
cache ou elle les couve quand la ponte eft finie ;
elle paroît fur-tout dérober à fon mâle la vue de
les oeufs , & cet inftinél eft fondé fur ce qu’il détruit
ordinairement le nid , & qu’il brife les oeufs
quand il les découvre. Eft-ce en effet, comme on
i a dit àxxpaon & de plufieurs autres oifeaux mâles,
pour détruire l’obftacle qui s’oppofe à fes plaifirs &
le procurer de nouvelles jouiflances ?
L ’incubation eft de vingt-fept à trente jours,
pendant lefquels il convient de mettre de la nourriture
a la portée de la couveufe , fans cependant en
aprocher de trop près , car elle eft ombrageufe &
menante, & elle abandonne aifément fa couvée,
pour en*recommencer une nouvelle quelle prend
loin de cacher comme la première.
On laifle , les paoneaux, pendant vingt-quatre
heures, fous la mère , fans leur donner d’alimens :
le Jendemain on les peut tranfporter fous une mue,
oc on les nourrit de farine d’orge détrempée dans
ou v in ., enfuite de froment ramolli dans l’eau ; .
quelques femaines après on leur donne du fromage
clanc , dont on a exprimé tout le petit lait, mêlé de
poireaux hachés , & l’on recommande d’y ajouter
ces fauterelles,Auxquelles on ait arraché les pattes.
C e genre d’aliment eft'.aufll fain qu’agréable aux
paoneaux ; ils font en état, à fix mois, de ne vivre
que de grain,, & ils commencent à pâturer l’herbe
dont ces oifeaux font friands ; les grains dont on
a coutume de les nourrir, font le froment ou l’orge,
& on y ajoute , fuivant les p a y s , 4e marc de cidre
ou de poirée.
On prétend que , dans les premiers temps , la
paone ne conduit jamais coucher fes petits dans le
même endroit ; c’eft pourquoi il fautja veiller &
la renfermer, elle & fes paoneaux-, en lieu de fureté.
Quoiqu’on puiffe confier à la paone le foin d e '
couver fes oeufs , il eft plus ordinaire qu’on les lui
ête pour les donner à une poule, & l’on en peut
reunir fous la même de douze à quinze ; elle fuffit
pour les couver & pour conduire les paoneaux. Ce
font des oifeaux fort délicats dans nos contrées ; ils
ont befoin d’être tenus féchement & chaudement ;
c ’eft pourquoi il eft plus à propos de les faire élever
par unepouh qu’on gouverne plus aifément, qui fe
prête mieux à être enfermée avec fa couvée dans un
lieu fec & chaud.
Ce n’eft qu’à un mois d’âg e , & même un peu
plus, que 1 aigrette des paoneaux commence à
pouffer ; ils font malades alors, comme les dindons
le font lorfqu’ils pouffent le rouge. Ce n’eft guère
qu’àfept mois qu’il convient de les abandonner dans
la baffe-cour avec les autres.oifeaux, & de les laiffer
coucher fur les perchoirs ; lorfqu’ils n’y montent
pas d eux-memes, on doit les y accoutumer & ne
les pas laiffer dormir à terre a caufe du froid &
de 1 humidité ; les perchoirs ont coutume d’ être
en plein a ir , mais fous quelque remile ou abri qui
mettent les paons à couvert de la pluie. Ces oifeaux
adultes font robuftes ; il leur faut un vafte efpace ;
iis fe plaifent fur les lieux les plus é levé s/ïu r la
cime des tours, & ils fe perchent fouvent fur les
croix qui font au haut des clochers; c a r, quoique
d après l ’étendue de leurs ailes , il femble qu’ils
devraient: n’avoir qu’un vol bas & pefant, cepen-
“ an.t “ s,s elè.vent très-haut ; ils volent avec affez de
rapidité, & ils font en l’air des trajets confidérables ;
a grandeur des couvertures de leur queue peut,
dans certaines circonftances , être un obftacle
comme lorfque l’air eft agité, & fur-tout que le
vent eft contraire ; mais quand l’air eft calme, cette
lurrace e tendue & légère ne peut que rendre leur
vol plus facile, & peut-être eft-ce à cet ufage utile
queft deftine, par la nature , cgt appareil, dans
lequel nous ne voyons communément qu’un objet
de pompe & de, luxe.
. ^ es oifeaux paffent pour vivre environ vingt1-
cinq ans , & ne font féconds qu’à la troifième
annee ; ce n’eft que la fécondé que lesmâles prennent
les longues plumes qu’on a coutume de regarder
comme leur queue.
