
L e s premières matières volcaniques que je
rencontrai à leur place , furent des boules
à couches concentriques. Dans mon premier
voyage je n’avois pu y donner qu’un coup
d’oeil ; & il m’avoit femblé que ces boules
étoient déplacées, & mêlées accidentellement
avec de la terre. Mais j ’ai reconnu
cette fois que cette prétendue te r r e ,
n’efl quç la la v e elle-même. Elle s’efl:
changée en cette fingulière forte de bafal-
tes, qui ne coniille pas feulement dans
les boules y mais dans la matière qui les environne.
Cette Lave a d’abord affeété la
forme de petits grains de différentes gros-
feurs, depuis celle de la tête d’une épingle
à celle d’une noifette. Ces grains eux - mêmes
ont enfuite affeéié des aflemblages en
boules y greffes comme des boulets ou des
bombes , dont le noyau très dur, n’eit encore
que de ces grains parfaitement réunis;
& les enveloppes , de moins en moins
dures jusqu’à l’entière défunion , toujours
compofees de grains y fe confondent
avec la maffe générale > comme les tourbillons
de Descartes dans la matière qui
les embraifô. Chacun de ces grains eft
un bafalte, ou polièdre ir régu lie r , de même
me fubilance que tous les bafaltes, c ’e ft -à -
dire de lave dure.
On retrace le cours de cette Lave dans les
Bois qui couvrent la pente de la Co llin e ,
& par lesquels je montai ; mais elle eft te llement
recouverte de terreau, que l’on n’en
découvre plus la matière propre. Ce terreau
eft tout couvert lui-même de fragmens de
lave compa&e, qui defeendent des fommi-
tés. Prêt à arriver au haut de la Montagne,
par la gauche de la Cascade, je v is
d’où partoient tous ces débris: c ’étoit
d’une Lave comme bafaltique ; c ’e il - à - d ire ,
ayant auffi peu de continuité qu’un amas
de bafaltes, fans être cependant compofée
de parties auffi régulières. Les cafliires
font presque verticales , mais je n’ai pas remarqué
qu’elles affeclaffent aucun arrangement.
.
Dès que je fus au haut de la Mon tagn e ,
je reconnus que j ’étois fur le bord d’une
immenfe Couronne volcanique. L a totalité
de la Montagne n’e il que la bafe d’un très
grand C ô n e , qui s’eft enfoncé dans lui-même;
& fes rameaux font les Laves qui en
font forties : tellement qu’il ne reite presque
plus que les Laves elles - mêmes, entremêlées
du refte de la bafe : & voilà ce qui