Les faits qu’il me paroiffoit important de vérifier
, viennent de l’être depuis la redaâion de
cet article. J ’ai donné , au commencement du printemps
dernier, à M. le R o y , qui demeure à la
porte de Boulogne , un mâle ôc deux femelles du
faifan commun de la Chine , nés tous trois de l’accouplement
d’un mâle de l’efpèce de celui de la
Chine Ôc de deux femelles de l’efpèce de notre
fa ifan ; ces trois oifeaux, non - feulement fe font
accouplés , mais il eft né de la ponte des deux
iemelles quatorze petits : ainli le produit du faifan
mâle commun de la Chine avec les femelles de
notre fa ifan eft fécond entre les mâles ôc les
femelles de ce produit. Il ne peut y avoir une
preuve plus complette de l’identité d’efpèce entre
le faifan commun de la Chine ôc le 'nôtre.
L e faifan né de l’accouplement du faifan commun
de La Chine avec une femelle du faifan noir 6*
blanc , eft auffi gros que ce dernier, quoique produit
par un père beaucoup plus petit , ce qui
femble indiquer que dans les oifeaux , dans les
faifans en particulier, ou dans celui-ci au moins,
la femelle influe beaucoup plus que le mâle fur
la conformation des petits. La defeription de ce
fa ifan ajoutera de nouvelles preuves à ce premier
fait. La tête & le haut du cou font d’un verd-
lombre ; il n’y a point de huppe. Ces premiers
traits fe rapportent au père. Le cou en arrière &
tout le deflus du corps font variés de raies noires,
& de raies les unes blanchâtres, les autres d’un
gris g perlé - clair ; ces raies font tranfverfales ,
obliques, écartées en regardant du côté de la
tête, ôc réunies à leur pointe oppofée ; le devant
du cou ôc le deflfous du corps font d’un noir-violet,
fiombre & foncé ; il y a fur les côtés de la poitrine
de larges taches d’un marron-rougeâtre, ôc
fur ceux du ventre des plumes à reflets verdâtres *
les ailes ôc la queue font rayées de noir fur un
fond blanc ; la queue eft très - longue , le bec ôc
les pieds font d’un gris-terne.
On voit que cet oifeau ne tient de fon père que
par le défait- de huppe , la couleur de la tête ôc
du haut du cou , le s , taches de couleur marron
qui font fur les côtés de la poitrine ,& la couleur
du bec ôc des pieds ; qu’il tient au contraire de
la race de fa mère par tout le refte du plumage,
ainfi que par la grofleur ; j’ai oublié de dire qu’il
en tient encore par la membrane rouge qui
borde les yeux , qui eft plus étendue, d’un rouge
plus v i f , & fufceptible d’une plus grande extension
que dans le faifan commun de la Chine.
L a femelle, un peu plus'.petite que le mâle,
tient de fon père par le défaut de huppe 9 la
couleur du bec ôc des pieds , par de larges
taches rouffçâtres fur le deflfous du corps; d’ailleurs
elle relTemble à fa mère, elle a de même
un peu de blanc fur la gorge ôc les joues, elle
eft de même d’un brun | obfcur fur le deflus du
corps ; mais fur le deflfous , outre les taches rouf-
p âtre s, elle eft d’un brun plus déçidé yelle a suffi.
à l’endroit du cou où le père porte un collier
blanc, quelques taches blanchâtres qui percent à
travers le fond du plumage ; enforte qu’à tout
prendre elle tient plus de fon père que le mâle
de la même race, qui tient au contraire davantage
de fa mère. On voit donc qu^ dans le mélange
du faifan commun mâle de la Chi/ie, avec la femelle
du faifan noir & blanc du même jla y s , la femelle a
en général plus influé fur les petits que je mâle ,
ôc que parmi les jeunes qui font nés, le mâle a ,
en particulier, plus influé fur les.femelles-, ôc la
femelle fur les mâles. I l . ne faut pas croire , au
refte , que je ne me fonde que fur l’obfervation
de deux individus. L ’accouplement dont je viens
de rendre compte a eu lieu pendant trois, ans de
fuite dans la faifon convenable, & il en eft ré-
fulté chaque année une population nombreufe ;
mais un fait qui achève de prouver la. Supériorité
de l’influence de la femelle fur celle du
mâle , c’eft que les jeunes mâles n’ont pris,
comme le faifan noir & blanc, leur beau plumage
qu’à la fécondé mue } que jufqu’à cette époque
ils ont été entièrement bruns, tandis que, Suivant le
naturel de leur père , ils auroient d û , comme
lu i , changer de couleur la première année. Cette
influence de la femelle, .fi marquée dans la forme , la taille ôc les couleurs, s’étend aulfi fur le naturel
; car ces faifans font fufceptibles de devenir
très-familiers, ôc de s’apprivoiler comme ceux
qui font de la race de leur mère, tandis que le
père ôc les petits qui en font nés avec la femelle
de notre fa ifan font toujours demeurés fau-
vages ôc indomptables ainfi que le font ôc notre
fa ifau ÔC le faifan commun de la Chine.
