avec violence dès le mois d’oélobre. On prend les
petits lagopèdes à la courfe, fort aifément, à l’aide
d’un chien.
Les faucons 6c les aigles mêmes font friands de
la chair des lagopèdes : ils en détruifent beaucoup ;
à la vue de ces ennemis dangereux , les lagopèdes
fe cachent fous des buiffons, ou fous les avances
6c entre les fentes des rochers. Ils ne paroiffent pas
redouter l’homme quand ils n’ont point encore
éprouvé fes armes ; mais lorfqu’ils ont été chaffés ,.
ils deviennent très-fauvages & fuyentde fort loin.
C ’eft fans fondement que Gefner les a repréfentés
comme ftupides. : ils çonnoiffent le danger ; ils
l’évitent avec la fagacité commune aux autres animaux
en général. Leur caraélère les porte à l’indépendance
, & ils meurent en captivité, quoiqu’ils
prennent de la nourriture qui leur convient ; mais
ils périffent d’ennui, 6c fans pouvoir s’accoutumer
à la fervitude. La chair des jeunes eft délicate,
mais celle des vieux eft coriace 6c amère.
M. de la Pérouze , après avoir fait la defcription
& l’hiftoire du lagopède ; après avoir établi que cet
oifeau dans fon plumage d’été eft celui que les
modernes ont pris pour l’attagas des anciens , met
en avant que les modernes n’ont pris qu’une faulïe
idée de l’attagas ; que ce n’étoit pas le lagopède,
même revêtu de fon plumage d’été mais la gelinotte*
Je ne fiiivrai pas ce fçavant dans fa differ-
tation ; je remarquerai feulement qu’il fe fonde
principalement fur deux faits : i ° . fur ce qu’Ariftote
compare le plumage de 7’dttagas à celui de la
iécajfe : 2®. fur ce que lés anciens vantoient infiniment
la déiicateffe de la chair de l ’attagas ;
qualité qui convient beaucoup mieux à la gelinotte
qu’au lagopède. Mais il mefemble qu’il n’y a de
reffemblance bien grande ni entre le plumage de
la bécajfe 6c celui de la gelinotte, ni celui du lagopède
dans- fon plumage d’été; La comparaifon faite par
Ariftote ne fçauroit rien décider ; quant aux éloges
que les anciens ont faits de la chair de l ’attagas,
c ’eft feulement une preuve que c’étoit un mets
eftimé de leur temps ; mais ce n’en eft pas une ,
que ce fût- un oifeau que nous mettons au rang
du gibier le plus fin. Les. anciens, ettimoient des
choies que nous ne recherchons plus '; 6c pour
rapporter une preuve moins éloignée du changement
qui furvient même dans le choix des comef-
tibles , Belon dit dans fon vieux langage que ,
qui veut faire banquet fert un butor. C’eft cependant
un oifeau , de la chair duquel nous ne faifons plus
aucun cas, 6c qui eft du nombre de ceux qu’on met
au-deffous des mets les plus communs : quoi qu’il
en foit nous devons à M. de la Peirauze une réduction
importante , une defcription exaéte , &
ïhiftoire détaillée d’un oifeau, qui , par fa confti-
tution , fon indépendance, fes moeurs fociables.,
offre l’idée.d’un être heureux au milieu des lieux
où l’on ne croiroit .trouver que le: cahos , le dé-
<*fc>rdre & la mifere.
L e lagopède e ft .fu iv an t M.. Briffon , du cin- ,
quième genre de fa méthode, & une efpèce de
gelinotte. Il paroît qu’on le trouve dans tous les
lieux où il rencontre une température qui lui, con-
| v ien t; il eft commun fur les Pyrennées& fur. les
Alpes. M. Linné l’a obfervé en Suède dans les
forêts : j’ai vu plufieurs lagopèdes dans un envoi
d’oifeaux fait de Sibérie, &. d’autres qui avoient
été envoyés de C anad ac epend ant l’efpèce ne
s’étend pas. fur les efpaces intermédiaires oh elle
ne. trouveroit pas une température, ni dès alimens
qui lui convinffent. Les lagopèdes envoyés de
Sibérie & de Canada , m’ont paru parfaitement
femblables entr’eux A & ne différer de £eux des
Pyrennées qu’en ce que les premiers font plus gros,,
qu’ils ont les ongles blancs , applatis en-deffus 6c.
plus longs.
LA GO P ED E de la baie d’Hudfôn.
