
a s’accoupler au mois de mai ; ils ont alors un cri
particulier auquel ils fe rendent de très - loin ; un
mâle fuffit à plufieurs femelles, & le lieu où elles
le rendent auprès de lu i, à fon cri d’appel, eft
battu comme l’aire d’une grange.
La femelle pond au mois de juin quatre ou cinq
oeufs, d’un vert luifant ; elle conduit fes petits de
meme qu’une poule ; ils fe tapiffent contre terre
aulïi-tôt qu’ils entendent du bruit & fe laiffent
prendre fans remuer de place ; ils ne font en état
de voler que vers le milieu du-mois d’août.
Ayant prié une perfonne qui paffoit en Berr),
dans l’é té, de m’en rapporter la petite outarde, je
reçus une feule peau d’un mâle & quatre peaux
de femelles ; cependant la perfonne qui me les
procura , les avoit prifes. au hazard, comme on
les lui avoit apportées du marché où elle en avoit
fait demander. Cette anecdote me femble. confirmer
le témoignage de M. Salerne-, qu’un mâle
fuffit a plufieurs..femelles , & d’après ces deux ob-
fervatlons, il par oit qu’elles font plus nombreufes.
dans cette efpèce que ne le font les mâles.
La petite outarde eft très - difficile à approcher ;
elle part de très-loin , s’éloigne d’un vol roide &
bas a la diftance de deux ou trois oeiits p a s , &
elle court enfuite avec tant de rapidité que l’homme
le plus léger auroit beaucoup de peine à l'atteindrê.
Du temps de. Belon, fa ire de là canepetière. ,. étoit
une expreffion triviale pour défigner les perfonnes
d’un caraélère méfiant & rufé. Auffi ufe-t-on, pour
la chaffe de cet oifeau , à - peu - près des mêmes
moyens qu’on emploie pour chaffer la grande, outarde.
Sa chair eft noire & paffe pour un mets exquis.
Quoique l’acquifition de la petite outarde ne
foit pas auffi importante que celle de la grande
elle mériteroit cependant quelque attention , &
ïardeur du mâle., qui luffit a plufieurs femelles,.
femble annoncer plus de facilité à réuffir dans la
tentative que l’on feroit pour rendre cette efpèce
domeftique ; ce feroit en quelque forte l’équivalent
du fa ifa n , pour la groffeur, pour la qualité de la
chair, la.manière. de propager l’efpèce. & d’élever-
l'es petits.
11 paroîtrafans doute, extraordinaire qu’un oifeau
connu dans» quelques provinces de. France, où il
rieft que de paffage, où il eft affez commun pour
qu’en une matinée d’un jour de marché on en ait
fourni cinq à la perfonne qui m’en a rapporté
du Berri, & qu’elle en ait refufé plufieurs autres,
ce mêjne. jo u r , ne foit pas connu dans, les- autres
provinces- du royaume., ni dans- les contrées li-
mitrophes.de l’Europe. Qù donc eftlaretraite.de
cet oifeau en hiver ?. comment fe cachert-il dans
fon palfage & dérobe-t-il.la marche ? X e font-autant
de queftions dont; la réponfe. fondée fur i’ob-
fôrvation manque à l ’hiûoire de cet oifeau. Mais-,
s’il m’eft permis d’avancer quelques conje&ures
appuiées fur un commencementd’obfer varions, je
crois que la petite outarde fe retire fur les côtes
d’Afrique, & je me fonde fur ce que M. Hollande
a rapporté de fon voyage au Levant une peau de
petite outarde qu’il avoit eu dans les environs de
Smyrne ; quant à la manière dont cet oifeau
pefant peut traverfer la Méditerranée , cet objet
s explique de la même façon que par raport aux
cailles ; & comme l’elpèce eft peu multipliée , il
eft plus aifé de concevoir qu’elle riait pas été ap-
perçue dans fon paftage, ce qui eft encore plus
facile , fi la petite outarde ne voyage pas en bandes,
fi elle luit la route la nuit, & fi au lieu de s’élever
, elle chemine à travers les terres payant toujours
foin de fuir de très - loin auflî-tôt qu’elle
apperçoit quelque danger , & toujours cachée
entre les plantes , ou les chaumes. & les guérets ;
mais-je n offre ces conjectures que pour ce qu’elles
v a len t, en attendant que l’obfervation nous ait
inftruit fur le lieu de la. retraite de la petite outarde
& fur fa manière de voyager.
