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depuis plus de temps & qu’il a fouffert une plus
forte évaporation. Cette évaporation paroît riécef-
faire pour la formation 6c le développement du
poulet, puifque, fuivant M. de Réaumur, l’humidité
des lieux où fe fait l’incubation artificielle, s’oppofe
au fuccès de cette opération, fans doute en di-
•minuant la vaporifation d’une partie des fluides
d e l’oeuf. Il eu vraifemblable que les vaiffeaux
-de la coquille peuvent encore àbforber quelque
•fluide de l’atmofphère, ; puifque,, d’après l’obfér-
■ vation ;du même phyficien, les vapeurs., & en
particulier celle du charbon, mettent un obftacle
a la nutrition du poulet 3 & peuvent même lui ôter
la vie. ,
Sous la coque fe trouve une membrane mince,
molle , d’un tiffu affez ferré & qui revêt toute
la paroi interne de la coquille , excepté vers le
^ros bout de Yoeuf 3 - oh elle s’en détache pour
former une petite cavité lenticulaire ou fphé-
roïde applatie , qui augmente peu - à - peu par
3 évaporation , comme nous l’avons déjà fait
obferver. Cette membrane eft l’enveloppe commune
des parties intérieures de Yoeuf, & la co-
-quille n?eft deftînée qu’à la foutenir & à la pré- \
Terver, airifi que le -germe, du choc & du con-
ta â des corps extérieurs qui auroient3 fans cela ,
iporté atteinte à ces^organes délicats. Cette coque
-lolide préfente en outre un point d ’appui à la
'-poule, q u i, en fe couchant fur les oeufs, en au-
roit détruit l’organifation, comme cela a lieu
pour les oeufs hardés.
C ’eft dans la membrane externe & commune
•que nous venons de décrire, que font placées & j
-retenues, les parties intérieures & les plus hnpor-
üantes -de Yoeuf. Ce que tout le monde connoît
I fous le nom de blanc d ’oeuf, eft une liqueur
lymphatique , affez conftftante , douce 3 miflible à
l ’eau, renfermée dans des membranes particulières
dont les prolongemens forment autant de cellules
qui .contiennent cette humeur. G’eft pour cela
qu’elle ne s’écoule d’un oeuf caffé que lorfqu’on a
déchiré une portion de cette membrane. Ce blanc
eft donc difpofé régulièrement ; il forme deux
couches bien féparées les unes des autres &- que
l ’on peut très-bien appercevoir dans un oeuf durci.
-L’un de ces blancs eft extérieur ; il a la forme
•ovale ou ellipfoïde de la coquille ; il eft renfermé
dans une -membrane particulière, dont la furface
interne envoyé des prolongemens cellulaires qui
le divifent en beaucoup de petites lo g e s; fon
épaiffeur eft aftez confidérabïe. Le blanc intérieur
qui eft aufli lymphatique , mais plus vifqueux &
plus confiftant, a une forme ronde ; il eft contenu
dans une membrane particulière, & il enveloppe
exactement le jaune.
C e dernier renfermé dans une tunique aftez
forte, quoique très-fine & tranfparente, eft formé
d’un fluide épais, lymphatique, concrefcible & huileux.
C ’eft une efpèce d’émulfion animale deftinée
^ nourrir le poulet to u t -à - fa it formé, ôt-même I
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éclos, & les blancs, plus faciles à digérer, lui fervent
de nourriture pendant fa formation 6c fon
accroiffement dans Yoeuf
A chaque extrémité du jaune on”trouve un cordon
appellé chala^on, compofé de trois globules
femblables à des grains de grêle, grandines, réunis
' enfemble & comme enfilés. Ces cordons t connus
d’Ariftote, bién décrits par ce philofophe, fervent
à lier & à réunir enfemble les différentes membranes
dont nous avons parlé, & qui fe trouvent collées
& attachées folidement aux deux bouts de Yoeuf.
M. de Haller compare ces ligamens muqueux, qu’on
nomme communément glaires, à des pôles qui
fulpendent le microcofme fa Y oeuf En effet, ces cordons
retiennent les diverfes humeurs dans leur
pofition refpeCHve , & comme ils ne traverfent
point dans leur milieu , les deux blancs 6c le jaune,
mais qu’ils les coupent en deux hémifphères inégaux
, il doit arriver que l’hémifphère le plus
petit & le plus léger du jaune occupera toujours
la partie la plus élevée ae Yoeuf. C’eft pour cela
que de quelque, manière qu’on le place 6c qu’on
le retourne, la même face du jaune doit toujours
fe ti ouver placée .dans la partie la plus élevée. Ce
moyen {impie & que nous appellerions ingénieux
s’il étoit dû à l’art , fait que c’eft toujours la même
partie de Yoeuf qui eft expofée immédiatement au
contaél de la poule fans l’incubation, 6c qui éprouve
la plus grande chaleur.