Comme les faifans dont je viens de parler fopt
fort gros, que leur chair a été trouvée très-bonne ,
qu’ils s’élèvent fans beaucoup de foins, ôc qu’ils
fe familiarisent aifément, je les ai regardés comme
une très - bonne acquifition à faire pour les baffes-
cours. En conféquence, j’ai cherché à les faire multiplier
; mais depuis deux ans j’en tiens inutilement
un mâle ôc une femelle enfermés dans le
même parquet. Cependant l’un ôc l’autre ont paru
en chaleur ; le mâle a Souvent pourfuivi la femelle,
qui évite Ses approches, ôc on neTa vu que rarement
réuflir à la joindre ôc à en jouir ; la femelle a
gardé le nid fans avoir pondu, ôc a paru vouloir
couver. Pour m’en affurer, je lui ai fait donner des
oeufs de poule, qu’elle a couvés jufqu’au moment
où les petits font Sortis de la coquille ; elle a
ceffé à cet inftant de garder le nid, comme- fi la
.vue des petits l’eût étonnée , tant ces races, produit
du mélange d'efpèces différentes , font des
êtres imparfaitement organifés. Quoi qu’il en Soit,
une des femelles provenues de l’accouplement du
faifan commun de la Chine avec la femelle du nôtre
avioit pondu un an après fa naiffance , fans avoir
eu communication avec aucun mâle, ôc c elle -ci
n’a jamais pondu , même parodiant avoir envie de
couver, Ôc après avoir été cochetée par un mâle de
fa race. D e ces deux faits oppofés , le premier
prouve que la faculté de pondre dans la première
femelle, eft indépendante de l’a&ion dû mâle;
îè fécond , que la fécondé femelle paroît privée
de cette faculté'dans toutes les circonftances , ôc
l’un ôc l ’autre fait tendent à prouver que la première
femelle eft un animal fécond ôc parfait en
fon genre, la fécondé un être ftérile Ôc incomplet
; que par conséquent les deux individus qui
ont engendré la première femelle font de la
même efpèce, ôc que ceux de qui eft née la fécondé
font d’efpèces différentes.
Faisan cornu. Voye^ Napaul.
F aisan couronné des Indes. PL enlum. 1 18 .
B r iss. tom. I. pag. 2.78. Voye^ Pigeon de l’île
de Banda.
F aisan de la Guiane P L enlum. 146.
B r is s . tom\ 1 , pag. 2.70. Voyeç K atraca.
F aisan de montagne. F .T étras (petit).
F aisan doré ou le t r ico lo r huppé de la
Chine.
P L enl. 2 17 .
B riss. tom. I , pag. 2 7 1 . Genre VIL
Phaifan belles-couleurs de la Chine. Edw./o/«. I l,
pag. LXV111, pi. 68 le mâle , 69 la femelle.
