
de grands enfembles, & agir d'après ce
qu’on connoît être le mieux.
Dans l’état préfent de Homme , & d’j,
près ce que l’expérience nous dit en mille
manière, rien ne fauroit produire, de plus
forts attachemens fo c iau x , que les principes
religieux; principes dans lesquels je
comprens ceux de la Religion naturelle,
quand il eft poffible, que, fans le fécours
de la R é v é la tion , elle faifiiTe vraiment la
coeur. Ces principes là feuîs font l’Homme
fû r : eux feuls peuvent produire li
confiance mutuellè : fans e u x , la plus longue
expérience fuffiroit à peine pour di<
ilinguer l’Homme, de fon masque; la vie
entière fe pafleroit à étudier ceux pour
qui l’on fe fentiroit du penchant ; tandis
que l’Homme veut jouir.
Mais les hommes profeffent fouvent des
principes religieux fans les avoir. Plus ces
principes font des cautions pour ceux qui
les admettent fincèrement, plus les hypocrites
ont tenté de les faire fervir de masque.
Comment donc s’dlurer què ce figne
n’eit pas trompeur ? On peut je l’avoue
abufer. de tous les. lign e s , &-,parconféquent
il n’en eft'aucun d’une certitude abfolue.
Mais on fe fent naturellement plps de con'
S fianee
Jfiance pour ceux qui entendent les dogmes
sde la Religion à fa propre manière , &
[qui attachent une grande importance à
cette façon particulière de les concevoir.
Car fi celui qui eft: ardent à la défence
id’une certaine manière de voir la Religion
n’y trouve point d’intérêt particulier, i l
¡montre par là fon zèle pour la Religion
[elle - même. De là l’attachement des hommes
les uns pour les autres dans les petits
fee&es; attachement plus grand, que celui
Lui réfalte de tout autre parti. Si donc on
Le confidère l’efprit de Seète, que par fon
effet dans la Seéle même ; on verra qu’il y
produit les fervices mutuels & la confiance;
c’e f t - à -d ir e les plus grands des biens.
: Si l’on étudie attentivement le coeur de
l’Homme, fans s’engager dans le labyrinthe
de l’H ifia ire , on. verra que c ’eft ainfi
[qu’il opère peur produiredes Se&es. L ’Homme
a befoin d’aimer & de fe confier ; & la
Religion, étant la fource la ’plus fûre
d’honnêteté, de droiture, de bienfaifan-
c e , de fraternité; non par fes L o i* feulement,
mais par leur fanétion ; il fe livre
Ifans referve, toutes les fois qu’il croit la
Ifentir dans le coeur de fon femblable.