
font en général en même - temps du nombre des
oifeaux nobles. Il en faut cependant excepter la
crefferelle, qui fait une claffe à part, & qui, du
nombre des rameurs par la conformation de fes
ailes, eft, par celle de fes ferres , réduite au rang
des oifeaux ignobles. Tous les oifeaux de baße
yolerie au contraire , ou les voiliers 3 font ignobles ,
mais à différens degrés.
L eb e c , cette arme-firedoutable dans les oifeaux
de proie, eft plus arqué dans les rameurs ; fa courbure
commence plus près de fon origine ; fa
pointe plus acérée, eft accompagnée de chaque
côté d’une échancrure & d’une afpérité , qui la
rendent plus propre à incifer & à déchirer. Le
bec des voiliers eft moins arqué, fa courbure
commence à plus de diftance de fon origine, &
fa pointe plus moufle, eft Ample & unie fur fes
côtés.
Enfin l’oeil des rameurs eft ordinairement noir ;
celui des voiliers eft jaune, le plus communément.
En rélumant les objets fur lefquels nous venons
de nous étendre pour les faire mieux connoître ,
nous trouverons que les oifeaux de proie , ceux
au moins que l’Europe fournit, font divifés en
deux clafles.
Celle des oifeaux de haute volerie , appellés
rameurs par M. Huber.
Celle des oifeaux de baffe volerie que M. Huber
nomme voiliers.
Que les rameurs font tous, à l’exception de la
crefferelle, du nombre des oifeaux nobles , & que
les voiliers font tous des oifeaux plus ou moins
ignobles : que les caraéfères des rameurs ou oifeaux
de haut v o l, qui font en même-temps nobles, font
d’avoir les dix premières grandes pennes de l’aile
entières, les doigts longs & déliés, le bec fort
arqué, fa pointe écfiancrée, l’oeil noir. Que les
caractères des voiliers ou oifeaux de baffe volerie,
qui font en même -.temps ignobles, font d’avoir,
les cinq premières grandes pennes de l’aile éçhan-
crées , d’inégale longueur ; les doigts courts &
maflifs j le bec arqué , ne commençant à fe courber
qu’à quelque diftance de fc?n origine, fa
pointe fimple , fans échancrure , & l’iris jaune.
En entrant dans le détail de ces objets, nous
trouverons que la fauconnerie n’employe que fix
à fept efpèces d’oifeaux de haut vo l, rameurs 8c
nobles, & deux efpèces feulement d’oifeaux de
baffe volerie, voiliers & ignobles.
Il eft très difficile de déterminer & de nommer
précifçment ces différentes efpèces , quoique peu
pombreufes, à caufe de l’obfcurité & de la çon-
fufion produites par l’extrême variété des noms
employés en différens temps & par les divers
auteurs. Jè m’éloignerois trop de mon objet, &
je courrois rifque de le perdre de vue fl je l’en-
treprenois dans ce moment. C ’eft un travail qui
fera mieux placé en traitant 4de chaque efpèce en
particulier*
Je me contenterai donc , pour l’inftant , dé
défigner les oifeaux enployés à la fauconnerie par
les noms les plus généralement ufités.
Les oifeaux de haute volerie, rameurs & nobles 3
fl^ht le faucon 3 le gerfaut 3 le facre , le hobreau ,
Y émerillon.
Les oifeaux de baffe volerie 3 voiliers & ignobles ,
font Y autour, Y épervier.'
Mais ces efpèces ont .des variétés produites par
l’âge, le climat, & fur-tout par le fexe. Ces variétés,
dont plufieurs ont été prifes pour des efpèces , multiplient
le nombre des oifeaux employés dans la
fauconnerie.. La variété feule des fexes le double,
puifque , dans chaque efpèce, le mâle ou tiercelet
eft diftinâ de fa femelle par fa taille ; que d’un tiers
plus petit, il eft regardé, par rapport à l’art, comme
s’il conftituoit une efpèce à part.'Je m’occuperai de
ces différens objets en traitant des efpèces.
M. Huber, après m’avoir fourni la bafe & la
partie eflentielle des faits que j’ai rapportés juf-
qu’à préfent, fait deux remarques.
