
qu’il fait de leurs femblables ne les déterminent
pas à fuir ; cependant ce n’eft pas fur mer la laiïi-
tude qui contraint les fous à fe jetter fur les
vaifleaux, comme il arrive dans la traverfée à
des oifeaux de paffage , qui ne font pas nageurs •
que la tempete 8c les vents contraires ont pouffes
au large : les fous peuvent' fe repofer fur les flots,
meme fur les flots agités ; ils font très - bons nageurs
; ils peuvent foutenir un vol fort long, 8c
rarement on en rencontre au-delà de la diftance
à la terre, qu’ils ont coutume de parcourir tous
les jours ; ce n’eft pas fur terre l’inexpérience des
dangers que l’apparition de l’homme annonce à
tous les animaux, qui produit leur fécurité ; ca r,
ils parcourent fouvent des lieux fréquentés ; & ils
y pourroient reconnoître, d’après l’expérience , les
ril'ques qu’ils courent : il faut donc rapporter leur
inertie à un défaut d’inftinft, à un vice d’organi-
fation. Seroit-ce la longueur de leurs ailes, difficiles
à déployer, qui les empêcheroit de fuir?
Mais ils tenteroient de les étendre ou d’échapper
par la eourfe ; ils fuiroient de loin , & les plus
éloignés n’attendroient pas l’approche du deftruc-
teur de leurs femblables. Cependant le récit que
ÿe viens de faire eft fondé fur le rapport des
voyageurs, & je crois qu’on peut ne le pas regarder
comme parfaitement e x a â , au moins, dans
rous les points, ou qu’il ne doit être appliqué
qu’aux fo u s , obfervés dans des îles défertes où
Fhomme ne defcend jamais ; alors fa vue ne les
effraie pas & les autres animaux n’en font pas
non plus intimidés ; ceux - c i font probablement
les derniers que l’expérience inftruife, & ils en
profitent moins qu’aucun autre ; mais j’ai entendu
dire à un grand nombre de perfonnes qui ont été
à C ayenne, qu’à quelque diftance de cette île ,
i l y a un îlot appellé le grand connétable, lieu
défert qui fert de retraite à une innombrable multitude
d’oifeaux de mer : on ajoute, que toutes
les fois qu’on paffe devant cet îlo t , on ne manque
pas de tirer quelques coups de canon, dans l’intention
de fe procurer l’amufement de voir s’élever
•des tourbillons -d’oifeaux , parmi lefquels les
voyageurs comptent les fous ; ainfi dans cette
retraite , autrefois déferte , dont on approche plus
fouvent, où l’on fait des defcentes, ces ftupides
oifeaux le font moins que dans les lieux dont on
m’approche p a s , & la crainte de l’homme, l’effroi
que caufe le bruit de fes armes, font le premier
effet du développement de leur, inftinâ; l’expérience
, à force d’être réitérée , leur apprend à
•craindre ; fur mer elle n’eft que paffagère & fans
aélion fur leurs organes greffiers. Les fous vivent de
poiffon fur lequel ils fondent en planant au-defîùs
de la furface de l’eau ; leur vol eft beaucoup
moins rapide que celui des frégates ; il eft auffi
moins foutenu ; ils ne s’avancent pas à d’auflà
grandes hauteurs, & ne s’éloignent guère qu’à dix
ou douze lieues de la côte dont leur vue annonce
Ju proximité plus furement quê la rencontre des
, f reS----’ Celles--ci font auffi des oifeaux de inef
dont les ailes ont encore plus d’étendue , qui s’en
fervent mieux 8c qui traitent les fous en lâches.
Aufli-tôt qu’ils ont pris un poiffon 8c qu’une fré gate
s’en apperçoit, elle pourfuit le fou qui a fait
capture ; elle le maltraite à coup de bec ; celui-ci
n’eft pas affez prompt pour échapper par la fuite
devant un ennemi dont le vol eft plus rapide ,
quoiqu’aufli bien armé & fouvent d’une corporance
plus forte que la frégate ; il eft trop lâche pour fe
défendre, & il fe délivre de fa pourfuite en regorgeant
le poiffon qu’il avoit avalé ; le combat
le livre en l’air , & l’affaillant fçait fi bien manoeuvrer
qu’il ramaffe la proie au vo l. C’eft fur
les îlots déferts 8c fur les rochers où il y a
quelque peu de terre que les fous fe retirent la-
nuit & qu’ils font leur ponte ; elle n’eft que d’un ou
de deux oeufs, & cependant ces oifeaux font très-
communs , mais il ne paroît pas qu’ils aient beaucoup
d’ennemis à redouter ; les oifeaux de proie
ne peuvent guère les affaillir fur, la mer qu’ils
tiennent tout le jour : & les fommets ifolés où ils.
