
La paix règne à Neu - wied ; c ’ eft - à . dire
dans un lieu où il y a plus de Se&es rap.
p ro ch é e s , que nulle part : & elle y règne,
comme elle pourra régner partout, dès
qu’on ceiTera de dire, abandonnez la Reli.
gion, f i vous voulez vous aimer : lorsque tous
les Philofophes diront au contfaire ; Ecoutez
la Religion , & vous vous aimerez ; parce
qu elle vous l'ordonne, & parce que vous aurez
au - dedans de vous un principe de bonheur, qui
vous délivrera de la tentation & du bejoin d'en-,
piètcr fur celui des autres.
Sachant que la Confrairie des Moravcs
profefloit particulièrement la bienveillance
unive rfelle , ainfi que l’amour fraternel, je
m ’étois fait une fête de voir un de fes éta-
feliflemens ; & c’eft ce qui m’a principalement
amené à Neu - wied. Je favois par pltiileurs
rap p o r ts, que partout où cette Société s’eft
réunie en c o rp s , , elle y a porté l’exemple
•■y ce
5, fous fon manteau : prêchez l’amour mutuel qu’elle
,» demande: prêchezfurtout, en fon nom, la modeffie
», Sç la défiance de foi - même : & la perfécution ces.
>j icra» Gardez-vous furtout d’imaginer, qu’-en écsr-
„ tant ces moyens, à caufe des abus, vous pourrez
» en -fubfiituer de moins dangéreux, & de plus puis-
,, lâns fur l’ efprit & le coeur des hommes. Voilà vo«
■> tre tâche, Philosophes , fi vous voulez être aj?<
pellés les amis ds l'Humanité”»
de l’induftrie, des moeurs, de la fimplici-
t é , de l’amour de la p a ix , de l’union fraternelle
q ui devroit régner en tre les Hommes;
&jevoulois examiner comment cela s’opéroît.
Cette Confrairie habite un quartier particulier
, fitué à l’un des angles de la V i l le:
e’eft un grand quarré, formé par divers
bâtimens réunis ; & qui dans ce tte
fituation a deux de fes faces fur la campagne;
dont l’une eft l’habitation des hommes
non mariés, & l’autre celle des femmes
non mariées. Chacune de ces faces du
bâtiment eft une efpèce de C lo ître , ou
l’on vit dans une communauté très bien
imaginée. Ï1 y a Dortoir & Réfe&oire #
comme dans les Couvents ; mais non communauté
de biens. Un Oeconome fait la dé-
penfe commune, à laquelle les Frères ou
Soeurs contribuent fur un pied réglé. \ Mais
chaque individu a fon appartement féparé,
où il s’occupe fuivant fon talent. Par là on
vit à très bon marché, en jouiiTantde tous les
avantages que la focièté procure. C ’eft là un
régime qui a bien du rapport avec celui dont
jefaifois l’é lo g e , en écrivant àV . M . àtPoflel
(a). Les deux autres faces du quarré font d ivifées
en plus grands appartemens, où vivent
S % les
(a) Page y j. de ce Volume.