
L E T T R E XCII.
Rouie de Bonn à O b b rw in te r — Vol.
cans au bord du Rhin ------ Remarques fur
la formation des Bafaltes.
O b b r w i n t e r , le 2je. Mai 1778.
M A D A M E .
^ ^ u o iq ü é déjà fortement occupé de Toi-
cans, il me fera bien difficile de me renfermer
dans cet o b je t , en décrivant à B
M. un Pays auffi remarquable que celui - ci,
tant pour la richefle de la culture que pour
la beauté des afpeéls. On e il heureux d’avoir
à y étudier l’Hiftoire naturelle ; & je
ferois bien content, f i , pour foulager l’attention
de V . M . , je pouvois faire paiTer
dans mes récits une partie de ce qui fou-
tient la mienne, & me rend même le courage
& les forces de la jeunefle.
A
A quelque diitance de Bonni lés montagnes
, qui des deux cô té s 's ’approchent du
R h in , fe refferrent pour border fon lit.
Celles de la droite, peu é levées , arondies
dans leurs fommets, & à pentes très douc
e s , font partout labourées ; & le partage
dès poffeffions, joint à la variété des grains,
leur donne en ce moment# le coup d’oeil
du marbre verd le plus varié. Celles de la
gauche, furmontées de Pics , ornées de
bois & de châteaux, couvertes de vignes
dans les pentes, & bordées d’habitations
à leurç pied , offrent un coup d’oeil très pittoresque;
& la plaine, partout cu ltivé e,
préfente l’afpeèl de l’abondance.
Je m’occupois encore de la fcènc génér
a le , que la pluie venoit d’embellir, lorsqu’à
une demi lieue d'Oberwinter j ’ai apper-
çu un rocher qui faifoit faillie hors des Collines,
& dont lés couches étoient dirigées
en divers fens. Arrivé au pied de la Collin
e , j ’ai vu des gens occupés à déblayer
la pente pour y planter de la v ign e ; &
examinant le fo l, formé du moellon tombé
de ces rochers, j !ai reçonnu que c ’étoit
d e là Lave. Obfervant alors plus particulièrement
les rochers mêmes, je leur ai
trouvé uñe figure fi fingülièré, qu’ en un
K a ins