C’eft entre les deux chaînions, 6c à la furface
du jaune, que l’on obferve un petit corps blanc
qui ferpente eonftamment dans l’endroit où l’on
brife la coquille. Ce corps eft prelque circulaire ,
placé dans la membrane du jaune, & il offre la
forme d’une lentille platte. En l’examinant attentivement,
on obferve dans fon milieu un point blanc
dont l’oeil nud ne peut appercevoir fenfiblement
J ’organifation. Ce corps , que les Latins ont appellé
cicatricula , 6c que l’on connoît dans notre langue
fous les noms de cicatricule ou de germe, eft la
partie la plus importante de Yoeuf fécondé. Les
blancs 6c le jaune n’en font que les acceffoires 6c
l’aliment, & c’eft dans la cicatricule qu’eft renfermé
le myftère de la reproduction. Le poulet y a été
obfervé par Malpighy , 6c tout le monde peut l’y
retrouver à l’aide d’une bonne loupe ; l’oifeau y
repofe fans mouvement apparent; toutes les. parties
y font fi finement demnées & fi exactement
pliées les unes fur les autres, qu’elles n’occupent
qu’un efpace très-petit. L ’embryon nage dans un
fluide contenu par une bulle en velfie qui répond
a Yamnios des autres animaux. Malpighy n’a trouvé
cette bulle 6c le foetus organifé que dans les oeufs
fécondés ; les oeufs inféconds que la poule donne
fans avoir eu de communication avec le mâle, ne
lui ont offert qu’une cicatricule plus petite, d’un
tiflu différent, formé de cercles concentriques ,
6c dans le milieu de laquelle il y avoit une efpèce
de môle informe 6c fans organifation. Cette déoe
u f
couverte , une des. plus belles- qu’on ait faites,
relativement à la génération S E f f i g l bea“ c° “ P
fur les effets de l'incubation. Elle démontré que
la chaleur de la poule, amfi que la chaleur artificielle,
développe & dilate les parties, de 1 embryon,
que les fluides, du foetus raréfiés, fx mis en
mouvement par cette chaleur „deviennent bientôt
un Jlimulus qui va porter M io n . & la. vie dans 1 ani-
mal ;que la première contradion des.fibres, mul-
culaires une fois excitée , celles qui en .font la
fuite, néceflàire dilatent Ôt étendent les vaifleaux, ôc
les fibres, 6c propagent la force vitale du centre a
la circonférence ; de forte que la première ébauché
fe defline peu-à-p.eu ,. s’aggrandit, prend des traits
plus marqués , 6c forment enfin le . poulet , qui
trouve dans fa demeure, ce qui eft neceffaire a fa
vie & à fa nutrition. Te l eft en general le refultat
de l’incubation ; mais il eft néceffaire den examiner
les phénomènes avec plus de detail, pour
comprendre la formation 6c le développement
de l'embrion.
C’eft en ouvrant, quelquefois d’heure en heure ,
des oeufs pendant l’incubation , que^ les hommes
célèbres cités plus haut, ont conftate les change-
mens qui arrivent par la chaleur de la poule, dans
l'es parties de Yoeuf. Sans décrire avec . une exac-
titude fcrupuîeufe tous les phénomènes de l’incubation,
comme l’a fait l’inlatigable Haller , ^nous
én indiquerons feulement lès faits principaux.
Voye%_ Opéra minora, tom. 1 /ƒ• Ce volume eft
entièrement deftiné aux phenomenes de l oeuf
pendant l’incubation. Haller en décrit les phénomènes
prefque heure par heure. V. auffi le Dictionnaire
anatomique de l’Encyclopédie méthodique.
