
la teinte du brun rougeâtre qui en colore la nuance
principale , 6c que , fuivant fa defcription, les pieds
& les ongles font bruns. Il fe trompe encore quand
il dit que les ailes pliées s’étendent jufqu’à la moitié
de la longueur de la queue : elles en paffent de fort
peu l’origine. Cependant, j’ai dit qu’il avoit décrit
ce gros-bec exa&ement : je crois cette propofition
vraie à l’égard d’un oifeau qu’on n’a vu que longtemps
après fa mort, & apporté dans l’eau-de-vie
ou le taffia, comme celui qu’a décrit M. Briffon ; les
parties fe retirent, les nuances foibles font éteintes
& la couleur des pieds eft prefque toujours dénatu-
rée.Combien doncfontfautivesles defcriptions faites
fur des peaux defféchées, 6c bien plus encore celles
qui font prifes d’après des oifeaux confervés dans
les liqueurs fpiritueufes ? Mais , à moins que les
oifeaux ne fuffent décrits fur les lieux mêmes par
des obfervateurs exaéfs, nous n’avons pas d’autres
moyens de les connojtre, ôc après tout, la confère
vation des peaux * l’immerfion même dans la liqueur
, ne changent rien des caractères, principaux ,
altèrent feulement quelque chofe dans les dimenflons
, dénaturent fur-tout la couleur des pieds 6c
affoibliffent quelquefois les teintes du plumage.
Je reviens au gros-bec de Java. Ce petit oifeau eft
remarquable par le luftre 6c l’arrangement de fes
plumes toujours liffes. I l n’y a pas d’oifeau qui ait
plus l’air de la propreté : il aime à fe baigner en
tout temps, fouvent trois & quatre fois en un jour.
Il eft d’ailleurs allez trille & il fe donne peu de
mouvement : il ne vit que .de millet 6c il a refufé
l ’alpift dont lès autres oifeaux font ordinairement
fort avides : il n’a jamais touché non plus au mouron
, aux différentes herbes, aux fruits , à la mie de
pain, au fucre ni à aucun des mets par lefquels
l ’ai effayé de tenter fon appétit : il n’en a eu
jufqu’à préfent que pour le millet dont il confomme
beaucoup plus qu’on ne l’attendroit d’un oifeau de
fa taille ; les nuits font trop longues pour fa faim ,
& , foit qu’il foit allez éclairé dans l’obfcurité, l'oit
que l’habitude lui faffe trouver fa route, il s’approche
plufieurs fois de fon auge dans la nuit &
retourne , après un bon repas!, fur le bâton le plus
élevé de fa cage. Il a un cri affez femblable à celui
du moineau, qu’il fait entendre de grand matin :
il eft fiîentieux prefque tout le refte de la journée ,
excepté dans quelques inftans ou il s’agite & paroît
en une forte de conv.ulfion pour pouffer un chant
b.as, pénible pour lui- ôc qu’on entend à' peine ;
îoMqu’il fe difpofe à ce violent exercice, il s’arrête
fur fon bâton, pofé fur fes deux pieds ôc comme
cramponé ; fa poitrine fe hauffe ôc s’abaiffe d’un
mouvement qui fe communique ju fq u ’au bas-
ventre ; on croiroit qu’il eft oppreffé ôc prêt d’étouffer
; après cette première fecouffe , dont la
durée eft d’environ une demi minute , l’oifeau
ouvre le bec de toute fa largeur ; le ventre , la
poitrine ôc les côtés fe contraâent & fe ferrent
fortement ; on entend fortir, comme du fond du
ventre, un fon étouffé J quoiqu’aigu : il eft fuivi
d’un fécond &. d’un troifième fon qui vont toujours
en montant, fans qu’il y ait aucun demi-ton qui
ferve de liaifon entre ces fons 8c fans qu’on apper-
çoive aucun mouvement du gofier, qui ne paroît
feryir que de paffage à l’air pouffé de plus loin ; le
gros-bec répète ce bifàrre chant trois ou quatre fois
de fuite 8c retombe après dans fon état de filence
ordinaire. Lorfque j’avois le mâle & la femelle 3
ils fe tenoient très-fouvent perchés à côté l’un de
l’autre ; ils paroiffoient remplacer la vivacité ordinaire
aux oifeaux , par un fentiment plus profond
8c par un attachement mutuel ; ils fe careffoient
fouvent, 8c toutes les fois que. le mâle avoit chanté,
la femelle ôc lui fe prenoient par l’extrémité du bec
avec vivacité ; mais leur mouvement avoit un, air
brufque , qui paroiffoit plutôt annoncer le mécontentement
que la fatisfaéfion ; ce qui n’eft cependant
pas probable : la rixe ou l’applaudiffement
n’alloient pas plus. loin. Je crus que ces oifeaux,
fi attachés l’un à l’autre, paurroient donner quelques
fignes d’amour 8c peut-être multiplier fi je les pla-
çois dans un lieu échauffé par le foleil 8c où ils
fuffent dans la folitude , qui paroiffoit leur convenir
, d’après leurs habitudes. Malgré mes foins , ils.
