
I Par ces moyens fi fimpies, je n’ai trouve
que douceur , fecours, fupport & prévenance
dans ces Pays fi décriés, je leu?
dois' cet hommage, & je le paye de grand
coe u r , non feulement par ju f f ic e , mais
par us fentiment de plaifir que j ’éprouve,
chaque fois que je me les rappelle. L ’ Italie,
a - t -o n d it, eft un paradis habité par des.
Diables. Mais c ’eft en méconnoître les ha-,
bitans. Il eft vrai que lorsque j ’ai eu la;
confiance de mes guides , je les ai presque
toujours trouvés armés fecrètement de fti-
lets & de piftolets,' malgré les loix du
pays. Ce n’étoit pas contre m o i , ils ne
m’avoient pas craint ; mais ilsavoient craint
la rencontre de leurs ennemis, ou bien ils
ne vouloient pas perdre quelque oecafioa,
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