
mâle ; mais celui que M. Briffon nomme (lercoraire
rayé y étant de la même taille que 1 q labbe ou Jler-
cor aire , proprement d i t , n’en différant que par
quelques ondes & quelques taches en bandes tranf-
verlales, d’un gris-fale & rouffeâtre à l’extrémité
des plumes fur un fond du même brun à-peu*près,
qui colore tout le plumage du labbe commun, je
ferois fort porté à penfer que c’eft la femelle, ou
un jeune de ceite efpèce ; d’ailleurs j’ai remarqué,
à l’article de cet oifeau,. qu’il n’étoit pas très-rare
que des coups de vent pouffaffent des labiés Amplement
dits , ôt des labbes rayés jufqu’en nos
.climats : j’en ai cité deux exemples ; je n’ai jamais
vu , au contraire , de labbe à longue queue que celui
qui avoit été envoyé de Sibérie.
L A EM M E R -G E IE R . Voyeç C ondor.
LA GO P ÈD E .
Lagctpus en latin ;
Lagopède. B U FF. O if. ed. ind.
pom. 1 1 1 .............................................p . 383.
Attagas. Idem« « • .................. ..p. 365.
Attagas blanc. Idem..................p. 38 1.
Gelinotte blanche. Br is s . 1 .19 p. 2 16 .) ~
Gelinotte huppée• • «Idem« • • • »p. 209. £ Genre V.
Francolin. B e l . Hijl. des oif.p. 2 4 1.
Perdrix blanche. Be l . [Hijl. des
................................................... p. 259*
J ’ai d it, au mot attagas, que je penfois avec
M. le baron de la Peirouze que Vattagas des anciens
& le lagopède des modernes , font le même
oifeau ; que les raifons de ce fentiment étoient
fondées fur les différences du plumage du lagopède,
fuivant l’âge ôc la faifon ; elles font telles , félon
les circonftances, que le lagopède eft évidemment ,
fuivant le temps où on l’obferve, l’oifeau que les
auteurs ont nommé , tantôt attagas ou attagen,
tantôt lagopède , que d’autres ont appellé attagas
blanc, gelinotte blanche 3 gelinotte huppée. Avant que
M. de la Peirouze eût fait imprimer fon ouvrage, il
m’avoit communiqué par lettres fon opinion , &
il m’avoit en même-temps envoyé des peaux de
lagopèdes pris dans les temps convenables. J ’en
conlerve une qui me paroît fournir une preuve dé-
monftrative, parce que le plumage eft mixte &
qu’il contient allez du plumage blanc du lagopède
pour le faire reconnoître, & allez du plumage varié
de /’attagas pour qu’on y retrouve cet oifeau. Ce
n’eft cependant que la peau du même individu ,
& par conféquent Vattagas ôt le lagopède ne font
qu’une feule Ôt même efpèce. Quant à Vattagas
blanc y il me paroît trop femblable au lagopède dans
fon plumage blanc pour pouvoir le regarder comme
different. On doit donc , d’après ces motifs , effacer
du catalogue des oifeaux Vattagas ou attagen que
M. Briffon a nommé gelinotte huppée, & l ’attagas
blanc : ne faire de ces deux oifeaux qu’une feule
efpèce avec le lagopède, ou fi l’on préféroit le nom
ancien d’attagas au nom de lagopède employé par
les modernes, il faudroit effacer le lagopède du catalogue,
ainli què Vattagas blanc , ôt ne eonferyer
que le nom d*attagas ou dl attagen.
