
tilhomme du p a y s , paflionnément amou.
reux d’une Religieufe renfermée dans un
Couvent que cette hauteur domine, avoit
fa it bâtir cette petite maifon , pour y venir
jou ir du tourment de Voir fa maitreffe fe
promener dans les jardins. Quel daage-
reux voifinage que kC ra te r , pour un tel
Obfervateur !
L es Collines voifines ne refiemblent à
celle - là , ni par leur figure ni par leur ma,
tière. Elles font étendues, leurs croupes
font arondies, & j ’ai pu voir dans leurs rentie
r s , malgré la diitance, un fable rouge
g ra ve leu x, tel que j en ai vu dans d’autres
Collines le long du chemin.
L ’objet des Volcans n’a pas été le feul
qui aît attiré mon attention au haut de
cette éminence. L e R h in , qui pafle à fon
p ie d , y forme deux Ifles très cultivées &
ombragées; dans l ’une desquelles e il le
Couvent donc j ’ai parlé. V is - à - v i s , à
une grande diitance de part & l’autre, s’élève
la chaîne des montagnes qui jjordent la
rive droite du Fleuve ; & l’on perce fort
avant dans lés magnifiques dé filé s, d’où il
vient & ou il s échappe. Embraflant àinii
uije grande étendue de ces Montagnes,
dont les pentes inférieures font garnies de
vignobles, j ’ai eu occafidn de remarquer,
que les accidens des Montagnes fe reflem-
blent partout, & qu’ ils tendent à en afiurer
la confervation. Les croupes de c e lle s - là ,
fans prefque aucune exception, font couvertes
de pâturages & de bois. Comment
donc pourroient- elles être détruites? Les
pentes inférieures font formées de ces talus
ponfervateurs, q u i, s’ils étoient laiffés aux
Ifoinsde la N a tu re , fe recouvriroient auffi
Id’herbes ou de broflailles. L à ils font fous
¡la direélion de l’Homme; c ’e il lui qui prend
¡foin de les conferver, & fon travail leur
¡donné un afpeèl de ruines. Mais fi l ’on
¡ne remontoit pas le moellon de bas en
haut, à mefure qu’on le tire de haut en bas
par la culture, les pentes feroient moins
fro id e s , les pierres n’y rouleroient plus, ôc
la végétation s’en empareroit.
Ce travail de la Nature dans les Montagnes,
eft une nouvelle preuve d’une des
propofitiôns fondamentales auxquelles je
compare toutes mes obfervations ; fa vo ir,
que l’état a&uel de la furfaee de la Terre n’tfl
pas fort ancien. Car là , on vo it des pro-
| grès, & des progrès même très rapides. Il
eft indubitable que toutes les croupes dès
montagnes s’arondiffent ; & il ne l’eft pas
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