
du coeur de l’Homme à reflerrer les lienj
de la bienveillance.
L a conformité dans la manière de pen.
fer , eft l’une des plus fortes caufes de rap.
prochement chez les hommes; & l’énergie
dans l’attachement à fes principes, qui
naît de la chaleur de l’arae, eft presque
toujours compagne d’un v i f penchant i
s’attacher à ceux qu’on regarde comme
fes Frères d’-une manière plus intime. Tel
m’a paru , dans un fens plus g én é ra l, le
fondement de \'efprit de parti, chez ceux
qui s’y livrent de bonne foi. J’y ai vu
plus de réelle jouiflance fo c ia le , malgid
les inconvéniens qui en réfultent, que je
n’en faurois imaginer dans aucune grande
fo c ié té , qui ne fe diviferoit point,
& où les hommes n’auroient qae les motifs
généraux de s’aimer. L ’amour de fes fem-
b lab le s , qui, par le doux fentiraent qu’il
pro cu re, devroit être le premier moteur
des facrifices que nous devons au bonheur
des autres, s’éteint dans la grande Société.
L e coeur de l’Homme n’eft pas encore capable
de tant d’amour. L ’a&ivité defon
efprit & de fon corps n’eft pas fuffifante J
pour embraifer tous les rapports des Etres
qui
lu i l’environnent, ni pour fe farailiariler
avec eux : & cependant il ne peut fe livrer
au plaifir de l’attachement, que lorsqu'il
a pris de la confiance. F
I Si l’on veut donc que les hommes s’ aillen
t; if ne faut pas les mettre en tas :
¿nais au contraire les partager autant qu’ il
eft poftible en petites fo c iè té s , ou petits
¡Corps. T e lle bataille n’a été g a gn é e , que
parce que nombre de foldacs, ont fait pour
ljhonneur de leur R é g im en t, ce qu’ils
8’euflent peut - être pas fait pour celui de
leur Nation. Ce n éft pas fans doute le
¿lus noble des motifs: mais lequel vaut
le mieux ; que le bien ne fe fafTe pas ; ou
|u’il fe fafTe par des motifs d ’une excellence
fécondaire? Je n’ai pas été féduit
èar les grands mots de la fociété des Francs-
■liaçons, je n’ai pas même été fâché qu’elle
éprouvât quelquefois des repouflemens
qui la continfifent dans de juftes bornes ;
fiais je n’en fuis pas moins convaincu, qu’elle
a fait beaucoup de ce bien dont je parle
ici. L ’Homme, tel qu’il eft à la furfa-
|e de ce G lo b e , où il rempe , eft encore
fans l’enfance ; & ce n’eft que dans une
autre période de fon exiftence, qu’il atteint
a â g e viril, celui où l ’on peut embraifer
de