ne parurent rien fentir qui allât juiqu’à de l’amour ,
8c ils ne changèrent rien à leur manière d’être : je
les féparai ; ils n’y parurent pas fenftbles , ni le
fou venir un inftant de leur fociété ordinaire &
de leurs careffes mutuelles. Les affeéfions des.
animaux ne feroient - elles le plus fouvent que
l’effet du moment 8c des circonftances ? C ’eft ce
qui eft du moins probable pour le plus grand
nombre, pour ceux à qui la fociété de l’homme
n’a rien communiqué des fentimens profonds ôc
réfléchis qui n’appartiennent qu’à lu i,. dont, pour
leur bonheur ou leur infortune ,. il n’a pas cultivé-
& développé la mémoire. La perruche à laquelle
les careffes du mâle 6c delafemelle ontfait donner le-
nom de petit ménage, la fidelle tourterelle, lurvivent
fans peine 6c fans regrets , mêm.e extérieurs, à. la
perte de leur compagne. Mais je ne me ferai pas.
un trifte plaifir de détruire ces riantes images du*
fentiment, qui en ont du moins 4’apparence , fi
elles n’en ont pas la réalité : je me plairai à croire
que l’afteéHon pour fon femblable , l’amour pour fa
compagne unifient intimement tous, les êtres ,
quoique je fçache bien au fond que ce. n’eft le plus
fouvent qu’\in lien fuper6c ie l, une. affe&ion momentanée
: je le remarque, parce que la vérité doit,
être offerte la première, 6c même avant les tableaux
de la plus, pure 6c de la plus fatisfaifante morale.
On a repréfenté dans la même planche enluminée
1 39 , fig. i , un autre oifeau du même genre , avec
la dénomination de gros-bec des Moliiques que
M. Briffon lyi donne également , tom. I I I 3 pag„
2.41 3 pl. X I I I j fig. 2 : il eft plus petit que le
jacobin 3 -6c quant au „plumage , il en diffère en,
ce que le croupion, la poitrine 6c le defious du»
corps font variés, ou plutôt rayés de noir 6c de
blanc-fale. L e demi - be.c fupérieur eft noirâtre $
l'inférieur eft gris ; les pieds .& les ongles font
bruns. 1 , . A ^
J a c o b i n (le) huppé de la cote Coro-
Coucou huppé de-la cote de Coromandel. P l.
enlum. 872.
Il a onze pouces de longueur ; une huppe '
étroite 6c peu apparente fur le derrière de la tete ;
tout le deffus du corps, les ailes 6c la queue noirs;
la gorge, le devant du cou 6c le deffous du corps
blancs ; une tache de cette même couleur au bord
de l’aile, du côté extérieur 6c vers les deux tiers
de fa longueur : chaque penne de la queue eft terminée
par une large tache blanche : le bec 6c les
pieds font noirs.
M. de Montbeillard qui décrit le jacobinhuppé d’après
un individu rapporté de la côte de Coromandel
par M. Sonnerat , parle d’un coucou rapporté
du Cap de Bonne-Efpérance par le même
voyageur : il diffère du jacobin huppé en ce qu’il a
un pouce de longueur totale de plus; que fon plu-
mag'e eft noir en-defibus comme en-deffus du corps
6c que fa queue n’eft pas étagée, la feule paire extérieure
étant plus courte que les paires intermédiaires.
GenreL.
J a c o b i n e . Voye^ C o r n e i l l e m a n t e l é e .
JA CO D E . Voyei D r a i n e .
JA CQ U E S . Voye£ Geai.
JA G U A C A T I ( le ) .
Martin-pêcheur huppé de la Louifiane. Planch.
enlum. 7 15 .
Martin-pêcheur huppé de la Caroline. Briss. tom.
IV , pag. 5 1 2 , genre. LV1I.
Alcyon. Catesb. rewz. 1, pag. &pl. 69..
le bec eft noir ; les pieds & les ongles font bruns.
Gatesby dit que ce martin- pêcheur vit de lézards,
de même que de poiffon.