Il obferve que la divifion des oifeaux de proie
en rameurs 8c en voiliers , fondée, par rapport à
ceux qu’on trouve en Europe , fur des cara&ères
tranchans & fortement exprimés, laifle des doutes
par rapport aux oifeaux de proie qui vivent fur
les autres parties du globe. Il demande fl parmi ces
oifeaux il n’y a pas des efpèces intermédiaires qui
tiennent des deux clafles, qui les rapprochent ÔC
qui les lient.
Les voyageurs peuvent feuls répondre à cette
queftion intéreflante pour la fauconnerie & pour
l’hiftoirç naturelle. Les peaux sèches d’oifeaux qu’on
envoie ne mettent pas à portée d’y fatisfaire ; il
faudroit pouvoir examiner ces peaux, en grand nombre
, à leur arrivée ; il eft trop tard quand, préparées
& montées , elles ont été placées dans les collections,
car les peaux alors ne font plus flexibles ;
on ne peut étendre les ailes, ni manier & examiner
ces mannequins, objets de la curiofité de
ceux qui les pofsèdent, fans les endommager ,
fans en altérer l’élégance & la difpôfltion , 8ç
c’eft à quoi les pofleüeurs fe refuferoient.
On peut bien répondre, d’après quelques exa-i
mens plus ou moins ^pmhreux , que la divifion
établie , par rapport aux oifeaux de proie d’Europe
j paroît en général avoir lieu pour les oifeaux
de proie des autres parties du globe ; mais on ne
peut rien ■ déterminer à cet égard, rien avancer
de fixe & de précis. C ’eft moins à confirmer l’u-
niverfalité de la divifion qu’on doit s’attacher,
qu’à connoître & faiflr fes exceptions 3 fl elle en
admet. Nous invitons les voyageurs à s’occuper de
cet objet important pour l’hiftoire des oifeaüx ;
eux feuls, peuvent fournir les éclaireiflemens de-*
mandés, à portée, comme ils font, d’examiner
les oifeaux vivans ou récemment tués, de fe procurer
toutes les efpèces, & d’obferver dans tous
les lieux.
La fécondé remarque de M. Huber a pour objet
le
le vol en général. Selon lu i, tous les oîfeaux,
même ceux qui ne font pas oifeaux de proie, font
rameurs ou voiliers 3 mais ces deux clafles, diftinétes
& ifolées, parmi les oifeaux de p roie , font rapprochées
8c liées parmi les autres oifeaux'par un
grand nombre de nuances : de-là les combinaifons
multipliées dans le vol des oifeaux fuivant qu’ils
appartiennent plus ou moins à l’une des deux
clafles. C ’eft fur ces combinaifons que les oifeaux
de proie qui les connoiffent par inftinét ou par
expérience, dirigent leur plan d’attaque & fe
conduifent dans la pourfuite ; que l’oifeau de proie
Voilier laifle partir, fansfe mettre en mouvement,
l’oifeau rameur par excellence qu’il ne pourroit pas
atteindre ; qu’au contraire l’oifeau de proie rameur
s’élance fur toute forte de p roie , également en
état d’aflaillir dans. les hautes régions , & de fe
précipiter fur fa viétime dans les inférieures : c’eft
de même , d’après ces combinaifons du v o l , que
les mouvemens des oifeaux de proie font réglés
8c déterminés, pendant la pourfuite 8c autant que
dure l’aâion. Ainfi les moyens de fuir & de
pourfuivré font les mêmes ; les mouvemens pour
échapper font fixés & déterminés dans la proie
par ces moyens 3 8c les mouvemens pour atteindre
font modifiés dans l’oifeau de- proie fuivant les
facultés de l’animal qu’il pourfuit. La proie bornée
, eft néceflitée dans fes mouvemens ; l’oifeau
carnaffier 3 le rameur fur-tout, pleinement libre ,
déploie , refsère 8c modifie fes facultés fuivant
celles de fa viftime à laquelle il fe proportionne.
