
H I S T O I R E IX. Par tie,
produites originairement par quelque fata»
lité , & négligées parles Cond«€teurs, font
des germes toujours nouveaux de nouvelles
d iscord e s, & altèrent tellement le Caraflè-
re national, que les liens même du fang I
iie font pluà refpeélés, & que toutes les I
pallions y font effrénées. Maigre cela le I
fond de l’Humanité ne s’y éteint point. „ Il I
„ faut nous armer” : (mè dit la perfonnequi I
eut la bonté de m’introduire dans ces con-1
t r é e s , aoffi intéreflanteS pour l’H^iloire na-1
turelle que pour celle de l’Homme ) „ ces [
, , gens* là font des Démons incarnés, qui I
„ fe tuent entre frè re s , de q ü i, fi la re-1
„ cherche des fofliles conduit dans quel« I
, j que poifeflion, on nè peut f ÿ faire re» I
„ fpeêler que le piftolet à la main” . Et I
là-defTus il mè raconta diVerfes catastro-1
phes qu’il avoit efTuyées. ,, Armons-nous I
, , d on c ,” d is - je , en branlant la tête ; I
„ mais il me femble qu’en indemnifant I
„ ceux à qui l’on fait quelque dommage,
cela leur doit être indifférent. — Sans I
„ dou» I
¿te respcmfablë. Après cela il né faut pas oublier, qu’il I
y a des Monftres dans tous les genres ; & qu’ ils ne I
pouvoient pas fans doute être évités, fans de plu;
grands inconvéniens ou de inoindres biens.
I L ettre LXXXVII. Dt u T E R R E . <Sg
I doute, s’ils le vouloient raisonnablement ;
mais pour un fo l, ils prétendent un é c u ,
ï 3 — P eu t-ê tre parcequ’ils font offenfès.
h , Mais enfin armons-nous” .
I Nous fîmes enfemble une aifez grande
¡tournée dans le Piémont, & nous éprouvâmes
en effet des obflacles & des défa-
fgrémens ; fouvent même la fa im , tant
[mous que nos chevaux ; parcequ’il auroit
[fallu fe procurer des fubfiftances à main
[armée. Mais c’étoit Borée qui vouloit enfle
ve r le manteau du voyageur. Mon com-
p a gn on , honnête & aimable homme, qui
s’étoit fait même des amis chauds dans le
p a y s , y étoit d’abord arrivé avec des préventions
contre le caractère national. Il
I «voit voulu fe faire craindre, parce qu’il
é to it courageux. On ne l’avoit pas craint*
parce que ces gens font courageux auflï.
[ il avoir eu des prifes fort vives ; & plus
[il alloit en avant dans cette carrière, plus
il avoit de fujets réels de crainte. Je cherchai
à le lui faire comprendre ; mais il
[ avoit le coeur u lc é ré , & il ne vouloit plus
rien qu’à la pointe de l’épée ; trouvant
| d’ailleurs de tetns en tems de quoi fe dé-
[ dommager, chez des gens qui avoient pris
! wue grande a ffiftion pour lui , àcaufemême
de