
rer en cet endroit, avec une Epitaphe
dont voici le fens: f i l’on peut appeller un
Cheval Jon ami, celui- ci était le mien. Quand
on choifit des réduits dans les Bois pour
exprimer ainfi leà fentimens de la Nature,
on montre qu’on les éprouve réellement.
Au fortir de ce Bois nous entrâmes dan*
des broflailles entremêlées de peloufe.
L e gazon y couvroit tô u t, & j ’eus bien
de la peine à y trouver des pierres : celles
que je vis n’étoient que des blocs de: la
même roche verdâtre que j ’avois vue auprès
de la Chauffée ; nulle trace de lave,
ni d’aucune matière volcanique.
Longtems avant d’être au pied de la
fommité particulière qu’on nomme Felàberg
nous entrâmes dans lts N u e s ; & alors je
n’eus plus d’entretien qu’avec les pierres du
chemin où je marchois, les buiflbns d’alen-
tour & moi-même; plus d’objets au-delà
de vingt pas: & quant à mon Guide, j ’avois
éprouvé que fon Allemand & le mien
étoient fi étrangers l’un à l'autre, qu’ils ne
fc^rencontroient que fort rarement & par
dg bien petits points. Cependant mon homme
, qui fans doute commençait à s’ennuier
de ne rien voir ni rien d ir e , partit tout
d’un coup par une bordée de paroles où il
mit
mit tant de volubilité. & d’aêtion , que je
n’eus pas le courage de l’arrêter. Je le
laiffai donc parler tant qu’il voulut, &c
comme il demandoit mon attention par fon
accent & fon g e f ie , je la , lui accordai
poui; lui faire-plaifir; riant quand il r io i t ,
& fquriant quand, il prenoit un air fin ¿5
| fembloit me révéler,, quelque myilère. Je
compris, par le peu de points où nos deux
Allemands fe rencontroient, qu’il étpït le
Conducteur ordinaire des Curieux au Feld-
■ lÉ i l fiue Ie É t pouvois avoir un meilleur
I Guide; qu’il y avoir auflimené des François:
puis il racontoit des accidens, des anecdote
s , & pteut- être quelques avantures mys-
| térieufes qui lui faifoient prendre ces airs
fins. Heureufement il ne trahit avec moi
le fecret de perfonne; & dès qu’il commença
à fe ralentir un peu , je trouvai le moyen
dé couper le fil de fes narrations. 11 11e
m’en avoit pas coûté beaucoup; & j ’avois
eu le petit plaifir d’être pour lu i, c e que
furent certains rofeaux au Barbier du R o i
Midas. Combien de fo is , quoiqu’on entent
de la lan gu e , n’efi- on pas appelle à remplir
le même devoir dans la Société I
Quand il eut fin i, je n’entendis plus autour
de moi que le chant des oifeaux & les
fons