
Ce martinet à été obfervé à Saint-Domingue &
décrit par leP. Feuillée. Il en compare le chant à
celui de Y alouette, & il dit que cette efpèce eft
commune aux Antilles dans les mois de ma i, juin
& juillet, ce qui femble fuppofer qu’on ne Fy voit
pas le refte de Fanné'e ; que par conféquent elle,
eft de paffage en quoi cet écrivain eft d’accord
avec le P. du Tertre, qui prétend qu’on ne voit
les hirondelles aux Antilles que dans certaines faisions
, comme en Europe, tandis que- les obferva-
teurs modernes affurent qu’elles ne quittent jamais
cette ftation. Mais cette contradiction apparente
ne viendroit-elle pas de ce qu’en effet il y a des
ëfpëces d'hirondelles fédentaires , d’autres de paflage
dans ces île s1 comme on fçait qu’il y en a des
unes & des autres dans l’intérieur de l’Afrique
& de l’Afie méridionale ?'
Ma r t in e t n o ir & b l a n c a c e in tu r e
CRISE.
Grande hirondelle du Pérou. B r i s s . tenu I I puer.
498 , genre X X X .
Ce martinet, dont les autres n’ont- déterminé
Tes dimenfions que-d’une macère vague , d’après
laquelle on peut, j’eftimer à-peu-près de la groffeur
de Y hirondelle de cheminée-, a la tête, la- gorge &
îe cou d’un gris-clair ; le dos , le croupion & les
couvertures du deffus de la queue noirs4 la poitrine
& tout le deffous du corps d un blanc éclatant
, avec cependant une bande ou ceinture tranf-
verfale fur le ventre d’un cendré-clair; les pennes
des ailes de cette dernière couleur- en-deffus &
d’un gris - verdâtre en - deffous., font- bordées de
gris-jaunâtre ; celles de la queue font également
d’un cendré peu foncé, bordées de gris-jàunâtre :
îe bec Ôc les piéds font- noirs & fort courts.
M a r t in e t - p êch eu r . Be l . hïjl-. nat-,des oifi
pag. 2 1 8 , f l . 2.4. Voye-{ Marten-p êch eu r -.
M A R T IN -P Ê CH EU R o u A L C YO N .
. Avant de faire l’hiftoire du martin - pêcheur
proprement dit, qui- eft celui de notre climat, je
parlerai dès cara&ères- auxquels-on recennoît les
oifeaux de ce genre.
Les martins-pêcheurs ont quatre doigts-, trois devant,
un derrière ; celui du milieu des trois antérieurs
étroitement uni au doigt extérieur jufqu’à
la troiîième articulation, &. au doigt intérieur, j-uf-
qu’à la première.
' Les jambes couvertes.de plumes- jufqu’au talon ;
îe bec long, gros & pointu*
On peut ajouter’ les remarques -foivantes-à ces
«araôères empruntés de la méthode de M. Briffon ,
& parlèfquels.il dëfigne le L V r iP genre ,. qui eft ■
celui du martin-pêcheur. Tous les oifeaux de ce
genre.font en général malproportionnés ; ils ont la j
tête fort greffe ; le bec très-long ; & tr è s-g ro s . les
pieds petits '& courts ; les ailes peu longues; beaucoup
d ’efpèees ont la queue fort courte &Tes~diffé»
rentes nuances- du bleu'font-, les, couleurs- dominantes
de là plupart;.
Tous'-, les martins-pêcheurs habitent fiki lé- bord.
eaux & plus communément près des eau»
douces , dans l’intérieur des terres, que fur le
rivage de la mer; ils fe nourriffént de poiffon,
qu’ils enlèvent au vol dans Finftafft ou il paroît à la
furface de l?eau.
Nou$ ne connoiffons dans nos contrées qu’une
efpèce- de martin-pêcheur; elle eft la même dans les
différens pays de l’Europe ; il y a au' contraire
beaucoup d’efpèees différentes de ces. oifeaux dans
les- trois autres parties du globe ; mais ils appartiennent
en général aux pays chauds, & ne pa-
roiffent pas s’étendre au-delà des régions tenu*
pérées.
Ma r t in -p ê c h e u r ;
PL enl. 77.
Briss* tom. IV , PaS‘ 471."
. Martinet-pêcheur. Bel. hifi. nat. des oifi pag. 2ï 8|,
fig.pag. 219.
Pêcheur, martinet-pêcheur, tartarin, meunier.BELà
port> d'oïfi. pag. 50.
Ifpida ,. alcedo, font les noms latins que les
auteurs-’donnent le plus généralement au martin
pêcheur.
Arve la en Efpagnol ;
Ucello pefeatore , peficatorc del. re , piàmbino ?
