
fuis fûr de trouver du plaifir à chaque
pas ; car la Nature , qui va feule m’occuper
, n’en re fu fj jamais à ceux qui l ’etudient
dans l’unique but de la voir telle qu’elle
eil. „ A v e z -v o u s trouvé ce que vous
„ cherchiez ?|” m’a - t - o n demandé plu-
fieurs fois au retour de mes courfes: &
j ’ai toujours répondu oui ; car je ne cherche
que ce qui eil. Si l’on m’eût demandé :
,, A v e z - vous trouvé ce que vous p enfiez? ”
T’aurois fouvent répondu non. Mais je tâche
de n’attacher jamais qu’un intérêt très
fubalterne à mes penfées.
C ’e il avec cette difpofition d’efprit que
je pars pour aller voir ce qui e f l, dans des
Pays qui offrent beaucoup de phénomènes
intéreffans pour l’Hiiloire de notre Globe.
Cette étude a toujours fait l ’un de mes
plus grands plaifirs ; plaifir cahne, q u i,
furnageant fur la plupart des autres objets
dont j ’ai été occupé , a produit dans le
cours de ma v i e , ce que produit l ’huile
répandue fur une rivière que le vent agite.
Je voudrois le faire comprendre aux
hommes qui ont trop de loifir , ou des
paffions trop violentes; eux ôc la philofo-
phie y gagnefoient beaucoup. E t puisque
V. M . a daigne permettre que mes relations
tions fuflent publiées, je prendrai la liberté
d’y joindre ces acceifoires ,. qui rappellent
fans c e fle .le Naturalifte, dès qu’il
a une fois éprouvé leurs heureux effets.
Je vais revoir à peu près les mêmes
pays que j ’ai déjà parcourus dans mes
deux précédons voyages ; il e il donc bien
probable que je me répéterai quelquefois.
Mais ce ne fera jamais que dans l ’intention
de donner à V . M. de nouveaux
éclaircifleihens. J ’allois trop v ite dans ces
voyages ; je- ne pouvois recevoir que les
premières impreffions des o b je ts , & je fen-
tois combien il feroit néceffaire de les ap profondir.
Cependant je fuis bien éloigné
de croire que cette première ébauche foit
fu p e r flu e , foit pour mes leèleurs , foit
pour moi. Elle me trace ma marche j
tous les pas du voyage que je vais faire
font déterminés par quelque objet particulier
d’obfervation. Moins occupé de la
première apparence des chofes, je pénétrerai
plus avant dans leur nature : je fais
ce qui m’a embarrafTé, ou ce que je de-
firois d’é cla ircir, & j ’y porterai immédiatement
mon attention. Mes Le&eurs
de leur côté auront fait des objeéîions ,
formé des conjeétures, defiré des éelair-
A a ci*-