
le meme genre que les faifans : enfin , M. Linné
en a fait un ordre à part, Si leur a donné le nom
de crax.
La première opinion eft fi dénuée de fondement
, qu’elle ne mérite pas d’être réfutée ; mais
la membrane qui couvre la bafe du bec en-deffus,
la forme particulière de la huppe , le défaut d’ergot
& fur-tout l’ampleur de la queue, la largeur des ■
plumes dont elle eft compofée, & leur épanouit-
fement qui va en augmentant de leur origine à
leur extrémité , établiffent des différences trop
grandes entre les faifans S i les hoccos pour qu’on
puiffe rapporter ces oifeaux au même genre. M.
Linné a donc eu raifon d’en faire un ordre à part ;
ce naturalifte paroît n’avoir eu d’égard qu’ à la conformation
de la huppe crax, corolld pennaceâ
revolutd. T e l eft le cara&ère par lequel il défigne
les hoccos ,* je crois qu’il auroit dû y ajouter la
membrane qui couvre la bafe du bec & la manière
dont la queue eft conformée. Ainfi, en fuivantla
méthode que nous avons adoptée, ou celle de
& y en faifant un changement qui
paroît neceffaire, les hoccos formeroient, dans
1 ordre fécond, un V II Ie genre qui feroit à la fuite
de celui des fa ifan s, & les caraâères de ces oifeaux
feroient quatre doigts dénués de membranes, trois
de vant, un derrière, tous féparés environ jufqu’à
leur origine.
Les jambes couvertes de plumes jufqu’au talon;
le bec en cône courbé, gros & large à fa bafe,
couvert en-deffus à fon origine d’une membrane ,
nue comme dans la plupart des oifeaux de proie.
La tête ornée d’une huppe compofée de plumes
recourbées en-arrière à leur origine , Si réfléchies
en-devant à leur extrémité.
Les pieds nuds.
L a queue longue, horizontale, ample, applatie,
compofée de plumes allant en s’élargiffant de leur
origine à leur extrémité.
Je fçais que quelques auteurs ont décrit certains
hoccos comme ayant la queue fort courte, & que,
par rapport à d’autres, ils ne parlent pas de la
membrane qui couvre la partie fupérieure du bec
a fa bafe : mais ces hoccos à queue courte n’é-
toient-ils pas dans la mue ? & le filence à l’égard
de la membrane, eft-il une preuve qu’elle n’exif-
toit pas 5 II fuffit d’ailleurs, pour fixer & déterminer
le genre des hoccos, que les cara&ères dont
j ai fait l’énumération, fe trouvent réunis en totalité^,
ou en plus grande partie, dans les différentes
efpèces.
II n’eft pas moins difficile de déterminer le
nombre des efpèces de hoccos, que de fixer leur
genre; ce qui vient de ce que plufieurs ne font
qu’indiqués, & que fort incomplettement décrits
par les auteurs. M. le comte de Buffon rapporte
aux hoccos neuf efpèces, qui font : i ° . le hocco proprement
dit : 2 °. le pauxi : 30. V ho afin : 40.
l'yacou : <j°. le marail : 6°. le caracra : j ° . le cha-
camel ; 8°, le parraka ; 90, Yhoitlallçlt. Plufieurs de
de ces oifeaux font décrits fi brièvement par les
auteurs, qu’on ne peut que former des conjectures
fur le genre auquel ils appartiennent ; les
autres réunifient ou en totalité , ou en plus grande
Partie, les cara&ères génériques que j’ai indiqués.
M. Briffon ne fait l’énumération que de fix hoccos,
& M. Linné n’en décrit que trois ; mais depuis le
temps ou ces auteurs écrivoient, on a apporté
d Amérique des hoccos qui leur étoient inconnus , &
M. de Buffon a rappellé à leur genre des oifeaux
que^ les deux premiers naturaliftes avoient claffés
différemment. Ces divers objets feront mieux
compris, en lifant chacun des articles füivant fon
ordre alphabétique , & d’après la table des neuf
hoccos dont j’ai donné la nomenclature particulière
quelques lignes plus hauts.
