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C > A L A M IT E ( le ) ? efpèce de Crapaud.
Bufo Calamita. R oes. R an. tab. 24.
I d . L a u r . Spec. med. p . 2 7 & 1 1 9 .
Ce Crapaud a le corps un peu rétréci , d’une
couleur olivâtre fur le dos, & parfemé de petites
éminences ou de pullules brunes, qui font difpo-
fées régulièrement fur plufieurs rangées. Le milieu
du dos eft marqué d’une ligne couleur de foufre,
qui commence à- l’extrémité de la gueule. On
obferve aufti de chaque côté , depuis l’oeil jufqu’à
la jambe , une bande d’une largeur inégale , formant
diverfes ondulations & dentelée dans fes
bords. Sa couleur, qui eft d’un rouge-clair mélangé
de jaune , prend une teinte plus foncée vers les
parties inférieures, où elle eft chargée de plufieurs
pullules rouges allez confidérables, & éparfes fans
aucun ordre. Au-deffous de la bande dont on
vient de parler, on remarque diverfes taches d’une
couleur olivâtre, qui diminuent en nombre en
grandeur vers l’abdomen -, & par une gradation de
teintes toujours plus claires , s’évanouiffent infen-
fiblement. Enfin l’abdomen , à fon extrémité inférieure
, paffe de la couleur cendrée - claire à une
teinte légèrement mélangée d’olivâtre. La région
des oreilles eft hériffée de pullules d’un rouge-
pâle. Vers les angles de la .gueule fe trouvent
d’autres pullules plus grolfes , d’une couleur de
chair éclatante & tellement grouppées qu’elles
paroilfent adhérer les unes aux autres. Les quatre
jambes font dans toute leur étendue d’une couleur
cendrée-claire, mouchetée de plufieurs taches d’un
verd foncé olivâtre, difpofées tranfverfalement,
inégales en grandeur & de diverfes figures. On
oblerve des taches femblables autour de la gueule.
L ’extrémité des doigts eft brune fur quelques individus^
noirâtre fur d’autres , & garnie cTune
peau qui a la dureté de la corne, & qui donne à
l ’animal la facilité de grimper où il veut. Les pieds
de devant, ont a l’endroit qui correfpond à la paume
de la main, deux efpèces de faux ongles qui font
proprement des os réunis aux autres par des'liga-
mens. Les pieds de derrière font abfolument dépourvus
de cette membrane dont les autres Crapauds
s’aident pour nager.
Ceux-de l’èfpèce dont-il s’agit ici fe tiennent
pendant le jour , dans les fentes de la terre &
dans les cavités des murailles. Us montent jufqu’à
la hauteur de trois pieds , le long des murs
verticaux , pour gagner leurs retraites , où on
les trouve par troupes de d ix , & quelquefois de
vingt ralfemblés dans la même cavité.
Ce Crapaud court comme les Rats ; il a aufti
jufqu’à un certain point la faculté de fauter ; il
s’arrête ordinairement après avoir parcouru trois
©u quatre pieds. Lorfqu’on le tourmeiue, il rend
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a travers les pores de la peau, une liqueur qui a
une odeur femblablé à celle de~ la poudre enflammée
, mais plus forte & infupportable. Il ne
fait ufage de cette liqueur que contre fes ennemis.
Ces animaux s’accouplent au mois de juin. Ceux
qui ont atteint l’âge de trois ans, qui paroît être
l’époque de leur entier accroiffement , 1 fe rai-
femblent alors fur les bords des marais , où il y
a beaucoup de jonc, & jettent un. cri fort & qui
a quelquè chofe d’extraordinaire. (Laur. ibid. )
Roefel a préfumé que cette efpèce étoit véni-
meufe , parce que les Cicognes qui font avides
de ces fortes d’animaux évitent de dévorer celui-
ci. (Roes. p . 1 1 3 .).
C A L EM A R ( le ) , efpèce de Serpent.
Coluber. Calamarius. Lin. Amphib. Serp. Colub.
162.M
uf. Ad. Fr. 1 , p. 23 ,t . 6 , f. 3.
L aur . Spec. med. p. 68 , n °. 12 7 ; Anguis
Calamaria.