Si l’on ouvre un oeuf 6c qu’on l’obferve apres fix
Heures d’incubation , on voit la cicatricule conft-
dérablement augmentée ; la bulle contenue dans
fon milieu, eft remplie d’une liqueur, dans laquelle
on apperçoit diftinâement la tete du poulet
réunie à l’épine ;- la tête & les vertèbres^font
beaucoup plus fenfibles à douze heures d incubation
; à dix-huit heures, la tete paroît groffie 6c
l’épine alongée ; à vingt-quatre la tete eft recourbée
, l’épine du dos eft blanchâtre, les vertèbres
font dégagées en petits globules des deux
côtés de l’épine, les’ailes commencent à paroxtre ;
à trente heures tout eft augmente , on voit autour
de Yamnios les-vaiffeaux ombilicaux dune couleur
obfciire ; au bout de trente-huit heures, on diftingue
dans la tête trois véficules enveloppées de membranes.
tranfparentes qui fe propagent fur 1 épine ;
à quarante heures les premiers objets. font plus
développés r les vertèbres font épaiflies., les membranes
de la tête , devenues plus épaiffes, cachent
en partie les organes qu’elles renferment ; on voit
la première ébauche des yeuxi, Je coeur bat 6c le
fang circule. Au bout de deux jours , le coeur pendant
hors de la poitrine bat trois fois de fuite , en
raifon du paffage fucceflif du fang de Yoreillette
dans les ventricules^.du ventriçule.dans les arteres,
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& de celles-ci dans les vaiffeaux ombilicaux ; à
foixante - deux heures d’incubation , la. tête du
poulet eft toujours penchée, la liqueur, dans.laquelle
il nage eft plus confiftante , on apperçoit des vail-
feaux fanguins fur les véficules du cerveau. Au
: bout de trois jours on diftingue l'épine des ailes Oc
; des cuiffes , le corps, fe garnit. de chair , on re-
: connoît la prunelle , le criftàllin & l’humeur vitree
' dans le globe de l’oeil ; au quatrième, jour,, les
ailes & les cuiffes font alongées & plus fcmdes ;
on apperçoit très-bien les vaiffeaux • ombilicaux
hors de l’abdomen ; à la fin du fixième jour le bas-
ventre paroît fermé & tuméfié ; le foie tres-diihnct
eft d’une couleur obfcure , le battement du. coeur
. eft fenfible dans fes doubles cavités, le corps du
poulet eft recouvert de- la peau;, fin: làquefle an
obferve le.s points des plumes naiffantes ; le lep-
tième jour.la tête eft groffe , on yoit hien le b e c ,
les extrémités inférieures & les ailes font bien
figurées ,. les. deux ventricules, du coeur font iepa-
:;rés & préfentent comme deux coeurs ; a la fan du,
neuvième jour le poumon paroît d’une couleur
blanchâtre ; au dixième, les mufcles des ailes font
apparens; au onzième „ le * artères jufqu alors elotr, ■
gnés du coeur , viennent , p ou r-am fi- dire, s y
réunir , & le vifcère mufculeux eft parfaitement,
conformé. Depuis cette époque jufqu’au vmgt-
ünième jour que le poulet, cafte fa coquille ot en.
fort, on n’obferve plus qu’un développement lue-,
ceffif & continuel. , . ,
Pendant ces différens. temps, de 1 incubation , 1e.
blanc diminue à mefure que 1 o. poulet en abtorbe
une partie,: le jaune, change, de forme ; il s ap-
platit ; il fe creufe pour laiffer fa place au jeune
o i fe a u .& la membrane qui recèle l’animal porte
alors le nom de lit ou de couche. Lorfque tout le,
blanc eft abforbé, le jaune eft la dermere nourriture
du poulet; il eft.encore tout entier quand il
n’y, a plus, de- blanc ; on a trouvé une communication
immédiate entre les inteftins du poulet 8C.
le jaune, & on. a, obfervé- dans les vffeeres ce
fluide avec toutes, fes propriétés , deforte qu U
fert d’aliment au popJTm quelque temps apres.qu il
e ftforti de l’oeuf. . , _
Le poulet, après, avoir pipe, caffe fa coquille par
un mécanifme particulier,, & qui n’a ete connu
que depuis deux ans. La. portion du bout de la,
coquille qu’il doit caffer, eft feparee du reftede
cette matière par un, petit cercle plus, clair, c eft
dans cet endroit qu'elle fe détaché & . que.lle.-
s’ouvre. M. Pinçon , chirurgien & habile anato-
mifte a de plus découvert fur la pointe de la.
mandibule fupérieure du bec-, un petit tubercule
dur & rénûent qui fe deffiéche & qui tombe peu
I après la fortie du poulet , & a l’mde duquel
i il pouffe & percute à -coups redoubles le bout de
' la coquille, qu’il parvient à foulever & a deta-,
cher.Voyer à ce fujet les difeours generaux
Tellesfont les notions qui m’ont paru les plus claires
Sdes plus Amples fur la ftruétur^de 1 oeuf & fur les