contenté de jetter les yeux fur la Colline &
fur les Montagnes, & d’interroger quel-
ques paffans; je n’aurois point fans doute
trouvé de vrais Cônes : mais dans la con-
fuiion des afpe&s & des informations»
j ’aurois tenu encore à mes idées, & j’au-
rois placé les refies d’un C ô u e , à la Hobe-
marte , ou à Feîdberg. C’e fl ainii qu'en
quittant les objets trop tô t , on emporte
fouvent avec foi les reffources de fon imagination
pour les arranger à un fyilême,
plutôt que les données de la Nature qui le
contredirent. Il faut donc fufpendre quelque
tems de voir les objets ; pour que
les premières împrefiions, mêlées de nos
folutions précipitées, s’effacent & ne nous
offusquent plu s; pour que nous ayonsi
pour ainfl dire, pardonné à la Nature fes
objeôUons & reconnu de bonne grâce
font droit de nous ea faire; pour que nous
revenions à e lle , nonfeulement fournis,
mais contèns de ne voir que ce qui efl;
contens même fans explication, fi ce qu’el--
le nous montre efl encore inexplicable. Or
tout cela demande du tem?. On n’arrive
pas bien v î t e , à reçonnoître que l’on ne
fait pas,.
Puis-
Puisque j ’ai commencé à raifonner fur
les obfervations, j ’ajouterai à ces réflexions
générales, qui tiennent a tous les genres »
une remarque particulière qui appartient a
l’Hifloire naturelle.
Quelque tems qu’un Voyageur confacre
à fes obfervations, il ne peut pas tout voir
par lui-même; & fi pour recueillir davantage
il fe contente de voir par les yeux
d’autrui, il voit fpuvent très mal, & toujours
très imparfaitement pour peu qu il
foit fyflêmatique dans fes recherches.
Il faut donc commencer par voir foi-
même, fans aucun guide, à mpius q u on
n’en a it befoin pour trouver les, lieux.
Obferver d’abord , puis revenir » jusqu’à ce
que l ’on ait rempli les conditions qu’une
bonne obfervation e x ig e , & qu’on ne
trouve plus rien à voir feul. C e fl 1 unique
moyen de ne pas tomber dans les orniè-
| res creufées par l’habitude, & qui fouvent
détournent de la vérité. Mais on peut
avoir pris foi-même un mauvais chemin ,
manqué quelque objet effentiel, ou mal vu
certaines choies auxquelles le moment don-
noit de fauffes couleurs. Il faut donc, après
avoir fait fon ébauche, confulter les gens
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