Ce Serpent a le corps allez lifte, d’une couleur
livide, parfemé de points qui font difpofés à la filé,
& marqué de bandés brunes & étroites. Le deflbus
du corps eft peint de diverfes taches pareillement
brunes , & qui, par leur affortiment , imitent un
ouvrage de marqueterie. On obferve fur la queue
une ligne longitudinale d’une couleur ferrugi-
neufe. L ’abdomen eft recouvert par cent quarante
grandes plaques > & la partie inférieure de la queue
eft garnie de vingt - deux paires de petites plaques»
On trouve cette efpèce en Amérique.
C AM É LÉO N ( l e ) , efpèce de Lézard.
Lacerta Ckamoeleon. L in . Amphib. Rept. La~
. certa, n°. 20.
Lacerta caudâ tereti brevi incurva > duobus tri-
bufque coadunatis. Lin. ibid. V
Âmcen.acad. muf. n°. 1 6 , idem.
G ron. Muf. 2 , p. 7 6 , n°. 5-0. Çhamcdeon.
Le Caméléon eft un animal connu très- anciennement.
La propriété qu’on- lui a fuppofée de
prendre la copieur des objets auprès defquels il fe
trouvoit, l’a fait regarder comme un phénomène
enHiftoire Naturelle. La philofophie & l’éloquence
l’ont adopté comme un des fymboles les plus
propres à orner la morale par des allégories ingé-
nieufes. On lui a comparé les flatteurs qui n’ayant
point de caraélère à eux , font habiles à emprunter
des apparences aflorties aux goûts & aux inclinations
de ceux à qui ils cherchent à plaire. Tout
le monde connoît . ce vers de la Fontaine, où il
peint les flatteurs de la cour :
Peuple Caméléon,, peuple linge du Maître. -
L. VIII. Fable 14.
L opinion où l’on étoit, que le Caméléon ne vi-
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voit que d’air , faifoit appercevoir de nouveaux ;
rapports entre l’emblème & l’objet qu’il repréfen-
toit. Rien ne manquoit à la jufteffe de ces ailufions
que la vérité des faits qui leur fervoient de fonde- ;
ment. Maïs enfin des obfervations plus exaéles, que
nous expoferons plus bas , ont reélifié les idées
qu’on avoit eues, jufqu’alors de cet animal, & ont
fait voir en quoi ce qu’il a de réellement fingulier
diffère-du merveilleux qu’on lui a prêté»
Le Caméléon a la tête comprimée par les côtés ,
plate par-defliis , renflée tranfverfalement entre les
deux yeux , & formant de part & d’autre une
faillie qui s’étend depuis le mufe’au jufques fur les
orbites des yeux. La nuque eft dillinguée du corps
par un enfoncement profond, ce qui fait que 1 occiput
s’élève en un fommet aigu. Les yeux font
recouverts d’une membrane épaiffe, demi - fphe-
rique', percée au milieu d’une fente longitudinale,
& faifant l’office des paupières. Cette membrane
eft toute hérillée de points calleux.
Les trous des narines font petits & tournés en -
bas. L ’ouverture de la gueule eft très-grande. L’animal
n’a point de dents. Sa langue eft longue &
allez femblable par fa forme à un ver de terre.
Le corps eft piaf , excepté à l’endroit du dos
où il eft relevé en forme de carène. Au lieu
d’écailles , il eft couvert de tubercules ou de
petites boffes, dont celles qui fe trouvent vers les
côtés font ordinairement difpofées quatre à quatre.
L ’anus eft une fente tranfverfale , arrondie par
le milieu.
La queue eft un peu plus courte, que le corps.
Elle eft épaiffe & légèrement comprimée.
Les pieds de devant ont cinq doigts, dont les
trois intérieurs font tout-à-fait réunis S i recouverts
par une membrane ; il en eft de même des
deux doigts extérieurs. Les pieds de derrière ont
pareillement cinq doigts, réunis par trois &. par
deu x , mais dans un ordre contraire, c’eft à-dire
que les trois qui tiennent enfemble font les extérieurs.
. Le corps ne porte., aucune crête , du moins qui.
foit bien fenfible. Mais la future qui s’étend fur
le dos , depuis la tête jufqu’au milieu de la queue,
& celle dont la partie inférieure eft marquée
depuis le fommet du mufeau jufqu’à l’anus, ainu
que,les arrêtes qui font fur' les côtés de la tête , font
garnies de lames coniques, pointues & très -
apparentes. ( L in.. Aman. acad.).
