
tourna vers le N o rd , nons trouvâmes des
Bois & des taillis, par lefquels nous des>
cendîmeslongtems avant que de remonter au
côté oppofé. Dans l’intervalle des deux
Montagnes , un ruifleau paifible couloit
fur les bofaltes. Rien n’eft rongé autour
de fon l i t , quoique ce foit l’un des grands
écoulemens des eaux de la Montagne dans
les pluies & la fonte des neiges. Les talus
des deux cô tés, quoique de débris de f chistes
> font affis pour toujours, & recouverts
par la végétation.
Craignant d’avoir à traverfer plufieurs de
ces profondes coupures fi nous perfiftions
à aller en ligne d r o ite , nous remontâmes
vers le haut de la Montagne,* & arrivés au
haut d’une fom m ité , nous vîmes à fon rev
e r sé e plus charmant des v a llo n s , couvert
de magnifiques prairies & d’une multitude
d e bocages qui fembloient plantés exprès
pour embellir le lieu. „ H é ! voilà les
„ ch am p s Elifées ! ” s’écria Mr. Trqflbn. Jamais
expreffion ne fut plus propre. Ce
lieu étoit d é lic ieu x , & le Tartare n’étoic
pas loin.
L a croupe fui vante étoit d’une toute autre
nature que celle que nous venions de
traverfer ; & nous eûmes lieu de la bien
connoître ; car tout à coup nous fûmes arrêtés
par une coupure de 50 pieds de
profondeur, faite pour un chemin. Or
cette coupure montroit des deux côtés le
Jihlfis dans fa place naturelle. Voilà donc
;jes Péruviens des Montagnes, q u i-o n t ré-
jfifté aux invaiïons. Cette coupure nous
fit perdre l’avance que nous comptions
lavoir prife en hauteur ;,il fallut redefeendre
¡beaucoup , avant de trouver un lieu où el-
[]c fût praticable. Heureufement nous en
fûmes bien dédommagés par les beautés du
chemin. De l’autre côté de la croupe,
nous entrâmes dans un Vallon fauvage.
[(J’appelle ainfi ces lieux où la Nature feule
a travaillé; où l’on le lent dans fes mains,
|& comme à mille lieues des inventions
Ide l’Homme.) „ Il devroit y avoir ic i
L du F au v e , “ dit Mr. TroJJbn-y” ce lieu eifc
„ un Paradis pour des animaux ” . Bien
d’autres l’auroient appelle un repaire de
bêtes féroces ; mais Mr. TroJJon fait fentir
pour tous les 'Etres fenfibles. Quand je
n’aurois pas retiré de très grands avantages
d’avoir eu dans ces courfes un interprète
é c la iré , je n’oublierois jamais les
plaifirs de fympathie dont Mr. TroJJen
m’a faft jbtiir. J- efpère- qu’il en a eu lai