paffent la nuit, où ils élèvent leurs petits , placés
au centre des flots qui les environnent, font deslieux
fûrs par leur pofition 8c leur éloignement,
de la terre fur laquelle font raffemblés tous les
ennemis qui feroient à craindre. ; ainfi. la nature
a donné la fécondité aux animaux environnés d e
périls & d’ennemis , & une aâion très-bornée dans
le produit de la génération fuflît pour multiplier
beaucoup les individus dans le genre des fous qui.
n ont pas de dangers à craindre. Leur efpèce eft
répandue fur toutes les mers en général, & , comme
les autres oifeaux d’eau, ils diffèrent moins fuivant
les climats qu’ils habitent que les oifeaux de terre ÿ
quelques voyageurs les nomment boubies 8c appellent
guerriers les frégates devant lefquelles ils
fuient , en, pouffant un cri qui participe de celui
de Voie 8c du corbeau.
F o u . Briss. C at.. Voye^ F o u commun.
F o u (grand).
B riss. tom. V I , pag. 497.. Genre CX*
C at. tom. I , pag. 86»
Il eft auffi gros qu’une oie y 8c il a environ fix pieds
de vol ; la tête , la gorge ,. le cou , la poitrine &
le deflùs du corps font d’un brun - foncé , varié1
de taches blanches , fort petites 8c rapprochées
fur la te te , plus larges 8c moins nombreufes fur
le cou , fur la poitrine 8c fur-tout fur le dos ; le
deffous du corps eft d’un blanc - fale ; les pennes
des ailes 8c de la queue font brunes ; l’iris eft de
couleur de noifette ; la peau nue entre l’oeil 8c
le bec eft noirâtre ; le bec eft gris-brun ; les pieds ,
les doigts, leurs membranes , les ongles font noirs :
c eft fur les côtes de la Floride qu’on trouve cet
oifeau, le plus grand qu’on; connoifle de fon genre ;
cependant, en l’année 17 7 3., un habitant des environs
de Ja ville d’Eu en trouva un dans la
campagne près de cette ville ; il l’approcha 8c le
prit en lui jettant Ion habit fujr Je corps ; il parut
ftupide au point de ne pas fe. baiffer, les premiers
jours, pour amaffer le poiffon qu’on lui jettoit &
qu’il n’avaloit qu’autant qu’on le lui préfentoit à
la hauteur du bec ; il demeuroit accroupi & refu-
foit de marcher, mais en peu de temps il fe fit a
fon nouveau genre de vie , devint familier 8&
s’accoutuma à fuivre fon maître même avec importunité
, en pouffant de temps en temps un cri aigre
8c rauque. Il a vo it, fans doute , été emporté
au large 8c égaré par quelque violent coup de
vent 8c ne connoiiïant plus 1a route , la fuite de
fon vol l’avoit amené fur nos côtes. Sa defeription
8c la manière dont il fut pris , ont été inférées
dans le journal de phyfique pour le mois de juin mm I H F o u (pe tit).
Fou de Cayenne. PI. enl. 973*
Cette efpèce n’eft connue que par la planche
enluminée qui la repréfente , 8c la defeription
que M. le comte de Buffon en fait dans les termes
luivans :
« Sa longueur, du bout du bec à celui de la
queue , n’eft guère que d’un pied & demi ; il a
î? la gorge, l’eftomac 8c le ventre blancs, & tout
j> le réfte du plumage eft noirâtre ; il a été
v envoyé de Cayenne ».
Le bec 8c les pieds paroiffent jaunâtres d’après
la figure colorée. Genre CX.
F o u BLANC.
B r is s . tom. V J , pag. 501. Genre CX.
Il eft un peu plus grand que. le fou commun. Sa
longueur eft de deux pieds fept pouces ; il a cinq
pieds deux pouces de vol ; tout le plumage eft
blanc, excepté les couvertures du demis des ailes
les. plus éloignées du corps & les pennes qui font
brunes ; la peau , dégarnie de .plumes entre l’oeil
& le bec, eft d’un rouge fort v if ; le b e c , les doigts ,
la membrane qui les unit font auffi colorés en
rouge , 8c les ongles font rougeâtres. Le fou blanc
fe trouve , ainfi que le fou commun, dans les
régions chaudes ou tempérées de l’ancien 8c du
nouveau continent ; il eft moins commun 8c fe
précipite plus rarement au-devant du danger, en
fe jettant en mer fur les vaifleaux.
