
ftvoit marché au bas des Bois\ dans le même
fens que moi fur la Montagne, & je la
trouvai feule avec fes Moutons & fon Chien.
L e bon gardien vint à moi en jappants
mais elle le rappella. Je l ’abordai avec un
air de connoiflance, auquel elle répondit
gracieufement : notre première rencontre
a vo it mis entre nous quelque chofe de plus
que les (impies rapports naturels entre les
hommes. Elle me vit un marteau & des
pierres à la main, & elle me demanda à
quoi cela étoit bon', je voulus lui faire corn-
prendre, avec mon comique Allemand, que
cela étoit bon pour des gens qui ne fa-
voient plus fe contenter comme e lle , de
jouir d’elle-même au fein de la Nature:
mais elle n’y comprit rien; & dans ce
moment, ayant apperçu que fes Moutons
entroienc dans le B o is , elle me fouhaita te
bon jo u r , & courut pour les détourner. . .
Lovera f i , ma contenta l
Continuant à defcendre vers Zierenberg,
j ’apperçus fur la pente un de ces petits C ô nes
dont toutes les bafes des grands V o lcans
de ce Paya-ci font garnies comme de
rejettons. C e C ô n e a’élevoit de 70 à 80
pieds au deifus des couches de pierre à
chaux, dont il étoit environné de toute
part.;
Tviiflf
part. Je le trouvai compofé de cen-
dres volcaniques durcies ; & je remarquai
qu’il en partoit une côte en re lie f, diijr
gée vers Zierenberg, qui marquoit certainement
une Lave: Mais elle étoit enfé-
velie fous les couches calcaires : je ne vis
dans l’épais terreau qui la couvroic que la
même pierre à chaux qui compofoit tous les
champs.
A rrivé à la petite V ille ,q u e je revoyois
avec plaiiir, je trouvai bientôt le dépofî-
taire de mon Cheval. Mon aventure étoit
déjà connue d e tout fon quartier; plufieurs
femmes me regardoient paifer avec un air
d’intelligence, & fur ce que je m’arrêtai
pour demander à quelqu’ une d’entre elles la
demeure de Philippe Ute, elles me la montrèrent
avant que j ’euife prononcée fon
nom. J’y trouvai mon bon homme, fa
femme & plufieurs enfans, & mon Cheval
qui fe régaloit d’herbe fra îch e, avec ceux
qui venoient de labourer. A vant que de partir,
je voulus me donner le plaiiir de faire le
tour de. cette V ille Champêtre; je n’en
craignais, ni le payé raboteux & boueux,
ni les engrais qui bordoient les maiions ; je
favois que c ’é to it- là ce [qui faifoit profpé-
Ter la Campagne, & qui afluroit le bonheur
des
! I Efëül
H f-i*.: