
En montant un peu obliquement fur notre
droite , pour diminuer la roideur de la
p en te , nous fortîmes des b o is / & arr-ivâ.
mes dans des champs cultivés. Nous montâmes
aifément pendant quelque tems de
terrafle en terrafle ; mais en aprochant du
fommet nous eûmes beaucoup de peine. ][
étoit couvert d’une broflaille de hêtre;
bois q n i, lorsqu’il buiiTonne , entrelaffe
extrêmement fes branches. Efpérant toujours
de trouver des endroits moins touffus,
nous nous engageâmes infenfibleroent dans
de vrais file ts , où nous ne pouvions presque
plus avancer ni reculer. Après un moment
de délibération , pendant lequel mes
forces revinrent, le defir de refpirer un air
pur au fommet de la montagne m’encourag
e a , je perçai la broflaille, mon guide me
fuivit, & nous atteignîmes le fommet. Arrivé
l à , je ne. fongeai plus a la fatigue <5i
je cherchai un crater.
Je n’avois pas f a i t encore beaucoup de
chemin dans les bois qui couvrent la pente
oppofée, lorsque j ’eus un fpe&acle très
frappant. Quel cahos ! Il e ïl d iffic ile de
fe le figurer. Seelsbvfcb eft encoreun de ces
Cônes abattus d’un c ô té ; & la pente intér
i e u r e forme un demi entonnoir, qui n’cft
H j que
que décombres de lave, culbutés les uns
fur les autres dans tout l’espace qui je pou-
yois appercevoir entre les arbres. L e haut
de cette courenne , que je fuivis quelques
momens, n’étoit que de gros blocs de lave
compa&e, recouverts de moufle & garnis
de huilions..
En parcourant ces tas de laves, j ’eus le
[bonheur de trouver un fentier qui traver-
[foit la broffiaille; ce qui me promit une
descente plus facile que la montée, &
m’engagea à jouir d’un peu de repos, &
[de l’air pur qu’on refpiroit fur cette hauteur.
J’appellai alors mon guide, & je l’invitai
[à jouir comme moi. Il profita de ce moment
de re lâ ch e , pour entamer une fin-,
[gulière verfation.
„ Moniteur, me d i t - i l , e i l il vrai qu’il
|„ vient des troupes Françoifes du côté de
L Lille, comme on le dit chez nous ? ____
1, Je n’en fais r ien, lui répondis j e , mais
L je ne le crois pas. — Oh ! Moniteur
L le, fait bien mieux que per forme ! -
L Moi! je hais tant la guerre, que ne
[» pouvant rien pour l’empêcher, je tâche
L au moins de n’en rien favoir. -------- Sû-
|„ rement', Moniteur, la guerre eft une
a niauvaife choie ; & c ’éft pour cela qu’on
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