Les romains , dans les temps où les richeffes les
avoient corrompus, élevoient les paons pour les
ervir iur leurs tables , comme un mets rare &
dun grand p r ix ; ils employoient leurs oeufs au
meme ufage, & il paroît que la vanité , plus que
le goût, attachoit de la valeur à ces fortes d’alimens.
Aujourdhui nous nourriffons les paons comme des
animaux précieux par leur beauté ; & , à cet égard,
on peut les regarder comme l’ornement des baffes-
cours ; il n eft perfonne qui n’ait pris- plaifir à contempler
les beautés dont ils brillent , quand ils
ielevent: & étaient leur fauffe queue , & que'les
ailes baiffées, traînantes à terre , les couvertures du
deflus de la queue étalées en demi-cercle & rapro-
chees jufqu au bas de leur cou , pardevant les ailes
quelles cachent, ils marchent à pas comptés, en
ne montrant que les richeffes , dont leur tête,, leur
cou & leur poitrine font parés , & étalant la pompe
■ éclatante de leur fauffe-queue épanouie.. Mais ces
oiieaux, auxquels nous prêtons des fentimens de
vanité, que nous taxons d’être fiers de leur beauté,
ont contre eux quelques défauts ; ils fe rendent
maîtres dans les baffes-cours ; ils y font même
tyrans & fouvent ils maltraitent les volailles ; ils.
dégradent les combles fur lefqùels ils aiment à
s e le v e r , & ils dévaftent les potagers.& les vergers
dont les fermetures font trop baffes pour leur en.
fermer lentree ; ils ont encore l’inconvénient d’un
cri aigu , défagréable , perçant,, qui fe fait entendre
de très-loin, qu’ils répètent fouvent dès le lever
de l’aurore & même dans la nuit. Quant à leur
chair , celle des. jeunes paffe pour un très - bon
manger ; mais ce n’eft plus la mode que ce foit
un objet de lu xe , & nous ne faifons pas de cas
de leurs oeufs ft recherchés par les anciens.
d0is point finir cet article > lP É obferver
que M. Sonnerat a raporté de fon dernier voyage
aux Indes deux peaux de paon Jauvage, une d’un
male , l’autre d’une femelle,. & que toutes deux ,
comparées a deux peaux de ces oifeaux élevés dans
nos climats, n*ont préfenté de différence que dans
les dimenfions. Les paons fauvages des Indes font
plus grands que nos paons domejtlqucs ; mais l’éclat
& la diftribution des-couleurs font abfoKfment les
mêmes : cependant il y a , dans l’efpèce du paon,
■ une variété ; c’eft celle du paon blanc : elle paffe
pour être originaire des contrées feptentrionales de
l’Europe , où elle paroît former une race confiante
& devenue fauvage. Frifch affure qu’il vient affez
communément des pays du nord, en Allemagne',
des paons blancs en hiver : cette même race ,
quelque foit fon berceau , tranfportée dans les pays
tempérés, & même darfs les contrées méridionales
de l’Europe, y conferve la blancheur de fon plumage
, fi l’on n’accouple que des individus qui fe
reffemblent ; mais fi l’on apparie des paons blancs
& des paons ordinaires, le produit eft un oifeau
dont la robe eft mêlée, & l’on donne à cette variété
le nom de paon panaché.
Le paon blanc a tout le plumage d’un blanc
éclatant, qui a lé brillant & le moelleux de la foie ;
l’empreinte des tachés, fur l’extrémité des couvertures
du deffus de la queue , fe marque par des
ondes & des ombres, comme on en voit fur des
étoffes moërées.
Cette année 1783 , une paire de paons ordinaires
a produit à Gentilli, près P aris, quatre petits, dont
deux ont le plumage de leurs,pères & deux font en-'
fièrement blancs ; cependant il n’y avoit aucun paon
blanc dans le village ni aux environs ; la même chofe
eft aufli arrivée dans un autre endroit, aufll près de
Paris, il y a quelques années; ainfi la race des paons
blancs n’eft pas effentiellement originaire des climats
du Nord.
Le paon panaché participe plus ou moins de
l’efpece pure & de la race lècondaire ; mais communément
il n’a de blanc que fur le corps ; & les
■ couvertures du deffus de la queue ont feulement
des taches moins nettement formées & d’un coloris
moins brillant. Ces deux variétés font 'aujourd’hui
tres-rares en France ; le paon blanc eft un très-
bel oifeau , & dont la couleur contrafte bien dans
un vafte terrein, où il fait la roue, parmi des paons
ordinaires.
