
qa’audeffas dé ces B o is , dus à l’Homme,
que les Sapins couvrent les Montagnes de
leur yerd brun. T e l éioit donc le Cadre
de notre douce Prairie. Je n’ai plus que
deux mots à dire pour animer ce Tableau
champêtre : on y faifoit le Foin, & c ’é-
toient des Montagnards.
A u fortir de cettte petite V a llé e il fallut
tout de bon monter les Montagnes. Ce
fu t alors que les petites fcènes.fe précipitèrent
pour ainii dire les unes les au tre s ,
pour fe difputer notre intérêt. Gn ne fe
figure point dans l’éloignement, combien
ces maiTes monotones des Montagnes font
réellement variées. Les B ois, qui paroiffent
fi continus, font tout entrecoupés de Pâturages
, de Prairies & d’un grand nombre ¿ ’Habitations.
Ici c eil une fimple Hutte de Buche-
ton ou de B e rg e r , ou un Chalet ; là c ’eil une
petite f er me, avec fes enclos pour des jardins
des vergers ou des cours rufliques; ailleurs
un Ruiffeau, qui defeend des Bois en gazouillan
t, fait mouvoir des Scies, fait tourner
un M ou lin, puis fe diiiribue en vingt rameaux
pour égayer des Prairies. l ’Industrie
fe montre partout ; & partout auffi ,
quand l’Homme fait u n , la Nature y ajoute
quatre. ,
Près
Près d ’arriver au haut des Montagnes,
nous traveriâmes des Forêts qui appartiennent
à Monfr. le Comte de fVernigerode;
& Monfr. de Reden m’ÿ fie remarquer le
pouvoir du génie & des foins. C ’e il là en
effet qu’il faut aller étudier, ce que c ’e il
que la vraie Oeconomie des Forêts des
Montagnes, & l’avantage immenfe que
pourroit encore en tirer l’Humanité, fi le
même génie & les mêmes foins s ’éten-
doient partout. Nul Arbre ne périt; car on
fait quand il convient qu’il faiîe place à un
autre; & la multitude d’ufages auxquels
on peut appliquer ces Bois, fe voit là en
même temps par tous les travaux des 1 Bûcherons.
Mais pour employer ces Bois, il faut des
H ommes ; & s’ ils font trop loin dans les
Plaines, il faut en faire naître dans les
Montagnes. Il faut donc défrichir ça & l à ,
favoir bien choifir les lieu x , former dès le
commencement des établiffemens folides,
où les Hommes fe plaifent & pullulent;
il faut auffi y faire jouir le Bétail, afin qu’à
ion tour il faffe jouir ceux qui en prennent
foin. C e il fur tout cela qu on peut prendre
d’utiles leçons dans les Terres de
Monfr, le Comte defVernigerodc,
Après