M. Perrault a donné , dans les Mémoires de
l’Académie, des Sciences , la defcription de trois
Caméléons, dont deux font reliés vivans pendant
plufieurs mois chez Mademoifelle de Scudery ,
qui les avoir reçus d’Egypte. La tête du plus grand
de ces Caméléons avoit un pouce & dix lignes ; il y
avoit quatre pouces Sc .demi depuis la tête jufqu’à
la nailfance de la queue , qui étoit langue de cinq
pouces.
Les pieds avaient chacun deux pouces & demi
de longueur. Les deux autres Caméléons étoient plus
petits d’un tiers.
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La groffeur du corps étoit fujette à varier ; car
le grand Caméléon avoit quelquefois deux pouces
d’épaiffeur , depuis le dos jufqu’au - deflbus du
ventre ; d’autres fois il n’avoit guère plus d’un
pouce , félon qu’il s’enfloit ou fe rétréciflbit. Ces
mouvemens alternatifs de dilatation & de con-
traélion ne fe bornoient pas au thorax & au ventre,
mais ils-s’étèndoient juiqu’aux pieds & à la queue
de l’animal. Us ne reffembloient pas non plus à
ceux que l’on obferve chez la plupart des autres
animaux , lorfque pour refpirer ils dilatent leur
poitrine , & la refferrent aufli-tôt par des aélions
lucceflives & compaffées. Mais ces mouvemens
étoient irréguliers , comme aux Tortues , aux
Lézards , aux Grenouilles. On a vu le Caméléon
relier enflé plus de deux heures, pendant lefquelles
il fe défenfloit un peu, puis fe renfloit de nouveau,
mais avec cette différence que la dilatation étoit
plus foudaine & plus vifible , & cela par des intervalles
longs & inégaux. On l’a vu aufti demeurer
défenflé pendant un temps confidérable, & bien
plus long-temps qu’enflé. En cet état, il paroifloit
fi décharné , que l’épine du dos étoit aigue , &
que la peau fembloit collée fur les apophyfes
épineufes & fur les obliques , ce qui faifoit pt>
roître trois éminences. On pouvoir compter les
côtes, & l'on appercevoit didinâement les tenio
n s des jambes de devant & de derrière. Cette
maigreur devenoit encore fenfible quand l’animal
fe contournoit le corps ; car on eût cru voir un
fac vuide que l’on tordoit, ce qui a fait dire à
Tertullien, qui, étant Africain, avoit vu beaucoup
de Caméléons, que cet animal n’étoit qu’une peau
vivante. ( T e RT. de P ail. ).
M. Perrault penfe que ce mouvement alternatif
par lequel le Caméléon s’enfle & fe rétrécit , ne
peut être attribué qu’à l’air qu’il refpire , ÔC
qu’il a la faculté de faire fortir de fés poumons ,
, d’où ce fluide le glifle entre les mufcles & la peau,
quoiqu’il foit très-difficile d’expliquer la manière
dont fe fait ce paffage.
La peau étoit très-froide au toucher ; fa fin-face
étoit inégale & relevée par de petites bcffes-
comme le chagrin ; cependant elle étoit affefc
douce au taél, parce que ces petites éminences
étoient très-liffes. Elles différoient en groffeur. La
plus grande partie, fçavoir celles qui couvroient
les jambes, le ventre & la queue étoient comme
la tête d’une médiocre épingle. 11 y en avoit
d’autres un peu plus greffes fur les épaules &
fur la tête ; en en voyoit fous la gorge qui étoient
plus élevées & pointues ; elles formoient une file
comme les. grains d’un chapelet, depuis la lèvre
inférieure jufqu’à la poitrine. Les grains qui étoient
fur le dos fe trouvoient ramaffés les uns contre
les autres, par aflemblages de deux , de trois, & c .
jufqu’à fept. Dans les interftices de ces grouppes,
il y avoit d’autres petits grains prefque imperceptibles,
& qui étoient communément d'un rouge-
pâle & jaunâtre , de même que le fond de la peau.