Les hoccos vivent de grains, de baies, d’infeâes
comme les gallinacées en général : on les apprivoife
aifement ; mais il ne paroît pas qu’ils aient jufqu’à
prefent multiplié dans l’état de domefticité tranfpo'r-
tes en Europe. Cependant ce feroi't en général une
acquifition importante & pour laquelle on devroit
tenter des foins & des moyens qu’on n’a pas encore
pris. En effet, la plupart des hoccos ne font pas moins
gros que le dindon, & leur chair n’eft pas moins
agréable ni d’un moins bon ufage. Comme ces
oifeaux font tous habitans des pays chauds , il y
auroit deux chofes à faire pour nous les procurer :
1 °. en accoutumer tellement les efpèces à la domef-
ticite,qu’ellesfuffent fécondesdans cet état: 20. les
tranfporter de leur terre natale en Europe, dans des
provinces où la différence de chaleur ne fût pas trop
confiderable, & où les races puffent fe former au
climat par degrés. Combien d’oifeaux mériteroient
ces foins, par la reffource de plus que leur, ehair
fourniroit ? Mais quel avantage ne feroit- ce pas ,
& en particulier de la part des hoccos, fi dans le
nombre des oifeaux qu’on rendroit domeftiques,
qu’on acclimateroit, il s’en trouvoit à quiJa domefticité,
une nourriture abondante & facile à
trouver, qui ne manqueroit jamais, procurât cette
fécondité qui rend la poule apte à produire un fi
grand nombre d’oeufs ? Car il n’eft pas probable
que cette prérogative n’appartienne qu’à ce feul
oifeau, & il eft très vraifemblable qu’elle eft le
produit de la domefticité. Cette efpèce de lu x e ,
dans le nombre des oeufs, en d’autres temps que
celui de la couvée, & qui font perdus‘ pour Tef-
pèce, ne fçauroit émaner du plan de la nature ■
il eft oppofe a fe s vues ; il n’exifte par conféquent
pas dans l’état de liberté, & il pourroit être produit
» par rapport à d’autres oifeaux, par la domefticité,
comme il eft vraifemblable qu’il en eft l’effet
relativement à la poule.
H o c c o proprement dit.
Hocco, faïfan de la Guiane. P l. enl. 86.
Hocco de la Guiane. Briss. tom. 1, pas. 208,
pl. X X IX . • g j f j g P
Coq indien. Hijl% de VAcad% tom, 111, part. 1?
PaS ' 2 2 3 , pl, 33.
Il eft de la groffeur d’un dindon male de
moyenne taille ; fa longueur eft de deux pieds
dix pouces du bout du bec à celui de la queue ;
tout fon plumage eft d’un noir luftre, excepté le
bas-ventre, le deffous de la queue & le derrière
des jambes qui font blancs ; les plumes qui couvrent
le fommet , les côtés, le derrière de^ la
tête S i du haut du cou font étroites, inclinées
d’abord en-arrière Si réfléchies en-devant a leur
extrémité, elles forment une huppe élégante lorfque
l’oifeau les redreffe ; le bec e ft , félon les individus,
noir à fon bout ou d’un cendré - clair, & il eft
couvert depuis les narines à fa bafe d’une peau,
que M. Briffon dit être rougeâtre , & qui étoit
jaune dans tous les individus que j’ai vus en grand
nombre ; il y en a quelqu’uns dont la poitrine Si
le ventre font rayés de quelques petites lignes
tranfverfales blanches : il s’élève fur la bafe du
bec de certains individus une caroncule arondie,
de peu de volume ; elle adhère à la membrane
qui couvre la bafe du'bec & paroît en être une
expanfion ; d’autres n’ont point de tubercule fur
le bec : il paffe pour être l’apanage des mâles, &
M. Edwars prétend qu’il ne commence à pouffer
qu’au bout d'un an ; les pieds & les ongles font
d’un gris-cendré.
Le hocco proprement dit eft fort commun à la
Guiane , d’où on en envoie fouvent des peaux : il.
vit dans les bois ; il fe laiffe approcher aifément ;
fa chaffe eft d’autant plus facile , qu’on trouve '
ordinairement plufieurs individus enfemble, S i j
que ceux qui ont échappé aux premiers coups, !
ne s’éloignent pas affez pour éviter le fort qui les
menace. Cet oifeau pris & élevé jeune devient
très-familier : on affure même qu’il eft fufceptible ■
de connoître fon maître & de s’accoutumer à
recevoir fes careffes ; j’ai vu plufieurs hoccos qui ;
avoient été tranfportés vivans en Europe ; ils ont
vécu peu de temps , S i tous ont péri d’un mal
aux pieds qui m’a paru être la gangrené sèche ; ils
perdoient d’abord une phalange de quelqu’un des
doigts , puis un autre , Si j’en ai vu un qui ne ;
mourut que quand il eut perdu tous les doigts &
l’os du pied ;• il fe traînoit encore , les derniers
jours , fur les moignons de l’extrémité des
jambes qui étoient devenus calleux : il eft probable
que le froid du fo l, auquel ces animaux ne
font pas accoutumés , a produit la maladie dont
ils ont p é r i, & le premier foin feroit que leur
marcher fût fur un plan fec & moins froid que
le p av é , ou la terre battue des baffecours Si
des ménageries.