Des réduirions femblables à celles dont je viens de
parler, fondées de même fur les faits Ôtl’obfervation,
feroient un des travauxles plus utiles en ornithologie;
ii n’eft pas poflible d’étudier cette fdence fans en
fentir la néceffité ; mais elles ne fçauroient être
qu’un effet du temps : celle-ci eft due à M. de la
Peirouze. Comme ce fçavant habite un climat où
le lagopède eft commun, qu’il a fuivi & obfervé
long-temps fes habitudes , c’eft d’après l’hiftoire
qu’il en a donnée que je le ferai connoître ; mais
auparavant, je répondrai à deux obje&ions quife
prefentent contre la rédu&ion que M. de la
Peirouze fait de l ’attagas au lagopède. Si ce dernier
oifeau , dira-tron, étoit le même que celui dont
Ariftote a parlé fous le nom d ’attagas, ce philo-
fophe , dont l’exa&itude eft reconnue, n’auroit pas
dit que le lièvre eft le feul animal qui ait du poil
fous la plante des pieds, puifque ç’eft ce même ca-
raéfère qui diftingue le lagopède parmi les oifeaux :
mais cette objection prouve feulement que rien
jufqu’à préfentne détruit l’affertion d’Ariftote, ôt
que les modernes fe font trompés en attribuant au
lagopède une particularité que le philofophe grec
afl'ure n’appartenir qu’au lièvre. En effet, il y a
ici une double erreur qui a fa fource dans l’ouvrage
de Pline : i ° . le vêtement qui couvre les
pieds du lagopède, n’a que l’apparence du poil ôt
confifte en effet en de véritables plûmes : 2®. quand
on les examine avec l’attention néceffaire , ôt
qu’on les écarte^ on s’apperçoit qu’elles ont leur
infertion fur les côtés, que comme dans certains
oifeaux de nuit leur direétion les fait paffer fous
la plante du • pied , mais qu’aucune n’y prend
fiaiffance, ôt que cette partie eft aufli dégarnie de
plumes dans le lagopède que dans les autres oifeaux ;
mais que , comme dans plufieurs oifeaux de proie,
elle eft feulement couverte par le prolongement
des plumes latérales.
La fécondé obje&ion qu’on pourroit faire , viendrait
de ce que M. Briffon femble attribuer une
huppe à la gélinotte, qu’il diftingue par l’épithète
huppée, & que le lagopède n’a pas de huppe; Mais
cette gelinotte huppée eft un des oifeaux que l’auteur
a décrits, fans les avoir vus , d’après ce que les
auteurs en avoient écrit, & il ne dit pas dans la
defcription , lui qui eft ft exaét, un mot de la huppe
que la dénomination femble indiquer. Il n’y a donc
rien à conclure du mot huppé, dont fe fert M. Briffon
pour défigner une gelinotte d’une efpèce particulière
, ôt l’on ne fçauroit en inférer que ce ne
foit pas le même oifeau que le lagopède. Je paffè à
fa defcription.
Le lagopède a , du bout du bec à celui de la
queue, quinze pouces environ, deux pieds d’envergure
, ôt fon poids eft de feize onces à-peu-près :
le bec eft court ôt noir ; la mandibule fupérieure
eft un peu arquée ; les mâles ont une raie noire
qui part de chaque côté du bec ôt qui s’étend juf-
qu’au-delà
qu’au-delà de l’oeil : il eft entouré par une large j
membrane charnue , feftonnée dans fon contour,
d’un rouge très-vif ; la même membrane eft plus :
petite & moins colorée dans les femelles : toutes :
les plumés qui couvrent la tête , le cou , les ailés
ôt le corps font d’un blanc éclatant ; les tiges des I
fix premières grandes plumes des ailes font noires ; ,
la queue eft compofée d’un double rang chacun de
quatorze plumes: le rang fupérieur eft dun blanc
pur ; mais les plumes du rang inférieur , couvert par
le premier, font noires , terminées par du blanc.
Les cuiffes , les jambes & les doigts font garnis
d’un duV&t, long, épais, qui a l’apparence du poil ;
il ne paroît à découvert que les ongles : ils font
noirs, longs , crochus ôt creufés en-deffous : la
plante des pieds ôt les doigts en-deffous font nuds;
les poils, ou plutôt le duvet, dont ils femblent
couverts , ont leur infertion fur les côtés.
Le plumage dont on vient de lire la defcription ,
eft celui qui couvre le lagopède en hiver. C et oifeau
porte un vêtement bien différent en été : le fond I
de fon plumage eft noir , femé de grandes taches \
rouffes : il y a quelques plumes dont le bout eft j
blanc : la poitrine, les couvertures du deffous de
la queue ôt les côtés fur-tout , font rayés alterna- 1
tivement de noir ôt dé fauve : les pennes des ailes J
confervent leur blancheur : un duvet long ôt foyeux |
d’un blanc-rouffeâtre, couvre les cuiffes Ôt le jarret ; ;
le derrière des jambes ôt le deffous des pieds font
nus ôt couleur tle plomb : le devant de la jambe
&. le deffus des doigts portent un duvet prefque
ras, peu épais, d’un gris-rouffeâtre. Cette livrée
eft celle des lagopèdes qui font âgés de plus d’un
an ; mais ceux qui font à leur première année ont
le plumage gris, ponéfué de noir , mêlé de beaucoup
plus de blanc que dans les vieux , principalement
aux ailes, à la gorge, fous le ventre ôt aux
cuiffes , aux jambes ôt aux pieds : ils ont ces parties
prefque fourées autant en été qu’elles le font en
hiver , fur les vieux.