On trouve au Bréfil un martin -■pêcheur qui a
du rapport avec le précédent, 6c dont le nom bra-
filien, fuivant Marcgrave, eft jaguacati -guacu ;
M. Briffon l’a décrit, tom. IV , pag. 5 1 1 , fous le
* nom de martin-pêcheur huppé du Bréfil3 il eft de la
même taille que le précédent ; les plumes du deffus
de la tête forment de même une huppe quand
l’oifeau les redreffe , 6c la diftribution des couleurs
eft à-peu-près la même : la plus grande différence
confifte en ce que ce qui eft d’un cendré-bleu dans
le précédent, eft dans celui - ci de couleur gris-
de-fer ; il eft probable que c’eft une variété produite
M. le comte de Buffon comprend lous le nom
de jaguacati trois martins - pêcheurs , ou plutôt
trois variétés dé la même efpece : tous les trois
font du nouveau continent 6c de moyenne taille.
Le premier fe trouve à la Louifiane 6c à la Caro- !
line : il eft à-peu-près de la groffeur d’un merle ; fa
longueur, du bout du bec à celui de la queue, eft
de dix pouces quelques lignes : la tête, le deffus !
du corps j les couvertures des ailes , celles de la
queue 6c le croupion font d’un cendré-bleuâtre 1 ;
les plumes du derrière de la tête font un peu plus
longues que les autres, 6c forment , en fe herif-
fant, une forte de. huppe : il y a entre l’oeil 6c le
bec un point blanc ; la gorge 6c le haut du cou font
de cette dernière couleur 1 le bas du-cou 6c le
haut de la poitrine font du même cendré-bleuâtre
du dos ; le refte du deffous du corps eft blanc; les
pennes des ailes font noires 6c tachées de blanc
vers le milieu de leur longueur ; fix de ces pennes
en font légèrement bordées à leur extrémité ; celles
de la queue font en - deffous noirâtres du côté,
interne, d’un bleu-çendré du côté extérieur, poin-
tillées. de blanc de ce même côté le lçng'du tuyau
6c à intervalles égaux ; elles, en font auffi bordées
à leur extrémité ; les deux pennes du milieu font
entièrement cendrées 6c fans aucun trait blanc :
par le climat.
Enfin, on a repréfenté ,p l. enl. 593 , 6c M. B riffon'a
décrit, tom. IV , pag. 5M > f ° u? 1® nom de
martin-pêcheur huppé de Saint-Domingue, un troifième
oifeau de ce genre, q u i, par fes^ rapports
avec les deux précédens , peut leur être joint
comme une variété : ce font encore meme gjran-
! deur, couleurs analogues 6c femblable difpoiition
j de quelques plumes prolongées qui forment une
forte de huppe ; feulement on voit fur le bas du cou
de celui-ci un mélange de rouffeâtre qui borde les
plumes, dont le milieu eft d’un cendré-bleuâtre
foible. Les côtés font variés de roux , fuivant la
defcription de M. Briffon, 6c ils font blancs fur la
figure de la planche enluminée ; mais cette différence
vient fans doute des individus que le naturalifte
6c le deflinateur ont obfervés : il y a de même des
Iindividus parmi le jaguacati de la Louifiane, dont
les uns ont le deffous du corps d’un blanc pur, &
tel eft celui que j’ai décrit d’après la peau que je
conferve dans ma colle&ion, tandis que d’autres
l’ont variée de rouffeâtre : c’eft un rapport de
plus entre le martin-pêcheur de la Louifiane ou de
la Caroline 6c celui de Saint-Domingue. Ce dernier
avoit été envoyé, de la baye d’Hudlon à
! M. Edwars.
JAM B E .
L a jambe des oifeaux eft la partie qu’on prend
ordinairement pour leur cuiffe, qui eft à demi-
cachée, quelquefois prefqu’entièrement couverte
par les plumes qui revérifient les côtés du corps ,
qui eft arrondie, qui va en fe rétréciffant de haut
en bas , 6ç. qui s’articule avec le pied cette partie
longuev grêle, dégarnie de plume , couverte d’é-
caille, qu’on nomme communément 6c impro-.
prement la jambe 6c qui eft le tarfe.
Les oifeaux ont en général ou la jambe garnie de
plumes jufqu’à fon articulation avec le pied ,
comme les poules 3 les pigeons , &c. ou nue à
quelque diftance au-deffus de. cette articulation,
comme les hérons , les bécajjes, &c. 6c cette différence
fertià les diftinguer 6c à les claffer.
JA P A C A N I.
Troupiale du Bréfil. Br is s , tom. U , pag. 93 ,
genre X IX .