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F A I
F A IR E L A T Ê T E , (fauc, ) -C’eft accoutumer
un oifeau, qu’on dreffe pour la fauconnerie , à fe
laiffer mettre le chaperon.
F A I S A N .
B r is s . torn. i , pag. 226. Genre V IIe.
PI. enl. 12 1 le m âle, 1 2 2 la femelle.
B e l . FUJI. nat. desoif. pag. 253 jfig-pag. 254.
Idem , Port, d ’oif. pag: 6 1.
Phafianus en Latin ;
Fagiano , fafano en Italien ;
Faifan en Efpagnol;
F a fan, fajîan en Allemand ;
Façyan , basant en Polonois ;
Fea/dnt, fefan en Anglois.
Le feul nom de cet oifeau rappelle fon origine.
Ce- font, dit-on, les Grecs q u i, en revenant de la
conquête de la Toifon d’o r , rapportèrent le faifan
des bords du Phafe dans leur patrie. Cette conquête,
fi le fait eft v ra i, eft une de celles qui
enrichiffent les conquérans & leur patrie, fans,
appauvrir ceux fur qui la conquête eft faite, que le
temps accroît, au lieu d’en diminuer la valeur &.
d’en rendre l’effet nul à la longue. Ce qui femble
autorifer ce ré c it, c’eft qu’encore aujourd’h u i.
les faifans font & plus "beaux & en plus grand
nombre que par-tout ailleurs dans les pays d’où ils
furent, dit-on, apportés en Europe. De quelque
contrée qu’ils y foient venus, leur efpèce y a très-
bien réuni, mais dans les parties méridionales feulement
; car dans celles qui font au nord, ce n’eft
qu’a force d’art & de foins qu’on parvient à élever
des faifans ,• au lieu que dans les parties qui font
au midi , ces oifeaux multiplient &. deviennent
nombreux, abandonnés à eux-mêmes. Le genre
paroît être répandu dans la plupart des contrées
de l’ancien continent , fi l’on- excepte les terres
froides & g la c é e s<mais les efpèces femblent être I
circonfcrites dans des efpaces allez . étroites, car
elles font différentes dans lest différentes régions ; il
paroît en même-temps qu’on ne trouve pas de i
faifans dans le nouveau continent : les oifeaux
d’Amérique, .auxquels on en a donné le nom, ne
font pas des faifans , &. ils en diffèrent par des caractères
trop marqués, pour qu’on puiffeles placer
dans le même genre.
Le faifan eft trop connu pour que j ’en faffe la
defeription : quelle que , foit la différence du plumage
entre le mâle & la femelle* il n’eft pas, par
la même raifon, néceffaire que je la faffe remarquer
; mais j’obferverai que cette différence eft
confiante dans toutes les efpèces de ~ce genre ;
qu’elle eft plus fortement exprimée que ■ parmi la
plupart des autres oifeaux, fi l’on excepte le coq,
le dindon, & les oifeaux d’eau à bec appiati. C ’eft
Hiftoire Naturelle, Tome IL
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une raifon de plus pour exclure du genre des fa ifans
. les oifeaux d’Amérique auxquels on en a
donné le nom, & dont les males & les femelles ne
diffèrent que par des nuances.
Quoique je regarde comme inutile de faire une
defeription détaillée du faifan , je remarquerai que
le mâle a , de.chaque côté de la tête, à la partie
fupérieure & antérieure, une aigrette ou pinceau
de plumes qu’il porte relevées dans certains temps ,
&. toujours dans celui où il eft en amour : ces pin-«
ceaux femblent lui former deux cornes ou deux
cornets, qu’on prendroit pour les conques de
l’oreille ; le tour de fes yeux eft entouré d’unes
membrane charnue , d’un rouge fort v if ; elle
eft apparemment cellulaire & caverneufe , car
elle eft fufceptible de fe gonfler & de fe dilater ,
fuivant les fenlations que le faifan éprouve : dans
le temps de fes amours, elle eft dans une extenfion
prefque continuelle ; le rouge en eft alors beaucoup
plus animé, plus éclatant *, elle devient feftonnée fur
les bords, anguleufe, & prend affez d’étendue
pour envelopper toute la tête dans les momens
où l’ardeur de l’oifeau eft la plus violente : on
doit encore remarquer qu’il a un ergot à chaque
pied, & que les plumes qui couvrent le croupion
lontéchancrées à leur extrémité en forme de coeur.
Les faifans font du nombre des oifeaux que les
auteurs ont appellés pulvèrateurs, c’eft-à-dire qui
aiment à -gratter le fable ou la terre sèche, à s’y
rouler & à s’en couvrir ; cependant, malgré cette
inclination qui fembleroit devoir leur taire rechercher
les lieux fecs & arides, les faifans fe
plaifent au contraire fur les terres baffes & humides,
& c’eft toujours aux environs des ruif-
feaux & des marres qu’on eft plus certain d’en ren-*
contrer: ils habitent les bois en plaine; ils s’y
perchent pendant la nuit au haut des arbres, &.
durantle jour, ils font le plus fouvent à terre, où ils
cherchent leur nourriture : le grain en eft la bafe ;
mais ils donnent auffi, la . chafle aux infeéles, aux
chenilles, aux vers ; ils font avides de fruits, &
ils paiffent l’herbe, fur-tout le mouron & les plantes
potagères quand ils en trouvent. La femelle fait fon
nid au pied de quelqu’arbre, & le conftruit de
menus brins de bois & de fragmens de plantes
sèches; elle pond douze à quinze oeufs, plus petits
que ceux de la poule , d’un gris-verdâtre, marquetés
de petites taches brunes , & dont la
coquille eft très-mince. L’incubation eft de vingt-
trois à vingt-quatre jours : les jeunes faifans mi-
vent leur mère le lendemain qu’ils font nés , &
cherchent eux-mêmes leur nourriture ; elle con-
fifte, dans les eommencemens , principalement en
I çhryfalides de fourmis , auxquelles on a donné