
de la faculté de voler ; il y en a quelques-uns,
comme les manchots, auxquels la nature l’a abfo-
lument refufée : ainfi quoique le vol foit en général
un des attributs des oiieàux , il y a cependant 8c
parmi les oifeaux terrejlres 8c parmi les o i f eaux
de mer, des efpèces qui ne volent jamais.
Les oifeaux qui fréquentent la mer fe retirent
fur des rochers , des îlots déferts , 8c en général
dans des lieux inhabités pour s’y repofer la nuit
& y faire leur ponte ; ils ne fe nourriffent que de
poiffons , de cruftacés, de coquillages ou de frai de
poiflon ; ce font les oifeaux de rapine de l’élément
humide , comme ceux de proie le font de l’air.
Ils paroiffent en général mener une vie allez mi-
ferable ; ils l'ont toujours ou le plus fouvent maigres
; ils femblent lans celTe tourmentés par la
faim , dont ils donnent des fignes par les cris qu’ils
pouffent prefque continuellement. Il peut y avoir
des exceptions pour quelques efpèces ; mais cet
état de misère > n’eff pas moins celui du plus grand
nombre.
Les. oifeaux qui vivent fur les eaux douces ont'
plus de reffources que ceux qui ne fréquentent
que la mer. Les premiers fe nourriffent non-
feulement de poiffons, de vers ,. d’infeâes ,. mais ;
la plupart pâturent & mangent du grain : leur vie
eft donc beaucoup moins ehetive ; ils font moins
criards & communément ils ont plus de chair :
elle eft fouvent chargée de graiffe dont les premiers
font prefque toujours dépourvus. La plupart
de ceux-ci ne fçauroient nous fervir comme eo-
xneftibles & ils ne nous font d’aucun ufage; il n’y
a guère de paffables ou d’eftimés parmi eux , comme
mets, que. ceux qui fréquentent tantôt la me r,
tantôt les eaux douces ; tous ceux au contraire qui
ne vivent que fur les lacs, les-rivières,lèsétangs,
font mis au rang des comeftibles., 8c la chair de
plufieurs paffe pour un mets déhca't; tels-font le :
canard fduvage , la fa r celle , ÔCe.-:
Le plus grand nombre des oifeaux aquatiques
qui vivent dans nos contrées fur les eaux douces,,
eft en même-temps du nombre, des oifeaux de
P aJ fag\ ; ils arrivent à l’automne , s’avancent plus I
ou moins vers les-régions du midi, & retournent au
printemps vers celles du nord qu’ils- avoient abandonnées
en hiver. C ’eft dans cesrégions vaftes, incultes
, peu habitées, fur les bords des lacs dont elles
font couvertes , fur les terres inondées qu’arrofent à.
leur embouchure les larges fleuves de ces régions ,
que les oifeaux aquatiques trouvent lé calme ,
Fabondance , la fureté néceffaires pour leur ponte
& pour l’éducation de leurs petits.
Toutes les efpèces ne- font cependant -pas de
paffage , quelques-uns ne quittent, jamais nos con--
trées , & parmi celles qui Voyagent , il3 y a des. '
individus qui demeurent dans, nos- provinces &
gui y nichent, tandis que le gros- de l’efpèce paffe
dans les pays du nord. C ’eft fur-tout pendant la
suit , ou au moins fort tard le fo ir , & de trèsbonne
heure le matin, que ces oifeaux paftagers-
voyagent ; la plupart d’entre eux fe réunifient en
bandes pour entreprendre le trajet qu’ils ont à.
faire ; ils ont prefque tous un vo l très - élévé-
très-foutenu ; ils s’abattent pendant le jour dans>
les terreins bas 8c propres- à leur fournir les. ali-
mens néceffaires.
Les oifeaux aquatiques , foit ceux de mer , foit
ceux d’eau douce, font fort garnis dè plumes 8c
ils ont de plus un duvet très-propre à conferver
leur chaleur naturelle ; ils luftrent fouvent leur^
plumes à la faveur de la fubftance- onélueufe qui
eft dépofée dans une glande fttuée fur le croupion,
& ils les rendent par ce moyen impénétrables à
l’eau, qui les foutient & leur fournit leur nourriture,
fansmacerer leurs-plumes-, fans les morfondre
, & fans leur communiquer: le- froid; qu’on
oroiroit qu’ils devroient éprouver fur fa furface
aufli les oifeaux aquatiques ne paroiffent-ils. pas en
général craindre le froid & ce font les êtres animés
y vivans hors du fein des eaux, qu’on trouve
le plus avant vers le-nord.
