
H I S T O I R E IX. Pa r t ie .
une malheureufe p en te , dont il faudroit
tâcher do le tirer. On ne le fait pas; car
on ne fait que punir,* & pour le punir
plus aifèment, on le corrompt toujours davantage
, en accordant le pardon aux délateurs.
Quel objet .pour des Miniftres humains
& fages ! Combien de fervices plus
brillans rendus à la P a tr ie , feroient moins
beaux que celui de tirer ces Peuples de
ce malheureux train !
Je reviens à mon texte. L'Homme ejl
naturellement bon; & celui qui compte pleinement
là -d e flu s , a raifon vingt fois pour
u n e , contre celui qui s’en défie; pourvu
qu’il foit juite & tolérant. Ce n’eft pas
dans ce qu’on nomme vulgairement la
cruauté, que fe trouve la plus g^ n d e dépravation
de YHomme; c’e il dans la filouterie
de tout genre. J’irois plutôt me mêler
avec les Anthropophages , qu’avec certaines
honnêtes gens.
Ic i je ne fuis ni chez les uns ni chez les
autres; je fuis chez mes bons Colons; & je
m’y fens ii fort à mon aife, fans les entendre
ni en être entendu, que mon ame
remplie de contentement ne cherche qu’à
1 exprimer. L e iommeil m’a pris peu de
tems ; & dès le grand matin j ’ai commen,
I cé
l 'c é d’écrire Car un autre ob je t, qui tient
^■ e n c o r e à l’Humanité, m’occupe ic i. Il
■ faut être infpiré par le lieu, pour ofer y
■ toucher dans le tems où nous fommes ;
■ mais j ’éspère que le lieu me juilifiera.
De Poppol je paflai hier à Hooge Mierden,
■ pour arriver ic i; & dans la plus grande
■ partie du trajet, je ne pouvois me figurer
■ que je fuife au milieu de l’Europe; tant
■ le pays e il nud & défert. On n’y vo it au-
B cûn objet qui foit relevé d’un pied fur le
■ terrein, excepté des bouleaux plantés le
■ long de quelques routes, qui montrent par
■ leurs progrès , qu’on pourroit au moins
Ü B transformer ces plaines en broifailles ou
■ bois de bouleaux; ce qui en avanceroit
I beaucoup la fertilifation. Et fur ce point I on n’fett pas réduit aux conjectures, l’exem. I pie eil: frappant dans ces environs.
En approchant de ce qu’omm’avoit nom-
■ mé fimplement Poflel, fans autre explication,
& où je devois trouver un g îte , je remarquai
de magnifiques plantations de chênes,
& une culture très foignée & très fructifiante.
Sur ces indices je m’attendois à trouver
un Bourg entre ces arbres ; „ c a r ,” me
difois-je à moi même, ,, il a fallu bien
n de* bras pour produire tout cela” .
E 3 J’a