
nent leur bétail renfermé dans les étables,.
afin de conferver fa litiere, qu’üs mêlent
à la croûte de la Bruyère, & même à
du fable argilleux que la Bruyère leur fournit
aufil. Ils ÎaiiTent ce mélange en tas
pendant quelque tems, pour que le fable
fe pénètre des fubflances végétales ; après
quoi ils le répandent fur leurs champs. Cet
tifage me paroît plus (économique pour chaque
parriculier, que d’envoyer le bétail fur
les Communes, qù les pluies lavent & entraînent
au loin une partie de l ’engrais. C ’eft
une confidération que ne font peut • être pas
a lle z , Ceux q u i, par une oeconomie plus
prochaine, IaiiTent toujours leur bétail en
plein air. E t quant à fa nourriture, ceux
qui ménagent bien l ’engrais, la trouvent
toujours en plus grande abondance. Car
ils créent par là des prairies , foit naturelle
s , dans les lieux un peu bas ou ombragés,
lo it artificielles partout.
5 Je commence à éprouver l’effet de la fim-
p lic ité des Colons, dans l’honnêteté des ma-'
pières & Je peu d’ardeur pour le gain. J'ai
très bien dîné à 'Poppol, de même que mon
poftiljop, & je n ai payé que cinq fois 8c
demi de Hollande, qui font environ douzé
[fols de france ou fix pence. Je demande
[pardon à V. M. de l’entretenir de ces ba-
[gatelles ; mais elles, me femblent caraélé-
jristiques.
Réprouve d ’ailleurs mille prévenances,
très douces fans être incommodes ;, & je
[remarque même que j ’en dois une partie à
[mon ignorance de la langue du pays. C ’eft
|là une obfervation que j ’ai faite depuis
[longtems, & qui peint bien l’Humanité,
f L ’homme qui a de la peine à fe faire en-
tendre, bien loin de rébuter, intéreffe.
Çet homme n’eft pas pour ceux à qui il
s’adreiîe, dans ce train ordinaire de choi
e s , où l’habitude & l’intérêt particulier
ont affoibli le fentipient; il eft pour ainfi
dire l’Homme abilrait ;, & l’Humanité agit
à fon égard par fa pente naturelle.
J’ai toujours eu du penchant à compter
fur cette difpofition naturelle de l’Homr
me ; & jamais Je ne me fuis repenti de
lui avoir cédé. Je ne parle pas ici des
V ille s , l’objet y eft trop compliqué, quoiqu’on
l’y retrace: je ne parle que des gens
de la campagne, 8 c de ceux qu’on nomme
desfauvages , des Hommes féroces. Comme
j ’ai beaucoup couru hors des grandes
routes, je me fuis trouvé dans des poii-
D 5 V tioHS