Les oifeaux, foit de mer-, foit ceux qui'vivent
fur les eaux douces, font-tous privés de la faculté de
chanter; ils n’ont même qu’une voie rauque &
défagréable où ils pouffent des cris aigus-& perçans«,.
Il faut cependant excepter-le cygne , fùivant l’ob-
fervation faite nouvellement par M. l’Abbé Mon-
gez.‘ Voye^ la fin de l’article du Cygne .
La force-de la voix de ces-oifeaux eft une fuite
de la longueur de leur- trachée-artère -, 8c leurs fons
rauques du retentiffement de l’air dans des cavités
cartilagineufes fituées à la bafe de la trichée dans
la plupart des efpèces.
Les oifeaux auxquels on donne improprement
le nom $ aquatiques, feulement parce qu’ils fré?
quentent le-bord'des eaux 8c fans qu’ils nagent à
fa furface , ont les jambes-dégarnies de plumes au1-
-défîùs du genou ,,à une plus ou moins grande
hauteur , leurs doigts font dans beaucoup d’efpèces
très-longs , comme dans les- hérons, 8c armés
d’ongles aufli-fort longs ; quelques - uns ont les
doigts réunis par. des membranes qui occupent
plus ou moins d’étendue ; 8c d’autres, fans être
nageurs , ont aux pieds des membranes.-entières.
Tous-ces. oifeaux ont en général les pieds 8c le
eou fort longs., ainfi que. le bec, il eft de plus,
tranchant- fur les bords, ce qui-lé rend propre- à
faifir 8c-à retenir- fortement ; ils vivent les uns ete
vers qu’ils cherchent dans la vafe , les-autres de
reptiles, 8c la plupart dè poiffons, qu’ils faififfènt
du rivage , quand il. paroît à leur portée. Ces derniers
font contraints .par cette maniè’re dè vivre ,
d’attendre fouvent très-long-temps leur proie , 8c
ils courent ri-fque d’en -manquer quand les eaux
font agitées , troubles-,.glacées ou débordées ; leur
vie feroit alors fohf miférable -, 8c fouvent. ils cour-
roient rifque de la perdre ,..fi la facilité q-u-ils ont
de changer- de lieu à la faveur d’un vol aifé- 8c
rapide , ne les mettoit dans le- cas de chercher au
loin ce qui leur manque dans les lieux où les cir-
conftances ont amene la difette.
£ a plupart de ces oifeaux , auxquels le nom
d’oifeaux de rivage convient mieux, font aufli
oifeaux de paffage, commela cul bimane, les barges |
&c. ; 8c d’autres, comme les hérons , font oijeaux
erratiques; un petit nombre font oifeaux féden-
taires. La chair du plus grand nombre paffe‘pour
un bon gibier, mais c’ett principalement la chair
de ceux qui vivent de vers 8c d’irifeétes, car on
n’eftime pas celle du plus grand nombre de ceux
qui fe nourifferit de poiffons.
Parmi ces oifeaux, la plupart.conftruifent leur
nid fur le rivage , 8c l e ‘placent (ur les joncs
8c les plantes qui croiffe.nt au bord des eaux , foit
douces, foit falées; quelques-uns, comme les
hérons perchent 8c. nichent fur les arbres les plus ;
élevés , dans les forêts, 8c même affez loin, des eaux
dont ils ne fréquentent les bords que pendant le
jo u r; il y. en a quelques-uns, comme les martins-
pêcheurs qui creufent des trous en terre , ou qui
profitent des trous qu’ils y trouvent.