. Enfin les femelles de tout âge ont les couleurs
plus lavées que les mâles.
Les lagopèdes commencent en o&obre à blanchir,
Ôt font tout-à-fait blancs en décembre : cependant
on ne celle pas, pendant l’hiver, d’en trouver
quelques-uns qui confervent quelques taches fur le
dos ôt le derrière du cou. Ce font, fi on en croit
les chaffeurs | des oifeaux de l’année : ils prennent
en mai le plumage d’é té , ainfi que tous ceux de
leur efpèce.
. Le lagopède eft pulvérateur : il eft lourd , a le
vol pefant, mais il eft très-léger à la courfe. Il
vit T pendant l’hiver , en fociété, qui eft compofee
du père , de la mère ôt de la couvée. La famille
eft de fix jufqu’à dix individus : ils habitent constamment
les cimes des hautes montagnes où ils
trouvent un arbufte pour lequel ils paroiffent avoir
un goût décidé ; c’eft le rhododendrumferrugineum
de Linné. Quoique cet auteur place leur habitation
Hiftoire Naturelle. Tome IL
en Suède dans les forêts, on n’en trouve point en
nos contrées, même dans les forêts voifines des montagnes.
Us fe nourriffent des fommites, des feuilles ,
des fleurs ôt des fruits de plufieurs végétaux, tels
que le rhodendrum qu’ils préfèrent, Tairelle, la bouf
Jerolle , le çaléa , le bouleau nain , ôte. Us ont auiu
du goût, comme la plupart des oifeaux, pour les
infeéies.
Chaffés des fommités des hautes montagnes en
hiver , par la quantité de neige Ôt la difette qu elle
occafionne en couvrant les végétaux dont les lagopèdes
fe nourriffent, ils cherchent les mêmes ali-
mens dans des lieux plus bas , Ôt q u i, par leur
pofition, font prefque toujours à découvert ; auifitot
qu’ils ont fatisfait leur appétit , ils regagnent la
neige pour laquelle ils femblent être faits : ils choi-
fiffent des endroits à L’abri du foleil ôt du vent
qu’ils paroiffent redouter : ils fe creufent, dans la
neige , des trous où ils demeurent tranquilles ,
au milieu de lieux folitaires ôt inacceflibles, mais
où , par ces raifons même , il y a moins de danger
ôt plus de liberté. Ils changent affez fouvent de
trous ôt s’en creufent de nouveaux en écartant la
neige avec les pieds ; ils rejettent aufli celle qui
tombe fur eux ôt dont ils fe trouveraient couverts.
C’eft par le moyen de ces trous imprimés fur la
neige que les chaffeurs les fuivent comme à la
pifte , au milieu des précipices ôt au rifque de
leur viê. Le befoin d’une union plus intime fe-«
pare les familles au mois de juin ; alors les lagopèdes
s’apparient ôt les couples s’écartent les
unes des autres depuis le fommet des montagnes
jufqu’à la moitié de leur hauteur. Chaque
! paire grate, de concert, un creux circulaire d environ
huit pouces de diamètre au bas d un rocher
ou d’un arbufte, ôt fans ordinairement aucune autre
précaution , fans, à proprement parler, former de
nid ; la femelle , au bout d’un mois , j>ond depuis
fix jufqu’à douze oeufs, le plus communément fix ou
fept : ils font d’un gris rouffeâtre , tachetés de noir.
Le mâle eft très-aflidu auprès de la femelle pendant
tout le temps de l’incubation ; il rode fans
ceffe autour de Tendrait où elle couve ; il fait entendre
fon cri fréquemment ; il eft très-foigneuX
d’apporter de la nourriture à fa femelle , mais il
j ne prend jamais fa place. Le premier de ces deux
| faits, s’il n’étoit pas avancé par un aufli bon ob-
j fervateur que M. de la Peirouze , par une perfonne
aufli à portée que lui de le vérifier, mériteroit
d’être confirmé, parce qu’il s’éloigne abfolument
femaines ; auflitôt que les petits font nés, le père
& la mère les conduifent lur le fommet des montagnes
parmi les rhododendrons, qui font alors en,
fleurs.
La crue des lagopèdes eft prompte. Dès le 15
août, ils ont déjà la groffeur d’un pigeon. Ce prompt
accroiffement étoit néceffaire à un oifeau deftinc
à vivre dans des régions où le froid commence