
même aflez à parcourir ces Montagnes,
pour que l’Hiftoire naturelle lui doive dans
la fuite de plus grands détails à leur é-
gard. ( « >
Après avoir traverfé ce Paradis du Fauv
e , il nous fallut beaucoup defcendre, &
nous crûmes, étant au bas, d’avoir enfin
atteint le vrai pied du Loevenberg. Pour
nous préparer à une telle montée, nous
nous rafraîchîmes à un RuiiTeau, en exa.
minant fon lit. Il étoit compofé de toutes
fortes de p ie rre s , tant naturelles que vol-
caniques ; mais on ne les voyoit qu’au milieu
de ce lit ; la moufle, qui vient jüs-
qu’à fes b o rd s, n’eft pas même empbrtéer
c ’eft cependant encore l’un des grands'écou-
lemens des eaux des p lu y e s , & de la fonte
des Neiges. Ces Montagnes donc ne fe
dégradent plus.
Loin que ce fut là le pied du loevenberg,
nous eûmes encore à traverfer deux- croup
e s , & parconféquént deux Vallées^, fou-
ven t en forçant des taillis. Notre Pilote,
bonhomme, très bon homme, d ou x , gai,
alerte , hardi & fo r t , fans s’être confulté
avec
( a ) Je nç me fuis pas trompé; & l’on verra ce*
détails dans la fuite.
avec nous’, choififlbit toujours la ligne
droite & pafloit partout, même en des
lieux où nous nous ferions peu t-ê tre détourné?.
Croyant un moment, que nous
étions! peines de ces fortes montées^ il
prit une perche de près de deux pouces
de diatnètre , dans un monceau qui fe
trouvoit là par hazard, & la rompant en
l’air comme une chenevote , il nous en fit
des bâtons (a).
Ce ne fut donc qu’après avoir traverfé deux
nouvelles croupes, & nous être rafraîphis
à deux ruifleaux, que nous trouvâmes enfin
le pied de notre grande Mon tagn e , &
alors nous gravîmes longtems. Combien
les chofes ne changent-elles pas pour nous
fuivant les circonftances F Les nuages ,
qui de tems en tems nous avoient fait d’utiles
parafais , fe raffemblèrent peu à p e u ,
& nous rendirent alors un bien plus grand
fervice en répandant la pluie fur nous.
L ’évaporation fucceflive de l’eau qui mouilloic
(a) Je crois devoir indiquer ce bon Guide, aux
curieux qui voudraient vifiter ces/Montagnes. Il ft
nomme, Jean George Libmann, Batelier tfOber-
winter.