Beaucoup d’efpèces d'oifeaux aquatiques font
lès mêmes dans les -pays les plus éloignés , 8c
en général il y a plus de rapôrts , plus de reffem-
blances ,: moins de différences entre- les oifeaux
d’eau des différens pays , qu’entre les oifeaux de
terre qui- vivent également à de grandes diftancés :
ce,qui paroît très-probablement dépendre de ce
que les- circonftances fur les eaux 8c fur leurs bords,
diffèrent moins d’un pays1 à un-autre , 5c fe reffem-
hlent- plus fous tous le.s climats, qu’à l’intérieur des
terres où les1 différences du chaud, du froid., du
fe c , de l’humidité , de' l’élévation du te rrein , 8c
fùr-tôùt de la nature, des alimens font infiniment
plus grandes , 8c doivent par conféquer.t produire
dans les'oifeaux des modifications plus fortes ,
changer 8c altérer davantage leur conftitution, 8c,
par une fuite néceffaire , varier davantage leur
forme-& leur extérieur en général. Peut-être fena-
t-bn a cet article: le reproche de contenir une
partie dè ce qui a été dit dans lés difeours généraux,
8c il n’en paroîtra qu’une répétition inutile ;
ce reproche fera fondé, 8 c , pour cet article 8c '■
pour les-.-autres mots de même genre , par raport
auxquels nous nous fommes étendus dans les difeours
généraux , mais il ne fera jufte que de la
part des perfonnes qui auront lu ces difeours 8c
qui S’en1 rappelléront le contenu. Cependant-un
diélibnnaire doit fatisfaire-la curibfité que chaque
îèéleur. peut avoir, dans un moment déterminé-,
fur un mot en particulier qu’il :cherche dans l’ouvrage
, fans lire le livre en entier ; c’eft ce qui- m’a
engagé à rappeller à cét article 8c aux autres de
même nature , le précis de ce qui a été dit. dans
■ les difeours généraux.
OisEAuix CARNAeiERS*';Foy^-Ois e a u x - de
p ro ie ;
Oiseaux de bas vol ou de basse-vo l e r ie .
{• Faucon ).-:
Ce font les oifeaux de proie qui rie s’elevent que
pour découvrir leur proie 8c- qui ne pourfuivent
que celle qui file à la furface de la terre ou des
eaux. Voye\_F auconnerie.
Oiseaux de haut vol ou de haute vo-
ler ie . ( Faucon-).
Ce font les oifeaux de proie qui pourfuivent 8c,
affailleftt les autres oifeaux dans toutes les régions
de l’air , foit les plus hantes; où la proie s’élève ,
foit les. régions moyennes ou les inférieures. Voye£
F auconnerie.-
Oiseaux de leurre. (Faucon ):
Ils fontjj les mêmes que les oifeaux de haut vol.
Voy&t Oiseauk de haut vol.
Oiseaux de passage.
Les oifeaux de- paffage-arrivent en une faifon
marquée dans un climat déterminé , 8c ils, en partent
dans un temps fixé ;* ils recommencent tous les
ans les mêmes coUrfes qu’ils ont exécutées les années
précédentes-
II- y a des oifeaux de paffage dans les quatre
parties du monde , 8c un grand nombre dè ces
■ oifeaux font les mêmes dans les pays les plus
éloignés. Il- n’en faut- pas- conclure- qu’ils pafient
d’une extrémité de la terre à l’autre ; mais le paffage
des oifeaux , dans^ chaque continent , eft borné à
un voyage du nord au midi, 8c au retour du midi
vers le nord.-
II paroît bien démontré que'ce n’eft pas le chan-
gement de température, mais le befoin de chercher
des vivres qui détermine les oifeaux aux voyages
. qu’ils entreprennent ; ils paffent du nord au midi
quand le ■ froid 5c la. neige qui douvre la terre
occafiorinént la difette , 8c ils repaffent vers le
nord quand le printemps ramène l’abondance ;
c’èft-alors-le befoin de chercher des-lieux vaftes 8c
folitaires pour y nicher , qui les rappelle vers le
j nord, en traverfant des contrées-trop peuplées 8c
trop cultivées pour y élever leurs petits.
Il n*y a encore qu’-un petit nombre d’oifeaux de
paffage , dont la retraite , quand ils nous quittent,
8c le chemin à leur arrivée ou à leur départ nous
foient connus. V. troifième difeours général..
Oiseaux de poing. ( Faucon ).
Les mêmes en fauconnerie que les oifeaux de bas
vol. Voye£ Oiseaux de bas vo l ..
Oiseaux: de pro ie .-
On pourroit-regarder, comme des oifeaux dè
proie , tous ceux qui vivent de fubftances animales,
foit qu’ils fe nourriffent de la chair d’autres oifeaux ,
foit de celle des quadrupèdes, ou qu’ils fubfiftent aux
dépens des infeéles , des vers , . des poiffons 8c des
différens animaux qui vivent dans - les eaux; 8c-,
foit encore qu’il leur-faiHe-nrte proie vivante , ou
que, comme- la plupart des vautours', ils -ne faffent
■ curée que de chairs mortes ; mais l’ufage a prévalu
de n’appliquer le nom d’oifeaux de proie qu’à ceux
qui donnent la ehaffe à d’autres oifeaux ou à des
quadrupèdes 8c aux vautours, dont la plupart ne s’a*
.vcharnent que fur une proie morte. On donne.encore