Outarde d’Arabié, B r is s . tom. V .p a g . 30.
E dw. tom.I, p a g .& p l. 12 . Voye^ L o ho n g .
Outarde d’Afrique.
Elle eft a - peu - près de la groffeur de notre
outarde.; le mâle a le bec & les pieds jaunes ; le
fommet de là tête cendré ; le bord extérieur, des
ailes blanc. La femelle eft p ar-tout de couleur
cendrée., à l’exception du ventre & des cuiffes qui
font noirs.
Cette outarde fe trouve en Ethiopiè ; ibeft probable
que c’èft le même oifeau dont le' Maire
parle fous le nom d autruche volante du Sénégal &
auffi le même que M. Adamfon a vu dans cette partie;
de 1 Afrique & dont il’fait-mention ,. Voyage au Sénégal,
pag. 160 ; ce fçavant affure que cette outarde.
d Afrique, reffemble à la nôtre à bien des égards ;
mais qu’elle, a le cou plus- long,, une efpèce de
huppe derrière la tête , & que le plumage eft d’un
gris-cendre. Cette dernière remarque indique, que
Y outarde dont parle M. Adamfon étoit une femelle,
fi ceft la meme, efpèce .que Youtarde d’Ethiopie.
Mais les- notices: fur ces oifeaux font trop abrégées-
pour rien ftîguer de pofitif à leur égard..
Outarde huppée. d’Arabie. Voye^ Lohong.-
Outarde. hu?pee d’Afrique. ( petite. 1 Voyez
Houbara. j 1
Ou t a r d e moyenne deslndes. Edw. glan.
pag. $7 x.pl. 1 ç-o. Voyer Churge..
O U T R E -M ER ..
C’eft un oifeau d’Abyflinie que M. le comte de;
Buffon rapporte au ferein. Il eft à -peu - près de la
même groffeur ; fon plumage eft d’un beau , bleu
foncé ; i l a le bec blanc & les pieds-rouges-; fon
chant eft très-agréable: la femelle eft grife & elle a
le ^plumage, de l’alouette ; .c’eft auffi celui des jeunes
mâles: qui ne prennent leur belle couleur bleue
que la feconde année. Genre. X X X IU .
O V ER G N E . Voye^. Y.anneau*.
P A C
P A C AP AC.
Cotinga pourpre de Cayenne. P l. enl. 279.
Cotinga pourpre. B r is s . tom. I l , pag. ,p l.
X X X V 3 fig. i , genre X X III.
C’eft un des plus beaux oifeaux qu’on nous
envoie de la Guiane : tout fon plumage eft d’un
pourpre éclatant & luftré, il faut excepter cepen-:
dant les pennes des ailes qui font blanches & dont
les fept premièrès font terminées de brun ; les
couvertures du deffus des ailes font du même
pourpre que le deffus du corps, exçepté fes plus
grandes qui font blanches & d’une conformation
lingulière ; ces plumes font longues, roides, inclinées
en e n -b a s , leurs barbes font défunies &
comme roulées autour de la tige, qui eft blanche
& fort groffe : toutes les autres plumes font auffi
blanches à leur orig inem ais elles font terminées
de pourpre & il r iy a que cette couleur qui paroiffe
quand elles font couchées : le bec eft d’un gris-
brun ; les pieds & les ongles font noirâtres.
Le pacapac eft un peu plus gros-que le mauvis
& d’une forme beaucoup plus ramaffée : fa longueur
eft de fept pouces fix lignes ; fon vol de'
quatorze pouces trois lignes, 5c fes ailes pliées
atteignent aux trois quarts de la longueur de fa
queue, qui n’eft longue que de deux pouces cinq |
lignes. Cet oifeau eft d’abord tout gris ; fon plumage
fe nuance enfuite de gris & de pourpre , 1
qui partagent fouvent les mêmes plumes ; d’autres
fois il y a des plumes grifes, des plumes pourpres &
des plumes mi-parties de gris & de pourpre ; ce
font des jeunes, furpris dans l’état: de mue , que
M. Briffon a regardés comme une efpèce à part,
qu’il a nommés cotinga gris-pourpre, tom. I l , pag.
