
Ce feroit ici le lieu de placer la defcription &
l’hiftoire du bifet. Mais forcé de fuivre l’ordre alphabétique
, j’ai traité de cet article conformément
a l’ortographe du mot ; voyez en conféquence bifet.
Je rappellerai feulement en faveur de ceux qui ne
voudroientpas interrompre laleéhtre de cet article,
que le bifet diffère peu du pigeon de colombier ;
qu’il eft feulement d’une couleur plus bife; qu’il
arrive à la fin de février & au commencement de
mars dans nos provinces , qu’il les quitte en novembre
en prenant fa route vers le midi, que
pendant fon féjour il fe retire dans les bois où il
niche dans lés creux d’arbres, quoiqu’il ait l’habitude
de fe percher.
Le pigeon de colombier préfente évidemment la
première dégradation dé l’efpèce ; parmi les races
domeftiques il tient au bifet de plus près , que
toutes les autres races, par fa groffeur, par fes
couleurs , par fes habitudes ; mais le pigeon fuyard
ou celui qui a déferté nos colombiers , eft cependant
encore intermédiaire entre le bifet & le p igeon
J e colombier & tient plus à l’un ou à l’autre
fuivant, qu’ayant plus repris de fa première nature
, il eft retourné dans les bois, ou que s’étant
fimplement affranchi de notre-domaine , il habite
en liberté les tours, les édifices en ruines & les
trous des murailles élevées.
Le pigeon de colombier eft un oifeau à demi-
domeftique, un efclave libre , fi cette expreflïon
peut être admife, qui pouvant nous quitter, eft
retenu par les avantages que nous lui offrons &
qui porte une chaîne qu’il ne fent pas ; il vole en
troupes avec les oifeaux de fon efpèce ; il erre
a fon gré pendant le jour dans la campagne-, il
y cherche la nourriture qui lui convient, & il
trouve dans le colombier un abri contre le mauvais
temps , un afylè fûr & commode pour y
pafferla nuit , une demeure qui lui convient pour
s’y établir avec la femelle qu’il s’eft choifie , & y
élever enfemble leurs petits commodément. Le
colombier eft donc un apas trompeur qui féduit
les individus adultes , plus fenfibles à leurs avan-
tages, qu’éclairés fur ceux de l’efpèce qui fouffre
feule par la perte des petits que nous prenons
pour falaire des foins accordés aux pères. G’eft
ainfi que nos ancêtres en offrant aux hérons un lieu
convenable & commode pour y conftruire leur
nid , profitoient de la fécondité de ces oifeaux
qu’ils féduifoient & qui, enfaifant leur ponte dai\s les
hèronùres qu’on avoit foin d’entretenir, livroiem,
pour ainfi dire, les jeunes, hérons, dans les temps
où ils étoient un mets recherché. Ces deux exemples
ne fuffifent-ils pas pour prouver que nous
pourrions de même féduire , attirer, & multiplier
ja notre avantage plufieurs autres efpèces d’oifeaux
auxquels il fuffiroit d’offrir des retraites & des
lieux propres à élever leurs petits ?
Les pigeons n’étant attirés & retenus dans les
colombiers que par les avantages dont ilsy jou iffent,
il eft évident que plus ces lieux leur plairont j
plus ils s’jr adonneront & y multiplieront.
En général le colombier doit être placé fur un
terrein éleve , fec plutôt qu’humide, expofé au
levant pour que les pigeons puiffent en fortant,
recevoir les premiers rayons du foleil ; il eft bon
qu il foit en belle vue qu’il domine fur un horifon
vafte , & que les pigeons pofés fur le toit fe déterminent
fur le choix des lieux où ils dirigeront
leur vol ; il doit être fitué affez loin de toute
habitation pour que les pigeons jouiffent du calme
& de la liberté qu’ils aiment. Voyez fur la ftruc-
turc détaillée des colombiers le diâlionnaire çecono-
mique , tom. 1 ; on y préfère la forme ronde à la
quarree ; on indique les moyens de garnir les
murs en-dehors de façon que les animaux mal-
faifans ne puiffent pas y gravir ; on fait connqître
la forme que doivent avoir les trous ou boulins y
& c . On trouvera dans le même ouvrage , tom. 111,
des préceptes utiles fur la manière de gouverner '
l§s pigeons ; on peut auffi confulter la maifon ruf-
tique fur ces mêmes objets qui étant plutôt économiques
que d’hiftoire naturelle , ne font pas de
mon reffort ; je me contenterai d’obferver qu’il n’y
a que deux faifons où l’on doive peupler un colombier
, au mois de mai & au mois d’août ;
que la dernière eft préférable ; que les pigeons de
colombier vivent à-peu-près huit ans , mais qu’ils ne
font^ d un bo.n raport que les quatre premières
années ; on trouvera dans le diélionnaire économique
& dans la maifon ruftique , les moyens de
fequeftrer les vieux pigeons & d’entretenir toujours
dans le colombier des pigeons en plein rapbrt.