Le faifan doré de la Chine eft moins gros que
le nôtre ; mais il eft plus libre dans fa forme ,
plus dégagé ôc modelé fur une taille plus effilée :
il a la queue beaucoup plus grande Ôc les pieds
plus alongés ; le deflus de la tête eft couvert de
plumes longues , étroites , inclinées en arrière ,
douces ôc luftrées comme la foie , du jaune de
l’o r , ôc que l’oifeau relève à volonté pour s’en
former une huppe ; le derrière de la tête , ou
l’occiput, eft fourni de -plumes coupées quarré-
ment à leur extrémité, douces au toucher , luftrées
ôc fort larges, d’une belle-couleur orangée , tra-
verfée par une barre d’un noir velouté ; des plumes
plus petites, mais coupées à-peu-près für le même
modèle,d’un verd foncé ôc changeant, terminées
par un bord noir, couvrent le deflus du cou ; les
premières plumes , dans l’état de repos, tombent
jufqu’à la moitié du cou ôc le couvrent en arrière
ôc fur les côtés ; les fécondés s’étendent fur le
dos ôc gliffent les unes fur les autres dans les
mouvemens de l’oifeau , de même que les longues
ôc étroites plumes qui defeendent du cou du coq
commun fur fon dos ; mais fuivant les fenfations
du faifan , il redreffe les plumes de l’occiput, il
les étale ôc il s’en forme un large panache ,
dont il s’entoure le cou ôc fe couvre le dos, ou
qu’il porte entièrement de l’un ou de l’autre côté ;
ce panache ne feroit pas mal comparé à un manteau
que certains peuples portent ou fur un bras ou fur
l’autre. C ’eft dans cette attitude que le faifan en
amour , ôc quand il s’approche de fa femelle ,
porte de côté fon panache. Le dos ôc le croupion
font couverts de plumes longues , douces, de
couleur d’or ; les couvertures de la queue font,
à leur origine, de la même couleur ; mais dans
la dernière moitié de leur longueur , elles font
d’un .rouge très-vif ÔC très-brillant ; elles font très-
.longues, fermes, ôc s’écartent fur les côtés , où
elles débordent la queue : la gorge , le devant
du cou ôc tout le deflous du corps lont d’un rouge
d’écarlate ; les jambes font brunes ; les plumes
fcapulaires font d’un bleu foncé , changeant en
un violet à reflets métalliques ; les pennes de l’aile
font brunes variées de rouffeâtre ; celles de la
queue font rayées tranfverfalement ôc ponéiuées
de marron fur un fond d’un brun foncé l’iris
eft d’un beau jaune ; le b e c , les pieds, les ongles,
font d’un jaune-clair.
La femelle n’a aucune des couleurs brillantes
dont fon mâle eft paré ; cependant le gris-de-fer
dont eft tout fon plumage, nué ôc ondé de noir Ôc
de rouffeâtre, ne lui meflied pas ôc en font un
oifeau affez jo li, fi on ne le compare pas à fon
mâ le , fi on ne regarde pas fa femelle à côté
de lui. Ces beaux oifeaux ont été apportés vivans
de la Chine , dont ils font originaires. Us fe font
faits au climat de l’Europe , ôc ont multiplié affez
pour que l’efpèce ne l'oit pas rare aujourd’hui/
Cependant elle n’eft pas non plus commune, Ôc
probablement elle ne le fera jamais, parce qu’elle
eft délicate ÔC qu’il naît , au moins dans nos
contrées , beaucoup plus de mâles que de femelles.
Ce n’eft pas le froid de notre climat qui nuit au
faifan doré ; il n’y paroît pas fenfible , ôc ne-
femble pas en foüffrir lorfqu’il eft le plus rigoureux.
Il eft fort difficile de dire , ôc on ne fçait pas
ce qui fait fouvent périr fubitement ce bel oifeau
au moment où il paroiffoit fe porter très-bien.
Peut-être e ft -c e l’humidité ou l’inconftance de
notre atmofphère qu’il a peine à fupporter. Il eft
fouvent auffi la caufe de fa propre deftru&ion ;
car il eft d’un naturel timide ôc ombrageux : il
s’effarouche, s’étourdit aifément, ôcles coups qu’il
fe donne dans les mouvemens violens dont il
s’agite, lui font très-fouvent funeftes. Malgré fon
cara&ère naturellementfauvage , impatient ôc ombrageux
, le faifan doré eft fufceptible de fe fami-
liarifer ; ôc dans le moment où j ’écris cet article ,
je nourris un faifan doré qui vient prendre à ma
main les friandifes dont je m’amufe quelquefois
à le régaler. La manière de foigner ôc d’élever
ces oifeaux eft la même que, j’ai décrite à l’article
du faifan commun. J ’obferverai feulement que ce
n’eft que la fécondé année qu’on peut diftinguer
les jeunes mâles des femelles, parce que ce n’eft
qu’à la fécondé mue qu’ils commencent à prendre
leurs belles couleurs. Les vieilles femelles , au
contraire , vers l’âge de cinq à fix ans , commencent
à quitter leur plumage ôc à prendre en partie
celui du mâle , auquel elles deviennent d’autant
plus [reffemblantes , qu’elles vivent plus longtemps.:
Les oeufs de la faifanne dorée font d’un rougeâtre
briqueté. Elle pond plutôt au printemps
que la faifanne commune , ÔC fouvent dès le mois