P a o n c é l e s t e . Voyez V a n n e a u .
P a o n de la Chine. B r i s s . torn. 1 > pag. 2,91.
Voye{ EPERd'NNIER.
P a o n ( petit) de Malacca. Voyage aux lnd. & à
la Ch. pag. 17 3.
Cet oifeau , à de légères différences près , eft
le meme que celui que nous avons décrit fous le
n o m d'éperonnier. Voyez E p e r o n n i e r .
P a o n d e m a r a i s . Voyez C o m b a t t a n t .
P a o n d e m e r . Voyez C o m b a t t a n t .
P a o n d e s r o s e s ( petit ). Voyez C a u r a l e .
P a o n - f a i s a n de la Chine. E d w . tom. I l , pag.
& pj- 67 & 69. Voyez E p e r o n n i e r .
P a o n du Japon. B r i s s. tom. I , pag. 289.
Voyci S p i c i f e r e .
Paon du Thibet. B r i s s. tom! I , pag. 294
Voyez C h i n q u i s .
P a o n s a u v a g e ( p e t i t ) Voyez V a n n e a u .
P a o n e . C ’e ft la fem e lle du paon. Voyez P a o n .
P A N T IE R E . (Ck aff.)
Filet qui fert à prendre des oifeaux , principalement
des bécaffes. Voyez BÉCASSE.
PAPE.
Verdier de la Louifiane, dit vulgairement le pape.
B r i s s . tom. 111, pag. 200 , pl. V il1, fig. 3 , genre
X X X I 11.
Pinçon de trois couleurs. C a t e s b . tom. 1. pag. &
pl* M *
On a donné le nom de pape à un moineau de
l’Amérique feptentrionale , de la groffeur du ferin
& dont un bleu-violet couvre le deffus de la tête.;
c’eft cétte couleur qui.a fait employer une dénomination
impropre , mais dont l’ufage a prévalu.
Quant au nom de ve^dicr, dont fe fert M. Briffon ,
il convient fur-tout à la femelle de cet oifeau, &
au mâle, en ce qu’une partie de fon plumage eft
de la même nuance à-peu-près que celui du verdier.
L ’oifeau appel lé pape, a la tête & le deffus du
cou d’un bleu-violet éclatant; le tour des yeux
rouge ; le haut du dos & les plumes fcapulaires
d’un verd teint de jaunâtre ; le bas du dos , lè
croupion, les couvertures du deffus de la queue ,
la gorge, le devant du cou & tout le deffous dû
corps d’un beau rouge ; les petites couvertures da
deffus de l’aile d’un brun tirant entre le verd & le
rouge, & les grandes d’un verd-fombre ; les pennes
des ailes brunes, bordées de rouge du côté extérieur,
excepté la feptième, huitième & neuvième ,
dont le bord extérieur èft d’un verd-fombre. Les
deux pennes du milieu de la queue font d’un brun-
rougeâtre ; les latérales font de cette même couleur
du côté extérieur & brunes du côté intérieur ; le
bec eft gris-brun ; les pieds & les ongles font bruns.
La femelle a le deffus de la tête, le derrière du
cou & tout le deffus du corps d’un verd-fombre ;
la gorge , le devant du cou & le deffous-du corps
d’un verd-jaunâtre, terne & décoloré. Les jeunes
mâles portent la livrée de leur mère.
Ces oifeaux ont deux mues par an. Le plumage
de là femelle eft toujours le même ; mais celui du
mâle eft fort différent en hiver ; il devient fe'm-
blable à la femelle , & il n’en diffère qu’en ce que
le verd qui colore les parties fupérieures, le jaune-
verdâtre dont font teintes les parties inférieures ,
font plus nets & plus décidés.
Il y a , dans cette efpèce, une variété dans laquelle
le mâle , avec les couleurs ordinaires fur la
tête & le deffus du corps,.n’a qu’une tache d’ un
rouge foible fur la poitrine , & tout le deffous dû
corps d’un jaunâtre pâle & décoloré.
Ces oifeaux font fort communs à la Louifiane ,
à la Caroline & au Canada ; ils n’habitoient les
deux dernières contrées & probablement aufli la
première, qu’en été. On en a fouvent aporté de
vivans en France : on les nourrit de millet de
p p ;î