
V illa g e s , pour fe rendre à une Chapelle
renommée diflante d e 7 à 8 lieues, dans le
mênjie but que ceux de Loch; c ’efl- à-dire
pour implorer la bénédidtion du Ciel im
les biens de la T e r r e ; & ils fe repofoiènt
de leur marche, en s’abandonnant au cou.
rant de l’eau pour; le retotir. De tems en
tems toute cette congrégation flottante en-
tonnoit des hymnes,que les Echos n’étoient
pas feuls à répéter.
Ces baffins fucceflifs que forment les
défilés du Rhin, font un des charmes delà
route. A chaque hèure on les voit chan-
ger. On tourne un Cap, & bientôt après
on fe croit enfermé par derrière; on n’ap-
perçoit plus , ni l’entrée , ni l’iflue du
Rhin: on e il comme dans des L a c s , &
ils ont chacun de nouvelles beautés. Les
Montagnes s’abaiflfent toujours jufqu’à leurs
bords: quelquefois elles font entièrement
agreftes; d’autres fois elles font cultivées,
& embellies de toutes les décorations de
la Nature & de l’Art. Ces différences procèdent
ordinairement de celles de la rive.
Si elle e il la rg e , on y a bâti; & alors le
baflin renferme une V i lle , un Bourg ou des
Villages. Mais fi les Montagnes ferrent
le Lac de trop p rè s , il èit prefque entièreement
folitaire; les habitations ne fe
oyent que fur des pentes, & furtout dans
les enfoncemens. En y entrant on n’apper-
Ijoit que la fublime Nature , & l’on croiroit
Ibrefque que ces beautés font perdues pour
|ès Humains.
I Dans un de ces paifages fo litaire s, eft
fitué le petit Village de Salizich, compose
de quelques maifons de pêcheurs & de
bateliers, bâties fur la rive gauche du Fleuve.
Ce fut là notre gice pouf-la première
nuit. Il n’y avoit pas d’autres étrangers
que nous, dans la maifon qui nous fervit
dfafyîe; ainfi dès qu’on eu tfou p ê , chacun
lia dormir, & tout devint tranquille autour
de moi.
■J’ouvris alors ma fenêtre, qui donnoit
ü ibR b in ; & je contemplai dans ce pro-
rand filence les objets d’alentour. La nuit
le faifoit qu’une feule mafle v a g u e , des
jïjlontagnes qui s’élevoient rapidement vis«
à-vis de moi & de celles qui embraffoient
le Village: l’oeil y cherchoit en vain quel-
pie chofe ; ce n’étoit qu’un champ pour
Imagination, & l’on ne diftinguoit rien
|üe vers le Ciel. Mais là on appercevoit
Bs découpures les plus expreiïïves. Des
pchers maflifs, des arbres en ré ze au x , le
I Teme IV . Z va#-