&ç. en Italien ;
Yfifi-wogel, eys-vogel en Allèmand ;
King-fisher , halcyon en Anglois ;
Dans-les différentes provinces de France, pêche~
ver on, merle d'eau, merle d'aigue , merlet bleu s
merlet-pêcheret, pivert bleu 3 piverPd'eau, tartarieU y
vire-vent , drapier-, garde -boutique , bleuet-, pêcheur.
On le'déffgne auffî fouvent par le nom d’alcyon
que lui donnoient les Grecs. C’eft: en effet lé
même- oifeau. Voyeç à-ce-fujet la fçavânte differ-
tation par laquelle M. le comte- de Buffon commence
-l’hiftoire du martin-pêcheur. L e me me auteur,
le peint dans les termes foivans*
« C’eft-le plus bel? oifeau de nos- climats, & il
» n y en a aucun en Europe qu’on - puiffe com-
» parer au martin-pêcheur pour la netteté , 1 a ri**
n cheffe &. l’éclat dés, couleurs-; elles ont ;les-
v nuances de l’arc-en-ciel ; le brillant-de l’émail ;
w le luftre de la foie; tout le milieu du dos, avec
n le deffus-de.la queue , eft d’un bleu-clair & bril-
» lant, qui, aux rayons du- foleib, ai le ; jeu du
» faphir &, l’oeil--df te-turquoi f i e le verd fe mêle
» fur les ailes - au bleu, & la plupart des plumes y
» font terminées & 'ponéhiées- par une teinte
» d’aigue-marine ; -la tête & le deffus du cou font
» pointillés de même.de. taches plus-claires, fur .un
» fond d’azur »..
Lagorge eft d’un1 blanc- mêlé dfone légère teinte
deroux ; le devant-du cou & lé deffous du corps
font-d’un marron-pourpré.:, plus clair & blanchâtre
for. le.milieu-du ventre :-il>ÿ a- de-chaque coté de
la tê te , entre l’oeil le. bec, .une* tache ro-uffe ;
derrière l’oeil deux bandes longitudinales , l’une
rojiffe. & Fautre. d’un blancrrouffeâtre i le-bec eft
«oir ; les pieds font rouges & les ongles- noirs.
Le martin - pêcheur n’eu pas plus gros qu une
alouette ; fa longueur totale eft de fix, pouces neuf ,
lignes ; celle de Ion bec eft de deux pouces moins
une ligne; il a dix pouces deux lignes de v o l, &
fès ailes pliées ne s’étendent pas tout-a-fait a la
. moitié de fa queue , qui nra que quinze lignes de j
long. ^ .
Les martins-pêcheurs ont le vol rapide' & nié ;
mais ils ne parcourent.ordinairement que des trajets
de peu d’étendue;,ils-fe perchent à l’extrémité
dès branches qui pendent au-deffus des eaux, ou ils
fe pofent fur quelque tertre j quelqu’hautreur qui les
domine: patients dans leur ftation,ils attendent qu’un
poiffon fe préfente à la furface de l’eau ; ils dirigent
alors leur v o l, fuivant qu’ils font pofés ; fi c’eft fur
l’extrémité d’une branche, ils s’élancent comme
un trait au-deffus dé l’endroit 011 leur proie fe
montre-, & fe précipitent deffus avec Fimpëtuoftfé
d’une baie de plomb entraînée par fon pords ; s’ils
étoient pofés fur une {impie élévation, oh ils filent
fur la furface de l’eau ; où ils s’élèvent à une hauteur
de plufieurs pieds au-deffus du point oh le
poiffon a paru & for lequel ils fondent, comme-
en partant de deffus une branche élevée ; dans,
tous les cas- ils. rafént la furface- de l’eau , & ils
emportent leur proie en fe relevant aufli rapidement
qu’ils fe font abarffés : tantôt ils farfiflent le
poiffon en travers-& tantôt de la tête à la queue ;'
enfuite, ou ils fe perchent fur une branche aux
environs, ou ilsfe pofent à terre ; mais-ils-n’avalent
leur proie que quand ils ont regagné le rivage : il
m’a paru que., quand elle étoit petite, ils remon-
toient fur les arbres , & quand elle étoit plus
volumineufè, ils fe pofoient à terre, pour la re=-
tourner plus à leur-àife, en être maîtres-plus facilement
& la meurtrir à coup de bec , s’il eft nécefo
faire; mais je n’ai pas-vu- que les martins-pêcheurs
s’engagent fous l’eau & pourfoivent 3 en plongeant
à quelques pouces de profondeur ', le poiffon qu’ils
©nt apperçu. J ’ai fouvent été à portée de les
obferver au moulin J b l i , près Paris, lieu traverfé-
par plufieurs bras de la Seine, boifé & peuplé de
beaucoup de ces oifeaux, & oh l’eau eft fort abondante
en poiffons. Peut-être dans les- endroits oh
la pêche eft moins riche, les martins-pêcheurs-
pourfuivent-ils leur proie avec plus d’ardeur : c’èft
ainfi que je n’ai pas non plus été à même de remar--
quer au - moulin Jo li que les martins-pêcheurs fe-
foutiennent- quelquefois- immobiles au-deffus de
l^eau lorfqu’élle eft-trouble-& qu’ils ont befoîn ,
pour découvrir le'poiffon , que leur vue plonge-
plus- dire&emeijt mais ces faits font rapportés parles
auteurs.
