
règne autour de lui : c ’eft ce que j ’ ai vu
partout. L a Religion em p ê ch e -t-e lle d’al.
1er avec gaîté à l’ouvrage ? C ’eit elle au
contraire qui y répand le plus de féré-
nité.
Je fuis paifé dans la cour de ce Caba.
r e t , q u in ’e fl qu’une des roaifons ruftiqùes
du Cloître. Elle eft v e rd o yan te , remplie
de vo la ille ; & l’h e rb e , qu’on ne fonge pas
à y arracher, amuféle bétail quand il re l
vient ou eft prêt à partir. J’ai vu à cette
occaïion une des reiTources de ces pays
fans eau , pour fe procurer du fourage
quand on fait ménager l ’engrais. C'eft de
l’avoine fermée fort épaifle, qui donne une
prodigïeufe quantité d’herbe fort haute ,
& dont on fauche chaque jour en verd pour
le bétail. On en fait de même de quelques I
efpaces de trèfle. Tellement qu’avec très!
peu de te r re io , on nourrit le bétail, fans!
qu il s ecarte de la maifon, ôc parconfé*!
quent fans perdre le principal avantage I
qu’on en attend pour la bonification des terres. I
Ainfi s’a c c ro ît, par des degrés très rapides,!
& la fe r tilifa d o n , & le bétail qui fe r tilife ,|
quand l ’occonomie rurale du Colon eft di-|
rigé e & maintenue par une bonne ibA
gl€. ;
* m
J'étois occupé à réfléchir fur tout cet
ienfemble, & à écrire mes réflexions ,
lorsque j'ai vu entrer dans ma chambre
■des hommes haraifés & les paupières tom-
pbantes de fommeil, qui venoient y prendre
¡ du repos. Les ayant entendu parler fran-
i ç o i s , je leur ai demandé pourquoi ils fe
■eouchoient fl tard. „ C ’e f t , m’ont- ils d i t ,
I , , parceque nous avons marché toute la
■„ nuk E t pourquoi toute la nuit? -—
l „ A caufe des voleurs.’^ Des voleurs! J’a i
■frémi à ce mot. Des voleurs dans les Bruyè-
wres! Mais ils m’ont rafluré par quelques
■autres mots, qui ont précédé depeu lefom-
Imeil le plus profond. Ces voleurs qu’ils
Idéfignoient, étoient des Gardes; & ils les
ic ra ig a o ien t, parcequ’ils transportoient des
Idenrées. Triftes prohibitions! F a u t - il
■que les 'hommes fe refufent aufli la fubfî-
■ftanceles uns aux autres ? Mais on élude
■toujours ces thauvaifes loix. Chi fece la
■Flg*» f ece ftngannot difent les Italiens ;
§ & cela eft très vrai; quand les L o ix , au-
■lieu de diriger fagement la pente naturelle
■des ‘dhofes, pour les y contenir régulière,
im e n t , s’ingèrent à la contrarier. Il eft fort
■malheureux qu’on faffe naître par là îingan-
wîc. Car dès qu’il s’eft une fois introduit,
F a n