
les gens mariés , chacun dans leur mé-
n a g e ; avec des communications aifées
pour jouir entr’eux des douceurs de la fo-
cièté.
L e dedans du quarré eft employé à des
jardins. Il y en a de particuliers, marqués
par de petites paliffades, le long des faces
qu’occupent les gens mariés ; & chaque
ménage y a le fien. Mais le plus grand
•espace forme un feul Jardin, coupé d’allées
& parferoé de pavillons: c e lu i-là ferc
à la Communauté entière. Ce fut pour moi
un fpeêlacle bien intéreiTant, que de l’y
voir raflemblée hier au foir : mais c ’eft par
un fentiment plus profond que celui des
y eux ; car le luxe en eft a’sfolument banni.
Aucune paflion n’y eft excitée par la parure.
Les Confrères n’ont feefoin de gagner que
pour v iv re ; les richefîes ne les diftinguenc
point ; & l’affeélion générale, remplit chez
eux ce vuide du coeur qui fait courir
aveuglément à des affe&jons trompeufes.
T o u te la Confrairie fe raflemble en deux
moroens du jour : le matin, pour aller implorer
la bénédiéiion du Ciel fur les occupations
de la journée ; le fo ir , pour le remercier
de fes faveurs : & dans le refte du
jo u r , chacun travaille, & fu it fes affeélions
plus
plus particulières dans le commerce in-
| nocent d’une douce focièté.
J’avois dans ce Quartier-là des intro-
1 duftions qui m’en ont rendu l’accès faci-
I le, & m’ont mis à portée d’en fuivre tous
I les détails. J’y ai trouvé furtout des
I Compatriotes, qui m’ont reçu a ve c des
I témoignages d’affe&ion dont j ’ai été tou-
I ché. J’ai profité de ce moyen- pour fon-
I der leur coeur, Sc chercher ii leur calme
■ apparent y avoit fes racines. „ Je vois” ,
■ ai-je dit à l’un d’entr’eux , homme de
■ feus. „ Je vois que toute cette Société
| „ à un air impofant de férénité & d’har-
I roonie. Mais enfin vous êtes des hom-
I „ mes; Si parmi les hommes les mieux
I „ intentionnés, il naît des dégoûts , des
| „ divifions. Comment pouvez-vous en
| „ être à l’abri? — — Nous le fommes” ,
■ m a - t- il répondu, „ p a r le but même qui
I „ nous raffemble. L a R e lig ion , faite pour
( „ le bonheur des hommes, leur recom*
! „ roasde de vivre en frè re s , de s’aimer
I j, mutuellement comme Jésus-C h r ist les
I „ a aimés. Nous ne trouvons pas qu’on
l „ s’aime ainii dans le grand monde, &
I j, nous nous en féparons un p eu , pour
K » jouir plus continuellement de- ce bon-
S 3 „ heur