
fauvage, y e il vraiment augufte; l ’Hu-
Inanité y eft fière & douce; fière , dis • j e ;
car la fierté e il toujours compagne de la
yraie douceur. Celle - c i , fans doute n’ç il
jamais vaine ni arrogante ; mais plus elle
trouve de plaifir à s’exercer envers l’Homm
e , moins elle laiffe oublier qu’on e il
Homme. Il me femble lire tout cela dans
la contenance des gens du Hartz.
Je n’entrai pas dans les Mines de fbmb
£5? argent ; parce que j ’avois trop peu de
tem s , & que je deiirois principalement
de voir la Mine de Fer. Nous continuâmes
donc notre route jusqu’au fond d’une petite
V a llé e où fe trouve cette Mine, nommée
St. Michel. Il fembloit qu’à meiure que
nous approchions de la fource de ce métal
vraiment p ré c ieu x , la Nature s’embel-
lît de plus en plus. Nous traverfâmes à
gué une petite R iv iè re , dont tout le pouvoir
de ilruâ eur e fl réduit à polir les blocs
de Granit fur lesquels elle coule. Elle e il
trop baffe à l ’ordinaire pour couvrir tous
ceux qui fe trouvent dans fon li t ; & la
végétation en profite pour les tapifler de
mouife. T outes ces petites Ifles verdoyantes
, dont les jailliflèmens de la Rivière
entretiennent la fra îch eu r , font des p reu ves
ves non équivoques que les eaux ne dégra-„
dent plus ces Montagnes. Le lit d’un
Torrent qui fait encore des ravages i f e il
jamais mouiTeux.
ï)ans le moment ou nous traverfions
la petite Prairie qu’arrofe cette paifible
R iv iè re , un grand Troupeau la paffoit auffi ^
pour gagner les Bois. J’écoutai exprés fes
fonnettes, & je me confirmai dans ce
que j ’ai eu ci - devant l’honneur de dire à
V. M. que ces Montagnards ont un fen-
timent fi v i f de l’harmonie, qu’ils évitent
1 toute diflônance. L e Troupeau en marchant
faifoit entendre les plus agréables
accords. Ces fons daiîs la Prairie & dans
les B o is , la beauté du lieu , l’état de fes
habitans , produifirent fur moi un effet
que je n’entreprendrois pas d ’exprimer û
Mr. Egers ne m’en eût fourni le moyen.
M è furprènant dans une efpèce de rêverie,
] dont le caractère n’étoit fans doute pas
équivoque; , , V o u s croyez (m e d i t - i l ;
„ être dans vos Montagnes de Süiffe.
Je lui fus bien du gré de cette tournure;
c ’étôit me ràppeller par un propos fort
obligeant que nous avions un but dans notre
cburfé. „ J e comprends ce que vous rc-
„ marquez (lui répondis-je) mais je l’éprou-
5» v e