Toujours-prêts des eaux, dans> lefquelles ils-
trouvent leur- nourriture, c’eft fur leurs rives-que
tes martins-pêcheurs font leur ponte ; ils profitent
des trous creufés le long des berges par les rats , -les;
écrevïffes , - -ou- les1 hirondelles■■ de- rivage ,* ils les1
rendent plus profonds-, Us en agrandiffent ou -ils endiminuent
Feutrée en en enlevant, ou en y appliquant
de la te rré , foiVânt lé befoin , /ans gatnir ces
trous, à la manière, dont lés oifeaux'ont coutume
dë faire leur nid j les femelles dés martins-pêcheurs
dépofent leurs oeufs à nud for la pôuflière tombée'
de là circonférence du trou. Ces oifeaux s’apparient
dès ie mois de mars: là ponte eft de fix à
neuf geufs ; mais je ne.fçais s’il n,’y en a- qu’une ou
plufieurs' chaque année ; i l , eft probable', v u le
nombre des oeufs & ie peu de martins-pêcheurs qu’oi-ï
voit eh général, qu’il n’y a qu’une pbnté par'an : cependant
ce qui pourroit diminuer'la probabilité de
cette opinion, c’eft que Fefpèce eft expofée affez
fréquemment à.de grandes pertes ,.au moins dans
nos climats : lorfqué les eaux ftagn'antes font glacée
s, les martins-pêcheurs réduits aux feuls ruif-
feaux '& aux rivières, y trouvent d’autant moins
facilement leur nourriture, que ces eaux font alors
fouvent débordées, troubles &. agitées ; le poiffon
paroît moins à la furface & il eft plus difficile a
appercevoir; mais ce mal n’eft pas encore'compa--
rable à la difette que fouffrent ces oifeaux foibles &
mal armés, -lorfque la rigueur du froid a glacé la
furface même des grartd’es rivières ; alors lés tnar~'
tins-pêcheurs n’ont de reffource que les trous qu’ils-
découvrent for j.a glace, fort que ces trous aient
[ été formés;par l ’homme'pour fès befoins,Toit qu’ils
foient l’effet de l’arrangement que les glaçons o'nt
pris entr’eujc en s’arrêtant. Il périt alors beaucoup
de martins-pêcheurs & de difette & d'es rifques'
qu’ils eourent- à travers-lès glaces : on en voit q ui,
preffés par le befoin, s’engagent fous les glaçons-
qui font entr’ouverts fur-tout lorfqué les- eaux'
ont baiffé depuis que leur furface eft gelée ;
d’autres fe ; rifquent à plonger entre des glaçons-
encore flottans , & plufieurs des uns & des autres-
reftent pris ou froiffés fous les glaces, parmi lei—*
quelles on en trouve affez fréquemment : on m’en'
apporta plufieurs-qui-avoient péris de cette façon'
dans l’hiver de 1776 , pendant lequel le . froid - fat \
très-long & très-rigoureux ; on en trouva- for les!
rives-de la Seine , un affez.grand nombre, dans1
fon trajet au milieu de Paris, & c’étoit fans doute"'
les trous plus nombreux for la glace , dans cet
efpace, qui avoient attiré au centre de la ville les;
martins-pêcheurs, naturellement fauvages, & quT
cherchent les lieux peu fréquentés.
Ges- oifeaux ont un cri affez aigu, qu’ils ■ font'•
entendre en fe précipitant fur leur proie '& lorfque'
le-mâle pourfoit la-femelle; leur chair-a un goût-
défagréable , & ils :ne- font-d’aucune utilité ; mais-
trop peu nombreux & trop petits pour faire
une dépenfe préjudiciable, -ilsfont, p a r la beauté'
de leur plumage, l’ornement-des-bofquets plantés
fur le- bord dès eaux; & celui de-leurs rives- en-
général* Cependant on leur attribuoit autrefois la
propriété d’éloigner-' les- infeéles deftrùâeurs^des
étoffesJ & on les fulpendoit à- ce-deffëin- dans les^
magafinsT c’eft ce qui lèuf'a fait donnef les noms=
de drapiers , gardes-boutiques.- M ais• loin d’avoir*1 la