F o u brun ( petit).
Fou brun. Br is s . tom. V I , pag. '499. .
Fou brun de Cayenne. PI. enl. 974.
Il eft à - peu - près de la groffeur du canard
domejlique : tout fon plumage eft brun, plus foncé
en - deflùs 8c plus clair en - deffous , excepté le
croupion, le deflùs & le deffous de la queue qui
dont d’un gris-blanc; la peau nue entre le bec &
l’oeil eft rouge ; le bec 8c les pieds le font auffi :
on trouve cette efpèce en Afrique, 8c fur les .mers
des pays méridipnaux en Amérique. Genre CX.
F o u brun. Briss. tom. IV , pag. 499. Voyef
F o u brun (petit).
F o u brun de Cayenne. P I. enl. 974, Voye^
F o u brun (petit).
Fou commun..
Fou. Br is s . tom. V I , pag. 495. Genre CX.
C at. tom. I , pag. 8c pl. 87.
Sa longueur eft ae deux pieds cinq pouces , fa
groffeur celle d’une petite oie : il a cinq pieds de
vol ; tout le plumage eft d’un cendré - brun ,
excepté la poitrine , le ventre, les côtés , les
jambes & le deffous de la queue qui font blancs;
les couvertures du deflùs des ailes les plus éloignées
du corps 8c les pennes font d’un cendre-noirâtre ;
celles de la queue font d’un cendré-brun , 8c vont
en diminuant des intermédiaires aux latérales ;
l’iris eft d’un gris - clair , un efpace. nu entre le
bec & l’oeil eft couvert d’une peau jaune ; le bec
eft gris ; les pieds, les doigts, la membrane qui
les lie font d’un jaune-pâle, les ongles gris. Il y a
dans cette efpèce des individus dont le plumage
eft entièrement d’un cendré brun ; d’autres qui
ont tout le deffous du corps blanc, & quelques-
uns qui font de cette couleur fur tout le corps.
Les fous communs fe trouvent fur les mers de
l’ancien 8c du nouveau monde ; mais ils font plus
communs dans les régions chaudes 8c ils ne paffent
pas au-delà des climats tempérés.
F o u de Baffan.
P l. enl. 278,
Briss. tome V I , pag. 503 , pl. X L 1V.
Oie de Bajfan par les François ;
Soland goofe par les Anglois ;
Sula par les habitans de l’île Ferroë. M. Briflon
a donné ce nom en latin à tous les oifeaux de ce
genre.
L e fou de Baffan eft de la groffeur d’une oie ;
il a trois pieds moins un pouce de long , cinq
pieds trois pouces de vol ; tout le plumage eft
d’un beau blanc, excepté les couvertures du deflùs
des ailes les plus-éloignées du corps , 8c les neuf
plus grandes pennes des ailes qui font brunes ;
l’iris eft jaunâtre ; la peau , nue entre le bec & les
y e u x , eft d’un bleu-foncé ; il y a également une
peau nue fous le b e c , 8c de chaque côté de fa
bafe , elles font bleues ; le bec eft bleuâtre : la
membrane qui couvre les pieds eft noire avec un
trait bleuâtre fur le pied, qui fe fubdivife en quatre
traits étendus fur chacun des doigts. Cet oifeau
fe trouve dans~ l’île de B a jf ou Bajfan dans le
golfe d’Edimbourg 8c dans les autres îles Hébrides ;
il n’y refte pas toute l’année , mais il y vient au
printemps, y paffe la belle faifon , dépofe fes oeufs
dans les trous des rochers , & part à l’automne -
La chair des petits, quoique confervant le goût
de poiffon , n’eft pas un manger abfolument mauvais
; on leur fait en conféquence’ la chaffe 8c on
les prend en graviffant aux rochers, ou en descendant
le long de cordes attachées à leur fommet ;
les vieux ont la chair trop dure pour qu’on en
puiffe faire ufage ; ces fo u s , pourfuivis dans leur
retraites fur des îlots qui font partie de l’Europe ,
ne font guère moins ftupides que les autres oifeaux
de leur genre , fixés plus loin du lejour de l’homme ;
ce qui prouve que leur ftupidité dépend de leur