brun-cendré, bordées de gris du côté extérieur :
les pennes du milieu de la queue font noires , bordées
de gris en-dehors , les deux latérales de
chaque côté font blanches en plus grande partie ,
& noires à leur naiflance. L’iris eft couleur de
noifette ; le b e c , les pieds, les ongles font noirs.
La lavandière eft élégante dans la forme, elle a
de la grâce & de la légèreté dans fes mouvemens ;
tantôt elle vole rapidement en filant ; tantôt elle
fe joue en tout-fens dans, ls Vague de l’air : à terre
elle marche ou court légèrement à pas lents ou
preffés &l toujours faciles ; en volant elle épanouit
fa queue, dont la furface lui donne plus d’étendue
& la rend plus légère : en courant ou en marchant
elle la remue continuellement de haut en bas :
elle paroît confiante, & pour-ainfi-dire familière :
elle n’évite pas les lieux fréquentés & elle fe pofe
ou fur les rivages, ou fur les prairies ôt les terres
labourées, près de l’homme, dont la vue ne l’éloigne
pas : fes allures ont pour but la recherche des
infeéles, fur - tout des moucherons , & des petits
vers dont elle fait fa nourriture : elle entre dans
l’eau à la profondeur de quelques lignes pour les
pourfuivre, ou elle les guette de deffus quelque
pierre, quelque élévation où elle s’eft pofée , d?où
elle s’élance d’un vol léger pour les faifir. C ’eft un
oifeau de paffage qui nous quitte à l’automne, &
qui revient de bonne heure au printemps ; cependant
on voit en tout temps quelques lavandières,
& même elles font moins rares que les autres oi-
feaux qui fe réfugient dans les contrées méridionales
pendant la mauvaife faifon , ce qui vient , je
crois, de ce qu’elles vivent auffi bien de vermif-
ieaux que d’infeéles ailés.
La lavandière fait fon nid à terre, le compofe
de petites racines, de mouffe & d’herbes sèches,
le garnit en - dedans de plumes ou de crin , & le
place ordinairement au bord des e aux , à l’abri
de quelque groffe racine , de quelque faillie du
rivage ou de toute proéminence qui peut le protéger ;
elle ne fait ordinairement qu’une ponte ; elle eft de
quatre ou cinq oeufs blancs, femés dfe taches
brunes ; le père & la mère prennent des petits un
foin auffi tendre & mieux entendu que la plupart
des autres oifeaux; ils les entretiennent dans la
propreté en jettant leurs excrémens au - dehors &
les portant à quelque diftance ; ils témoignent pour
eux le plus v if attachement ; ils voltigent autour
du raviffeur, & le fuivent long-temps en exprimant
leur douleur par leurs cris.
D ’après les obfervations de M. Adamfon & de
M. Maillet, citées par M. de Buffon, les lavandières
paflent en hiver de l’Europe en Afrique, &
un grand nombre fe réfugie en Egypte, d’autres
au Sénégal. Mais les voyageurs ont encofe trouvé
la lavandière en Afie. M. Sonnerat l’a rapportée
des Philippines, & M. Commerfon a trouvé au
Cap de Bonne-Efpérance une lavandière qui différé
trop peu de l’ordinaire pour qu’on doive l’en
diftinguer.
L a lavandière fe répand en été dans la plupart
des contrées de l’Europe, & pénètre fort avant
dans le nord.
L avandière cendrée. Be l . Voyeç L avand
ièr e . •
/ L EU R R E (Faucon.) repréfentation gtoffière
d’un oifeau de proie, faite avec de la peau peinte,
armée de ferres & de b e c , qu’on attache à une
leffe Ôt dont on fe fert pour réclamer ou rappeller
les ôifeaux de proie attirés par la reffemblance
avec les animaux de leur efpèce. On attache quelquefois
un morceau de chair près du leurre, pour
attirer plus furement les oifeaux ; c’eft oe qu’on
appelle acharner le leurre ; leurrer un oifeaij. , le
duire au leurre, c’eft le réclamer ou le rappeller
de la manière, que nous venons d’expofer.
Leurre fe dit auffi fouvent de la partie deflechée
de quelque animal fur laquelle on a habitué les
oifeaux de proie à recevoir leur réfeélion , ôt on
s’en fert de même pour les réclamer.