Perdrix blanche. Edw. tom. 11 , pag. & pi. 72.
Il diffère du iagopede d’Eiirope, en ce qu’il eft
plus gros , en ce que dans l’été , le plumage de cette
faifon ne s’étend que fur les parties fupérieures, 6c
que le ventre refte toujours blanc ; de plus, le lagopède
de la baie d’Hudfon eft varié en-deffus pendant
l’été de larges taches de blanc &. d’orangé foncé ,
6c les couleurs du Iagopede d’Europe font différentés
6c plus fondues ;• mais-ni cette variété de plumage ,
ni la groffeur même , ne font pas de bonnes railons
pour féparer ces deux oifeaux en deux efpèces
diftinéles, puifque la .différence dans la taille 6c
les- couleurs font naturellement les produits les
plus fimples du climat ; un froid plus rigoureux,
plus foutenu, empêche le blanc de s’étendre fous
le ventre, & il ne permet pas à des nuances aufli
variées , aufli foncées de le remplacer fur les
parties fupérieures ; les lagopèdes dont le goût pour
la neige & le froid eft bien avé ré , ou auxquels
ces circonftanees font fi favorables, ce qui eft la
même chofe , prennent une. corporanee plus forte,
forment une race plus'vigoureufe & plus grande à
la baie d’Hudfon ;• rien , ce me fernble , de plus
conforme au cours ordinaire de la nature ; je ne
penfe done pas que 1 & lagopède delà baie d’Hudfon.
foit d’une efpèce différente'du nôtre , mais je l’en
regarde comme, une fimple variété produite par le
climat. La groffeur du Iagopede du Canada &. de
celui de Sibérie au - deffus de celle, du Iagopede
d’Europe, moyenne entre la fienne 6c celle du
Iagopede de la baie d’Hudfon , eft un motif de plus
qui me confirme, dans, cette opinion. Genre V..
LAMBICHE. Foyer G u lgnette -
LAN G R A IEN .
Pie-grièche de Manille.. B r is s . tom. I lp a g . i8o>
pl. X V 1I1 ,fig. 2 , genre X X L
P l .e n L ç ,,f ig .i. i
Le nom de cette pie-grièche a Manille,..capitale,
de l’île de. Luçon, eft langui-langraien j, elle eft un
peu plus petite que notre pie - griéche grife ; fes
. ailes pliées, s’étendent jufqu’au bout de la queue,
qui n’a que deux pouces trois lignes de long ; la.
tête ,/la gorge,.le ccm&.Ie dos font noirâtres; le
croupion & le deffous du corps font blancs ; les
couvertures du deffus des ailes'.font noirâtres , &
la même nuance s’étend fur les pennes des ailes
& de la queue ’; le bec eft bleuâtre ;le s pieds 6c
les ongles font noirâtres.
LA N G A RD . V a y 'i Torcol.
LA N IE R . - | ’
B riss. tom. 1er, p ag- 3.^3 » genre VIII.
Bel. Hiß.nat des oif.pag. 123. |
Le lanier n’eft connu que par ce qu’en dit Belon,
par-une notice fort courte de M. Linné fur cet
oifeau, 6c une figure qu’en donne Albin. Il paroît,
d’après «es indications, que c’eft un faucon , un
peii plus petit que le faucon commun, dont le
cou, le bec, les pieds font à proportion plus
courts & la. queue au: contraire plus longue. Il a
le haut de la tête, le derrière du cou , le deffus
du corps , lès couvertures des ailes 6c de la queue
d’un brun - noirâtre , ou fans tache j ou varie de
quelques taches blanches , rondes 6c très-petites ;
un trait blanc tranfverfal au-deffus de chaque oe il,
& ces deux traits réunis fur le devant du front en
forme de bandeau ; le deffous du corps blanc, varie
de taches noires lQngitudinales, placées fur le bord
de chaque plume ; les grandes pennes des ailes
noires , les moyennes d’un brun ferrugineux, &
l ’aile étendue , couverte en - deffous de taches
blanches & rondes ; l’iris jaune, la peau qui entoure
la bafe du bec de la même couleur ; le bec
& les pieds bleuâtres , les ongles noirs. ^
Le mâle ne diffère de la femelle qu’en ce quil
éft plus petit.
