
J’avois à peu près réfolu d’y borner
ma courfe; & je me faifois une fête de me
répofer fur le haut de dette Mon tagn e ,
quelque matière que j ’y trouvalTe. Mais
arrivé là je reconnus q’uc je n’étois pas au
plus haut des Montagnes du voifinage. A
quelque diilance fur la même croupe, j ’en
’voyois Une autre qui avoit encore plus la
forme de pain de fucre, qui paroiffoit plus
£élevé e , & qui ëtoit environnée d ’autres
-Sommités de même forme. Je n’avois donc
'pas été jusqu’au bout de la vérification, r&
je renonçai aü repos pour la complettèr
dans le fe lle de la journée. Ainfi je descendis
âtliüjïenberg- v.ers des Champs qu’ûn
labouroit, & où j ’espérois de recevoir de
nouveaux'avis.
Je n’eus point dé regret à mon iacri-
fice ; ces Champs me procurèrent plus de
pla ifir, que n’aüroit pu faire le repos. L e
Laboureur étoit un grand & béau 'jeune
h o m m e , ^ui menoit deux chevaux à 4a
ch a ru e : ’ une jeune fem m e , jolie & bién
! f a i t e , ’ répandait l’engrais fur le champ ;
un petit garçon de deùx ans courdit à
'la fuite de l a 'ch'afüe5 ën badinant avec
fon père ; & l’on voÿdit au ' bout du
Ch am p , ceux^ des habits de la famille
qui auroient pu les embarrafler dans le
[travail, le panier dans lequel ils avoient
apporté leurs v iv re s , & une cruche qui
Lcontenoit leur boiifon. Je confidérois
^avec un doux contentement ce jeune cou-
tole, pour qui la Nature étoit fi bienfaisante
parce qu’il ne s’attendoit qu’à elle,
es aimables jeunes gens étoient-Jà cornue
dans fon fein : elle fe laiiToït follici-
1er de leur fournir la nourriture, comme
jine Mère autour de qui fes petits s ’agitent
pour fucer fon lait. C’eft en plein
i i r qu’elle les allaite ; elle leur fait prendre
un exercice falutaire en les nourris-
iant, A la fin du jour i k trouveront
lufii le repos dans le fein de cette bonne
fylère; repos dont elle-même écartera les
langers & les foucis. L e matin, avec
¡¡Aurore, elle remettra fur pied toute la
famille, pour éprouver encore le fenti-
®ent de cette douce e x iilen c e , où e lle
I te mêle point ces plaifirs trop vifs qui
tjainent à leur fuite le dégoût.
■Je ne me laflbis pas de jouir de cette
douce r ê v e r iem a i s les bonnes gens ie
■Tèrent de me contempler : .ils avoient à
faire, & vouîoient favoir cependant ce
qui m’arrêtoit-là. L ’homme d on c , com-
'Tonit I V L 1 me