L IE R ( Fauconn.) ce mot a deux acceptions en
Fauconnerie. On s’en fert à l’égard de deux oifeaux
qui s’unifient ôt qui volent de compagme en en
pourfuivant un troifième qu’ils ferrent de près.
On dit auffi de l’oifeau qui enlève fa proie dans
fes ferres , ou qui, après l’avoir abattue l’en preffe à
terre , qu’il la lie.
L IE V R E D ’EAU . Foyer Grèbe cornu.’
L IN E T T E . Bel. Voyez L inotte.
L IN O T T E .
Idem. PI. enl, 1 5 1 , fig. 1.
Linotte de vignes. PL enl. 48 5 , fig. 1 .
Linotte. Briss. tom. 111, pag. 130, genre X X X 11L
Linotte. B e l . hijl. des oif.^« 356 , fig. p . 357.
Linotte, linette. Be l .port, d o if. pag. 91.
Anjouvin & bec-figue d ’hiver en Provence ;
Linaria en Latin ;
Fanello, faonello en Italien ;
Schoejfifiin, lyn-finck, mah-vogel, &c. en Allemand
;
Linnet, flan-finch en Anglois.
C’eft allez l’ordinaire que plus un objet eft
commun-, moins il eft bien, connu & plus il eft
difficile d’en faire l’hiftoire, parce qu’il faut rapporter
ce qu’il y a devrai à en dire, & retrancher
ce qu’on y a ajouté; c’eft précifément le cas où
l’on eft par rapport à la linotte ; c’eft un des
oifeaux les plus communs ; tout le monde le con-
noît, & cependant les auteurs font fi peu d’accord
fur ce qui le concerne , qu’ils ne conviennent
pas même du nombre des efpèces.
« Il eft plus que douteux, dit M. de Montbeil-
» lard, que notre linotte ordinaire, nommée par
» quelques-uns linotte grife, foit une efpèce ditfé-
» rente de celle qui eft connue fous le nom de
» linotte de vignes, ou linotte rouge ». Ce doute
eft fuivi ôt appuyé de raifons excellentes, qui
vont prefque jufqu’à la démonftration. Auffi M. de
Montbeillard n’admet-il qu’une efpèce de linotte,
qui, tantôt eft parée de fa couleur rouge ôt tantôt
en eft privée , félon le temps & les circonf-
•tances ; car le rouge s’efface dans la faifon de la
mue pour reparoitre quelque temps apres, lorique
la linotte vit en liberté, & il s’éteint pour toujours
dans un efpace de temps affez court fur-celle qui
eft réduite en captivité. D ’un autre cote, c elt une
opinion généralement reçue , qu’il y a deux efpeces
de linottes, la, grife ou Vdrdinairè , la rouge ou celle
de vignes ; la dernière paffe même pour chanter
beaucoup mieux que la première : cette opinion
vulgaire eft admife par les ornithologiftes les plus
exaéls, tels que M. Briflon, Villhugby, Aldro-
vande, ôte. La difficulté feroit refolue , s il. étoit
confiant que dans un même temps on ne prenne
que des linottes grifes ou des linottes rouges, qui
foient en même-temps des mâles, comme quelques
perfonnes le prétendent ; mais c’eft ce que je
ne trouve pas.qui foit conftaté. Les hommes qui :
font un commerce peu lucratif de la vente des
oifeaux qu’on prend au filet, font par état trop
dans le cas d’être fufpeélés de mêler quelques vues
d’intérêt à leurs réponfes, pour qu’on puifle compter
fur leur témoignage ; il faudrait qu’un homme
. qui n’auroit sûrement pour but que de conftater le
fa it, eût fait prendre des linottes en fa préfence. Il
.me femble avoir vu fouvent en été des linottes
grifes faire leur nid dans les potagers, ôt des linottes
rouges nicher dans les haies ôt fur les^ feps de
vignes; mais je n’ai pas le fait affez prefent, &
je ne l’ai pas examiné avec affez de foin dans le
temps pour l’affurer. Il ne refte donc qu’a examiner
■ les deuxefpècesde linottes, ôt a vo ir f i, indépendamment
de l’exiftence ou du manque de la couleur
rouge , elles offrent entr’elles quelqu’autre
trait de diffemblance qu’on ne puiffe pas de même
attribuer au temps ou à la circonftance.