Belon dit que le lanier fait fon aire en France
fur les plus hauts arbrés des forêts ou fur les
rochers les plus élevés ; qu’il eft plus court empiété
que nul des autres faucons , de naturel plus doux,
ce qui fait qu’on s’en fert à tout propos, qu’il vole
tant pour rivière que pour les champs ; qu’on
l’inftruit aifément à voler & prendre la grue ; que
la faifon oh il chaffe le mieux eft après la mue,
depuis la mi-juillet jufqu’à la fin d’oftobre , mais
qu’il n’eft pas d’un bon fervice en hiver ; qu’il
refte au pays toute l’année, & qu’on le reconnoît
fans pouvoir s’y méprendre à fon bec 6c à fes
pieds bleus 6c fon plumage mêlé fur le devant de
noir fur blanc.
Cet oifeau employé fi journellement dujtemps
de Belon, dont il parle comme étant fi généralement
connu , ne l’eft plus ni en France, ni dans
les états voifins. Depuis que le goût s’eft répandu
pour former des colleâions d’oifeaux ,« perfonne
n’a pu y réunir le lanier. Ne ièroit- ce pas que
Belon n’auroit décrit qu’une variété ; il eft difficile
de concevoir que depuis le temps oh il écri-
v o it , une efpèce aufli indépendante que celle du
lanier fe foit éteinte en France , ou s’en foit éloignée,
fans qu’on la retrouve aux environs, fans
qu’il foit arrivé de révolution phyfique dans ce
royaume , & que rien y ait changé dans l’état des
chofe s : on comprend plus aifément comment
quelquè eirconftance particulière aura produit une
variété qui fe fera multipliée & foutenue - quelque
temps , & qui s’affoibliffant de génération en génération
, fe fera éteinte dans l’efpèce dont elle
" dtoit fortie ; mais comme perfonne n’a encore
été'de. cet a v is , je ne le propofe que comme
une conje&ure.
L an ier cendré. B*riss. tom. 1, pag. 365.’
Voyez Oiseau Saint-Martin.
L A S -D A L L E R . Voyez Butor.
L A V A N D IE R E ( la ) .
P l. enl. 6<)2,fig- 1 & 2.
B riss. tom. 111, pag. 461 , genre X L .
Lavandière cendrée. B e l . Hifi. nat. des oif.
pag. 349-,a/?£. & pag. 350.
Lavandière battequeue , battelejjive haujfe — queue•
Be l . port, d’oif. pag. 88.
Wacerone, en Provence ;
Engouane-paftre, aux environs de Montpellier ,
Peringleo, en Guienne ;
Battajajfe , en Saintonge;
Battiqoüe, en Gafcogne;
Semeur, en Picardie ;
Hoche-queue, en Lorraine ;
Groffe-queue, branle-queue, en Bourgogne.
Damette, en Bugey.; ^ j-
La plupart des auteurs ont nomme la lavandière
motacilla en Latin; plufieurs'l’ont regardée comme
le knipologas des Grecs ; mais M. .le comte de
Buffon démontre inconteftablement que ce knipo-
logas, eft notre grimpereau 6c non pas la la.van~
diere ; fes noms , dans les différentes contrées de
l’Europe , font :
Ballarina , en Italien ;
Aveloa, en Portugais ; • - ■
JVyJfewajfer-fieltz; bach - Jle ltie , &c. en Allemand
; -
A erla , faedes-aerla, en Suédois ;
White water-wagtail, &c. en Anglois. ^
La lavandière eft d’une forme fwelte 6c alongee ;
quoiqu’elle ne foit pas aufli groffe que le moineau
ifranc , elle a fept pouces du bout du bec à
celui de la queue ; mais, la queue a trois pouces
quatre lignes de long, & elle depaffe les ailes
pliées des deux tiers de fa longueur ; le derrière
■ de la tête & le deffus du cou font noirs ; le deffus
du corps, les petites couvertures des ailes & de
la queue, les.,plumes fcapulaires & les côtés de
la poitrine font cendrés ; la partie antérieure de
la tête , la gorge, le devant du cou , le milieu
de la poitrine , les côtés font blancs ; au bas de
la poitrine eft placée une large tache noire ;
elle a la forme d’un fer à cheval ou d’un croif-
I fant ; fa concavité eft tournée du côté de la têtes
I. jgs deux cornes ou branches remontent des
1 deux côtés, du cou , qui eft entièrement noir a
fa partie antérieure, dans quelques individus, voy ep
| pl. enl. 65 a , fig. 1 ; les jambes font cendrées ; les
! grandes couvertures du deffus des ailes font noi-
1 râtres , bordées de gris-blanc ; les pennes font d’un