Enfin, il eft deux faifons où l’on ne peut fe dif-
penfer de nourrir les pigeons, qui dans le refte de
l’année trouvent de quoi vivre dans la campagne ;
ceffont les mois de décembre &. de janvier, & le
commencement du printemps après que les blés
de mars ont .été femés*, & avant que les pigeons
puiffent trouver de nouveaux grains dans les
champs. On les nourrit alors de cribelures de b lé ,
de v e fc e , de petites fèves , & c . Ils dédommagent
&. récompenfent abondamment des foins & de la
depenfe qu’ils Coûtent par le produit qu’on retire
de leurs petits ; ces oifeaux pondent affez communément
trois fois en un été , mais généralement
au mois de mars &. au mois d’août ; on donne à
ces deux couvees, le nom de volées. La troifième
ponte qui eft intermédiaire, a deux époques moins
fixes & fe fait en différens temps entre les deux
premières ; mais toutes les paires de pigeons ne
font pas cette, troifième ponte, au lieu que les
deux autres font générales.
Apres les pigeons de colombier , il feroit curieux
de placer les autres races & variétés chacune dans
l’ordre de leur dégradation ou de leur éloignement
de la race, primitive ; mais cet objet auffi difficile
que les réfultats feroient incertains , exigeroit un
long travail , qui après tout feroit plutôt l’hiftoire
de 1 aélion' de l’homme, de fon influence fur l’efi
pèce âu pigeon 9 que l’hiftoire naturelle dé cet oifeau
même. C e ft pourquoi je me bornerai à indiquer les
races &. les variétés fuccinélément, é ta le s défigner
par leurs traits les plus diftinâifs. Je me conformerai
entièrement dans cet expofé à ce que M. le
comte de Buffon a écrit fur ce fujet , ôt qui me
paroît être ce qu’il y a de plus complet en ce
genre ; je relaterai fimplement ici les noms des
races & des variétés, &. Ton en-trouvera une courte
defcription à chaque nom- fuivant fon ordre alphabétique
; je parlerai fuivant le même ordre des
différentes efpèces de pigeons étrangers dont l’énumération
termine l’hiftoire' du pigeon en général.
M. de Buffon compte onze races ou variétés
-principales avec lëfquelles on peut faire toutes les
variétés fecondaires.
I er® race. Les pigeons-grojfes gorges ; cette race
contient onze variétés dénommées d’après les cou-»
leurs principales du plumage , & dont on trouvera
le dénombrement fuivant l’ordre alphabétique.
2.e. race. Les mondains, trois variétés.
3 e. race. Les pigeons-paons.
4e. race. Le pigeon-cravatte ou à gorge frifée
variété, le pigeon-nonain qui fournit lui-même plufieurs
différences , telles que le pigeon-maurin.
5e. race. Le pigeon-coquille hollandois,
6e. riice. Le pigeon-hirondelle•
7*. race. Le pigeon-carme.
8e. race. Le pigeon-heurté.
9*. race. Les pigeons-fuiffes.
10 e. race. Le pigeon-culbutant.
1 1 e. Et dernière race. Lé pigeon-tournant^
■ Indépendamment de ces onze races & de leurs variétés,
il y a des pigeons huppés & des pigeonspattusy
dans différentes variétés fuivant qu’elles ont été
mêlées & altérées par les accoUplemens. Pour
conferver pures les races & les variétés une fors
obtenues , il faut n’accoupler que dés mâles & des
femelles entièrement femblables , fans quoi le mélange
produit des nuances à l’infini , & dans la
forme & fur-tout dans ies couleurs du plumage.
Les noms du pigeon font en Latin columba j
En Efpagnol palona ;
En Italien columbo , columba, piccione, palumboj
En Allemand tub, taube , kunter ;
En Polonois golab ;
En Suédois dufwa, hem-dufwa ;
En Anglois pigeon.