Je n’ai jamais vu venir de Cayenne d’autres
hoccos que celui dont on vient de lire la defcrip-
tion ; mais les auteurs parlent de plufieurs autres
hoccos qui ont avec celui-ci beaucoup de rapports
& qui le trouvent également dans des contrées
méridionales de l’Amérique ; fans décider fi ils
ne font que des variétés du hocco proprement d it ,
ou fi ils forment des efpèces à part, j’indiquerai,
le plus brièvement qu’il me fera poflible, en quoi
ils en diffèrent, & j’en ferai mention à la fuite
de cet article pour que la comparaifon foit plus
facile.
i ° . Le hocco du Bréfil. Briss. tom. 7 , pag. 296.
Il eft moins grand de trois pouces que le précédent
: le bas du ventre Si le deffous de la queue
font bruns ; il y a une tache formée par une peau
blanche derrière les oreilles.
2 0. Le hocco de Curajfow. B r is s . tom.l ,pag. 300.
Il eft un peu plus grand que le hocco proprement
dit : le bout des plumes de la huppe eft blanc dans
le mâle , qui a fur le bec un tubercule arrondi, de
la groffeur d’une cerife Si d’une belle couleur jaune
qui s’étend fur la bafe du bec cendré à fa pointe :
la femelle a le devant du cou , la poitrine, le dos,
les ailes d’un brun - fornbre ; le haut du ventre
blanc , moucheté de quelques taches noires à
l’extrémité des plumes ; le bas-ventre , le deffous
de la queue Si les jambes, d’un brun-pâle S i
jaunâtre ; la queue eft noire, rayée de quatre
larges bandes tranfverfales , blanches : il y a
un tubercule jaune au-deffus du bec , comme
dans le mâle ; ce qui eft contradictoire L l’obfer-
vation de ceux qui n’attribuent de tubercule qu’aux
mâles.
30. Le hocco du Pérou. Briss. tom. 1 , pag. 305 ,
pl. enl. 125»
Suivant la defcription de Fernandez que M.
Briffon a fuivie : ce hocco eft de la groffeur d’un
dindon : il a la tête & le haut du cou d’un cendré-
foncé ; fa huppe eft blanche terminée de noir , le
refte du plumage eft de couleur fauve : la planche
enluminée diffère de cette defcription, en ce que
la tête , le cou Si la queue font noirs, S i que le
haut du cou eft moucheté de taches blanches ;
foit cependant que l’oifeau, repréfenté par la
planche enluminée, foit une variété du hocco indiqué
par Fernandez, foit que ce foit une efpèce
différente, je conferve un hocco dont elle offre
un portrait très - fidele ; j ’ajouterai feulement que
le fauve'ou plutôt le brun-rouffeâtre qui couvre
tout le corps.& les ailes , eft ondé de lignes tranfverfales
noirâtres peu apparentes, étroites S i difi-
pofées en zigzags : ce hocco avoit été apporté
vivant de la Louifiane par feu M. le Beau : il a
vécu plufieurs années à la Rochelle , d’où il m’a
été envoyé. C’étoit une femelle , elle avoit pondu
& l’on me fit^paffer un de fes oeufs ; il étoit blanc ,
à-peu-près égal des deux bouts , & gros comme
un oeuf de dindon : enfin , outre les hoccos
dont je viens de parler, j’en conferve un qui ne
me paroît qu’une variété de celui de la Guiane ;
il eft de la même taille , il a le même plumage
varié de quelques lignes tranfverfales blanches
fur la poitrine ; le blanc du deffous du corps
remonte davantage vers la poitrine ; mais ce qui
établit plus de différence, les plumes de la huppe
font du double plus longues, & le bec ainfi que
la membrane qui en couvre la bafe font noirs :