La linotte grife eft conftamment un peu plus
grande que la rouge : cependant, comme les auteurs,
foit. qu’ils n’admettent qu’une efpèce, foit
qu’ils en comptent deux, conviennent que les
femelles n’ont point de rouge, la linotte grife de-
vroit, d’après l’analogie, être la moins groffe comme
étant la femelle, ôc la rouge, qui eft certainement
uh mâle , eft au contraire la plus petite :
cette première différence eft donc* non pas une
preuve, mais une préfompfion affez forte qu’il
exifte deux, efpèces. Continuons d’examiner l’une
ôt l’autre linotte.
L a grife a le deffus de la tête couvert de plumes
d’un gris-brun dans leur milieu, bordées de rouf-
feâtre fur ies côtés; celles qui.couvrent la poitrine
font d’un rouge obfcur qui paroît pur ôt
qui eft couvert par le blanc roufleâtre qui termine
les plumes.
L ’autre linotte a le deffus de la tête & la poitrine
rouges. Si c’étoit la faifon qui effaçât cette
couleur, ou la captivité7 qui l’éteignît, on devrait
encore trouver quelques nuances du rouge fur la
tete de la linotte grife, comme il en refte fur fa
poitrine.
L a linotte grife a le derrière du cou d’un gris-
brun ; la linotte rouge l’a cendré : la première a le
dos, les plumes l’capulaires, les couvertures du
deffus des ailes d’un brun tirant fur le marron, &
chaque plume eft bordée d’une nuance plus claire ;
la fécondé a les mêmes parties d’un marron rembruni,
fans mélange d’une nuance différente fur
le bord des plumes ; l’une a le croupion gris-
brun ; l’autre d’un blanc mêlé d’une légère teinte
de roufleâtre : dans l’une ôt l’autre le tour du
bec Ôt des yeux ôt la gorge font d’un blanc
roufleâtre : il n’y a pas de différence à l’égard
de la couleur du ventre, des côtés ôt des jambes
qui font d’un blanc-rouffeâtre : je ne vois pas non
plus de différence bien marquée du côté des pennes
des ailes qui font noires, excepté les trois plus
proches du corps, qui font d’un marron-rembruni
dans la linotte rouge, d’un brun-marron dans la
linotte grife : toutes ces plumes font bordées de
blanc du côté intérieur, & les grandes le font
auffi du côté extérieur ; ce qui forment fur l’aile
de l’une ôt l’autre linotte, lorfqu’elle eft pliée, une
raie longitudinale blanche.
Les pennes de la queue font noires, bordées de
blanc ; elle eft un peu fourchue dans l’une & l’autre
linotte ; toutes deux ont l’iris couleur de noifette :
la linotte rouge a le bec noirâtre, lavé de blanchâtre
à fa bafe en-deffous; fes pieds font bruns &
fes ongles noirs. La linotte grife a également les
pieds bruns, les ongles noirs ; mais fon bec eft
d’un gris-blanc, excepté fa pointe qui eft brune.
Ou convient généralement, foit qu’on n’admette
qu’une ou deux efpèces, que les femelles n’ont dé
rouges ni fur fa tête, ni fur la poitrine; mais ceux
qui comptent deux efpèces, diftinguent la femelle
de la linotte grife en ce quelle a les couleurs
moins foncées que le mâle, & celle de la linotte
rouge, en ce que fa poitrine eft variée de taches
brunes fur un fond roufleâtre, ôt que fon dos eft
également tacheté de brun.
Si nous comparons les deux linots mâles, abftraction
faite du rouge, il eft certain que nous ne trouverons
pas dans leur plumage de différence affez
confidérable pour les regarder comme deux e f pèces
différentes ; mais il y aura en fàveur de ce
fentiment l’opinion générale confirmée par les
auteurs les plus exaéls ; la différence de la grandeur
qui devroit précifément être inverfe de ce
qu’elle eft dans lafuppofition d’une feule efpèce, ôt
c’eft un argument très-fort ; enfin , une différence
affez marquée entre les deux femelles, dont la
féparation en deux efpèces en fuppofe une pareille
du côté des mâles : car fi le défaut de rouge n’é-
toit que l’effet de la faifon ou de la captivité , toutes
les linottes devenues grifes par l’une de ces deux
caufes , devroient avoir le même plumage, &
fur-tout les femelles ; ! ne devroient pas différer par
des marques auffi fenfibles que celles qui les diftinguent1,
elles devroient feulement avoir des
nuances moins foncées que les mâles. Cependant