
pluie m’a contraint de chercher un abri
dans le Couvent de Loch fitué vers le
bord du L ac. J’ai eu refuge , mais reftu
ge feulement. L e Prieur, que j ’ai demandé
, n’entend pas le françois ; & j ’ai
tellement perdu l’habitude de parler latin
, que je n’ ai pu lui expofer mes intentions
qu’avec affez de peine. Je lui
ai donc exprimé le mieux que j’ai pu,
qu’outre le g îte pour me garantir de là
p lu ie , je venois lui demander de l’aide
pour des obfervations. 11 a cru fans doute
que j ’héfitois parceque je couvrois
quelque deflein: il m’a répondu qu’ il ne
permettoit pas des obfervations dans le
p a y s ; qu’il favoit bien qu’il y avoir des
minéraux, mais qu’il ne vouloit pas qü’on
les cherchât. t ,
Cette première impreffion a été inéfaca-
ble. Je lui ai dit qne je nîétois qu’un curieux
d’hiftoire naturelle qui voyageois pour
obferver: il m’a répliqué qu’il n’étoit pas1
cu r ieu x , & que lui & fes confrères reiloient
tranquilles dans leur montagne fans s’em*
barraffer de tout cela. „ C ’eft bien le
„ mieux fûremenc” , lui a i- je d i t ; „ au
9f moins l’Hiftoire naturelle ne vous dé-
r a n g e - t - e lle pas le cerveau. Mais'
„ 'to u t
tout le monde n’aime pas la retraite ;
il y a des Naturaliftes, & il faut qu’ils
o b fe r v e n t Cela e il bon dans les
Villes, a - t - i l repris ------ O u ï, maïs
on voit peu de chofe dans les V i lle s ,
& l ’on vo it beaucoup dans les Montagnes.
— V o i r , à la bonne heure, je
„ vous le permets de tout mon coeur;
I , , mais point d’exp é r ien ce, s’il vous plait;
I L je ne le permettrai pas” . J’ai eifayé
de lui faire comprendre, que leur L ac a-
Ivo it été autrefois un volcan ; que je vou-
ilois examiner les matières qui l’environ-
noient ,* que pour cela il faudroit bien
■quelquefois creufer & rompre des pierres.
■Tout cela lui a été fufpeél, & lapremiê-
lie impreffion s’e il renouvellée. ,, Il n’y
«„ a point eu de Volcan ic i” , m’a - t il
■dit, „ c ’eifc tout de pierre commune *
„ Commune, o u i, mais feulement dans
i , votre pays & d’autres pareils” . Il n?a
Ipas voulu entrer en éelairciiTement ; &
■comme, pour me r e c e v o ir , il avoit celle
de lire fon Bréviaire, il ni’a dit polimenti
Iqu’il étoit obligé de fe re tire r ;, m’invi-
-ftant à me rafraîchir, & m’ofFrant à» diner
■pour le lendemain: mais en me réitérant
qu’il ;ne. meperraettoit que de; voir. Après,
quoi