Le genre de cés oifeaux eft répandu dans les
parties méridionales & tempérées des deux con-
-tinens ; il s’eft même propagé dans des pays très-
froids , mais où probablement il a été tranfporté.
P ig e o n a g o r g e f r i s é e . B r i s s . tom .l,p . 75.
Voyez P ig e o n - c r a v a t e .
Pig e o n a l a c o u r o n n e b l a n c h e .
Pigedn de roche de la- Jamaïque. B r i s s . tom. / ,
pàg. 137, genre I.
Pigeon â la-courorini blhnche. C a t . p. & pl. a 5.
Il eft de là groffeur de nos pigeons de colombier ;
tout le deffus *de la -tête eft bl «ne , entouré d’une îj
bande de couleur pourpre changeante : il a le cou
d’un verd changeant en bleu & à reflets de couleur
de cuivre de rofette ; tout le refte du plumage fur
le deffus &. le deffous du corps eft d’un brun tirant
fur le gris-bleu ; les ailes &. la queue font brunes;
une peau blanche entoure les yeux ; le bec eft
rouge, blanc à fon extrémité ; les pieds font rouges,
les ongles gris. On le trouve à la Jamaïque, à
Saint-Domingue , &c. Il niche dans les rochers.
P ig e o n a l o n g u e q u e u e . E dw . torn. 1 ,p ag .
& p l. 15 . Foye^ T o u r t e r e l l e d’Amérique.
Pigeon a queue annelée de la Jamaïque.
Briss. torn. 1 , pag. 138 , genre 1.
Il eft à-peu-près de la groffeur du ramier : la
tête , le devant du cou .& la poitrine font de
couleur de pourpre ; le deffus du cou eft d’un
pourpre changeant en verd ; le dos , le croupion ,
les couvertures du deffus de la queue font d’un
bleu pâle ; le ventre eft blanc , les ailes font
■ brunes ; la queue eft bleuâtre, traverfée par une
large bande noire ; l’iris eft d’un rouge d’écàrlatte ;
la membrane qui couvre le deffus de l’origine du
bec eft partagée en deux tubercules.
Pigeon aux taches t rian gulair es. E dw .
. tom. I l , pag..& pl. 7 5 . Voyei P ig e o n de Guinée.
P ig e o n a z u r é . Voye^ P ig è o n s u i s s e .
Pigeon-batteur. B r i s s . torn. I , pag. 79.
Voye1 Pigeon tournant.
P ig e o n b l a n c m a n g e u r d e m u s c a d e s de
la nouvelle Guinée. Voyage à la nouv. Guinée ypag,
169 ,p l. 103. .
» D ’un quart moins gros que le ramier des Mo-
» Iuques, il a la tête, le cou, la poitrine, les cuiffes ,
j» le ventre, la moitié antérieure des ailes & les
» trois quarts de la queue blancs ; la moitié pof-
» térieure de l’aile & l’extrémité de la queue font
n noires; le bec & les pieds font d’un gris-clair;
» l’iris eft jaune ». Genre 1.
Voye^ P ig e o n r a m i e r des Moluques. Ces
deux oifeaux ont les mêmes habitudes.
P ig e o n b r u n de la nouvelle Efpagne.
Pigeon brun du Mexique. B r i s s . tom. / , pag. 99,
genre I.
Tout fon plumage eft brun * excepté la poitrine
&. l’extrémité des ailes qui font blanches; le tour
:des yeux eft d’un rouge vif. Ce pigeon a été indiqué
-par Fernandez ; le même auteur parle d’un autre
pigeon qui eft varié de taches noires fur un fond
brun , avec la poitrine, le ventre ôe les jambes d’un
fauve-clair ; les pennes des ailes & de la queue font
brunes. M. Briffon regarde ce pigeon comme formant
une efpèce différente du précédent , & il
l’appelle pigeon fauvage du Mexique, tom. 13p. 100.
M. le comte de Buffon, au contraire , préfume
que ces deux pigeons ne font qu’une variété l’un
de l’autre : il porte le même jugement d’un troifième
pigeon, auffi indiqué par Fernandez. Celui-ci a tout
le deffus du corps bleuâtre , & le deffous d’un
brun-rougeâtre ; il eft bien difficile de déterminer,
d’après les co.urt.es notices de Fernandez , fi ces