
L a première conféquence que je tire de
cette remarque, eft qu’il me femble que
lorsqu’il s’agit de l’établiiTement d’une nouvelle
C o lon ie , l’Etat devroit faire travailler
d’abord les Colons en commun â fur-
monter les premières difficultés, fous un
C h e f , & d’après un plan dont l’expérience
auroit démontré la bonté. Par ce moyen »
les grands travaux du défrichement feroient
bien fa its , les plantations bien diftribuées,
les refervoirs des eaux bien é ta b lis , leurs
conduites adaptées aux ufages généraux;
& ce ne feroit qu’après avoir je tté ces premiers
fondemens, que l’on abandonneroit
aux foins de chacun fa portion de terre.
Cependant, malgré ces foins, j ’ai peine à
croire qu’aucune Colonie purffe atteindre le
degré de prospérité d’un Couvent. Il arriv
e fréquemment que les fo c ié té s , ou les
afiociations moins nombreufes, ne font pas
tout ce qu’elles pourroient faire; non par
manque de pouvoir en e lle s-m êm e s, ni
faute de bonnes rè g le s ; mais parceque les
règles font négligées. Pour que le bien
commun attendu fe fafTe, il faut que chaque
individu en exécute régulièrement fa
portion. O r l’expérience prouve partout,
que les Sociétés pureraeht c iv ile s , fe négligent
à cet égard ; & que les négligences
apperçues, ne prodqifent que des inquiétud
es, des agitations, des changemens perpétuels
dejplans. Ce font des inconvéniens
inévitables; & la très grande majorité de
la Société ne peut aller que de ce train.
Mais il s’efi. formé une autre espèce de
fociété, où tous les intérêts font plus réellement
réduits à un intérêt çommun, & où
les règles font mieux obfervées : ce font
les fociétés religieufes. Il feroit aifé de ^
développer les caufes de cette exactitude
fur les régies , qui caraCtèrifent ces fociétés.
Mais comme cette exactitude eit un
f a i t , c ’en eft allez pour ce que je veux dire.
il e il refulté de là , que ces fociétés
ont plus prospéré qu’aucune au tre , dans
tout les établiifemens qu’elles ont entrepris.
Je mets à part les effets de l’intrigue
, & de la fuperflition ; moyens auiîi
fâcheux , qu'inutiles au plan que j ’ai en vue ;
& je ne m’arrête qu’ à ce qui diilingue avan-
tageufement ces Communautés âmes yeu x ,
& qui fuffit pour leur affurer des fuccès que
je trouve defirahles. Cette diflinCtion e il
la Règle. Sans e lle , les plus grandes res-
fources font inefficaces; leurs effets s’éparpillent
, deviennent divergens : par e lle ,
au 1