3 4 9 ,p l .X X X V ,f ig . | j |
L e pacapac eft le même oifeau auquel Edwars-
a donné le nom de pompadour, p i. 34 1. Les fau-
vages de la G.uiane le nomment dans leur langue
pacapaca.
Les pacapacs font beaucoup plus communs: à
la Guiane que les cotingas bleus de différentes
elpèces ; ils vont par bandes ôc paffent fucceffive^-
ment d’un canton à-un autre, fuivant la maturité
de certains fruits & de. certaines bayes dont ils fe
nourriffent, ainfi que ce font les habitudes dés
oifeaux de ce genre ; ceux-ci ne s’enfoncent point
. dans les grands bois, mars ils fe tiennent-fur les plus
grands arbres aux bords des rivières.
Il eft étonnant qu’on riait point encore effayé
d’apporter deces beaux oifeaux vivans & delaplù—
part de ceux de ce genre, parés de couleurs fi brillantes
; il eft vrai que d’après la forme de leur
bec,.on ne peut tenter de les nourrir de grains ;
mais, la mie. de. pain humeélée., la. moelle de la
P A D
canne a fücre, le fucre même ramolli, à demi
fondu, pourroient fuppléer aux fruits & aux bayes
dont çes oifeaux fe nourriffent : la forme de leur
bec donne.lieu de croire qu’ils prennent auffi des-
infe&és ; on pourroit , dans ce cas , mêler un peu de
viande hachée à la mie de pain. Ce font des tenta--
tives que méritent les pacapacs & les autres cotin~-
gas., à caufe de leur beauté.
P A D D A ou OISEAU D E R IZ .
Gros-bec de là Chine. PI. enl. 15 2 9fig. i s
E dw. tom. I , pag. 6» p l. .41.
Gros-bec cendré de la Chine. B r i s s . tom. 11 f y.
pag. 2 4 4 , p l. X I , fig. 4 , genre X X X IV .
Le padda eft un oifeau du genre du gros-bec.
Padda eft , en langue ehinoife, le nom du ri^ contenu
dans fon épi. On l’a appliqué au gros-bec dont
il eft queftion , & qui fe nourrit du riz qu’il
égrenne. C ’eft un très-bel oifeau qu’on a fouvent
vu vivant à Paris : il eft à-peu-près de la groffeur
du moineau ; il a les ailes & la queue fort courtes ;
fon vol rieft que de huit pouces & demi, & fes-
ailes pliées s’étendent cependant prefqu’à la moitié
de la longueur-de fa queue ; la tête la gorge;
font d’un noir luftré ; les joues d’un blanc écla--
tant ; tout le refte du plumage eft d’un gris-'
cendré, y compris les ailes, dont la nuance eft
plus foncée ; les jambes, le bas-ventre & les cou-'
vertures du deffous de la queue font glacés d’une
teinte rofee ; la queue eft d’un noir luifant ; les pau--
pieres font rouges ; le bec rieft pas entièrement
rouge, comme le dit M . B riffon, qui n’avoit peut-"
. être .pas vu cet oifeau vivant : il eft d’une cou--
leur de rofe très-vive à fa bafe ; elle s’éclaircit en
approchant de la pointe , & les parties les plus-
: faillantes des mandibules , qui font fort groffes,’
font d’un blanc-perlé plus ou moins étendu ; car les--
différens individus offrent beaucoup de variétés à
cet égard : les pieds font d’un rouge lavé & très--
pâle, ou plutôt d’une couleur de-chair blanchâtre;»
les-ongles-font gris-blancs:
Les couleurs du bec font moins vives dans îa :-
femelle ; fes joues font noires ; le bord de l’aile , le '
bas-ventre & les couvertures du deffous de là queue-'
font blanches.-.
Get oifeau n’a aucun chant; il eft fort filèn-
cieux; mais il plaît par l a ’propreté, le luftré &
l’arrangement de fon plumage toujours liffe. On
le trouve à la Chine,& probablement dans différentes
parties de l’Inde. Les- Chinois le représentent
fouvent» fur leurs papiers. J ’en ai vu un
grand nombre de vivans chez feu Chateau le père,
oi.felier ; il les nourriffoit de-graine d’alpifte & de
millet; s’il leur eût donné du r iz , peut-être ces
oifeaux auroient-ils vécu plus long-temps ; car la-,