Quoique les notions fournies par M. Huber
foient neuves & intérèflantes , elles laiffent encore
plufieurs chofes à defirer. Cet habile obfêrva-
teur ne nous a donné que les caraâères extérieurs
des oifeaux de proie : c’eft à l’anatomie
à comparer les forces motrices des rameurs 8c des
voiliers 3 celles qui font agir leurs ferres y la longueur
, l’arrangement des leviers que meuvent ces
forces ; la fabrique , l’infertion des mufcles qui
les mettent en aéiion ; la difpofition des tendons
8c l’augmentation de force que produifent les
poulies de renvoi autour defquelles ils circulent ;
à comparer les organes de la refpiration & le degré
de chaleur naturelle entre des êtres , dont les uns
s’élèvent dans les hautes régions de l’air ,• y ref-
pirent librement & long-temps, fans être incommodés
ni rebutés par le froid piquant qui y règne 3
dont les autres, conftitués en apparence de même ,
ne s’élèvent que rarement, & pour peu de temps.
au-deflus des baffes régions auxquelles ils femblent
fixés. Toutes les fois que les àétions font très-
différentes , les organes diffèrent auffi certainement
beaucoup. Mais , outre que Pétât de la fcience ne
nous fourniroit pas fur ces objets tous les détails
& toutes les lumières qu’on peut defirer, en nous en
occupant, nous nous écarterions trop de notre
fuje t, & nous paflerions les bornes que la nature
dé l’ouvrage nous prefcrit : je me contenterai
donc d’avoir offert ces objets aux recherches des
Hifoire Naturelle. Tome 11.
ariatomiftes, 8c après avoir indiqué les caractères ,
au moins extérieurs -, qui nous font diftinguer &
divifer les oifeaux de proie , je pafle aux moyens
de fe les procurer.
Manières de prendre les oifeaux.
On prend les oifeaux de proie ou dans le nid,
ou formés & en état de fubvenir eux - mêmes à
leurs befoins.
On appelle niais les oifeaux qu’on déniche ;
fors ceux qu’on prend jeunes avant qu’ils aient
mué pour la première fo is, &c hagards ceux qui
ont déjà fubi une ou plufieurs mues ; différence
qui fe reconnoît aux mouchetures & aux nuances
du plumage.
Les branchiers font des oifeaux q u i, fortis du
nid , fautent de branche en branche , fans pouvoir
encore vo le r , ni atteindre leur proie. M. Huber
veut qu’on néglige abfolument ces oifeaux, &
qu’on efface des termes de la fauconnerie le nom
que quelques auteurs leur ont donné : il fe fonde
• fur ce que les branchiers déjà faits en partie , fans
être cependant to u t - à - fa i t formés, s’habitue-
roient difficilement à la nourriture qu’on leur
donneroit ; fur ce q u e , avides de la liberté dont
ils ont déjà joui , il feroit impoflible de les
retenir, fans les foumettre aux exercices de Y affaitage
ou de l’art de les dompter qu’ils ne feroient
pas en état de fupporter, à caufe de la foiblefle de
leur tempérament 8c de la délicatefle de leurs
membres. On prend les oifeaux dans Y aire ou
n id , pendant qu’ils font encore couverts de duvet
au moins fiir la tête. Plus âgés , ils fe forment
difficilement au régime qu’on eft obligé de leur
faire obferver.
On les élève en liberté : la contrainte & la
captivité amoliroient leur cara&ère & énerve-
roient les principes de leurs facultés, qui ne fe
développeroient qu’imparfaitement.
La plupart des chofes qui me reftent à dire fur
cet article font communes entre les oifeaux.de
haut & de bas vo l; mais il y a quelques obfer-
vations particulières à chacune de ces deux fortes
d’oifeaux. De quelqu’efpèce que foient les niais ,
on leur attache des grelots aux pieds en les recevant
; puis on les place dans Y a ire qu’on leur a
préparé ; c’eft pour les oifeaux d e . haut vol un
tonneau défonce à un de fes- bouts , couché ,
couvert en-dedans d’un peu de paille, pofé fur
un mur bas , ou fur un tertre a la portée du
maître, l’ouverture tournée du côté du levant.
Pour les oifeaux de bas v o l, Taire eft une hutte
. de paille nattée : on la pofe fur un arbre peu
I élevé à la portée de la main.
Un aflemblage de planches qu’on adapte à l’ouverture
du tonneau, ou à un des bords de la
. hutte figure une forte de table ; elle feit aux
premières courfes des jeunes oifeaux, & à recevoir
le pat ou nourriture qu’on leur donne. Elle
C