La première clafle ou divifion eft partagée en
cinq familles, qui font les kakatoès, lès perroquets
proprement d i t s , les lo r r is , les perruches à longue
queue perruches à courte queue.
Les perroquets du nouveau continent font divifés
en fix autres familles ; fçavoir, les aras., les amazones
, les criks , les papegais , les perriches à queue
longue ôt les perriches à queue courte.
Je ne: raporterai point ici les caraCtères qui distinguent
les différentes famillesj on les trouvera
énoncés à la tête de chacune des familles auxquelles
ils font relatifs, ôt ce que j’en dirois à
prefent feroit un double, emploi.
Il eft un. autre point de yue fous lequel je n’ai
^ e n c o r e c? n^déré les perroquets , c’eft celui
a oifeaux apprivoifés ou domeftiques. Il n’en eft
point qui devienne plus familier., qui ait l’apparence
de contracter avec l’homme une affociation
plus intime & plus fentie. Les perroquets femblent
fulceptibles d’attachement ôt'ils donnent des mar-
ques d antipathie. C ’efl une remarque faite par
bien des perlonnes que les mâles ont plus de. pro-
penfion pour les femmes s’attachent à elles plus
alternent ,. tandis y que doux pour elles 3 ils font
médians pour les hommes :. on dit Je contraire
des femelles. ; mais cette obfervation eft confirmée
& contredite par tant de faits , qu’elle me paroîî
tort incertaine. Le plus grand mérite des perroquets
, aux yeux de la plupart de ceux qui eh font
curieux , eft d’avoir aa-deüus d’aucun autre oifeau
la faculté de. mieux imiter la voix humaine *d’en
rendre les inflexions y. de retenir un plus- grand
nombre de mots., & de les accompagner même
de geftes imitatifs qu’on leur a appris ôt qui font
d accord avec le fens des paroles. Ces oifeaux font
en general lourds ôt pefans-; ils fe meuvent difficilement
Ôt c’e ft , ce me femble en partie , à une
vie forcement moins diffipée qu’ils doivent leurs
facultés au-deflus de.celles des autres oifeaux, comme
ils la doivent peut-être auffi à des organes dont la
conformation fe. rapproche davantage de celle des
nôtres; ; mais ce qui prouve que le s perroquets
doivent au moins, en partie, les facultés qui les
font rechercher , à leur manière d’être pofée &
tranquille, c’eft que pour amener les autres, oifeaux
a apprendre quelque chofe, il. faut les réduire à.
la vie inaCtive , en les privant de la lumière & en
ieur parlant ou en les fifflant dans l’.obfcurité. II. faut
de 1 attention pour être frappé & retenir ;, il n’y en
a-pas dans une vieaCtive & diffipée, Ôt leperroquet,
forcement inaCtif,eft attentif par un effet de fa conformation.
Mais tous ne pofsèdent pas les mêmes fa-
cultés au meme degré, foit que leurs organes s’y
qu’ils aient les moyens d’être plus
«iftraits; parmi les perroquets de l’ancien continent;
le ja c o ou le perroquet gris eft celui qui paffe pour
apprendre le mieux à parler & parmi les pa p e -
gais ou perroquets du nouveau continent 1 e 'tahuà.
s’eft acquis la même réputation.
Malgré les Agnes extérieurs d’intelligence que. i
donnent les perroquets , thalgrçleur talent à imiter
la voix humaine ,. à retenir un plus grand nombre de
mots , à rendre jufqu’aux inflexions ôt à conformer
leurs geftes au fens des paroles.; ces oifeaux ne font
que de purs imitateurs , plus adroits, plus attentifs
mieux conformés que les autres animaux qui partagent
avec eux les mêmes avantages.,.ôt ils font également
privés d’une véritable intelligence, de l’idee
relation entre le mot qu’ils prononcent, le gefte
qu ils font ôt la choie que la parole ou le gefte re-
préfentent. Ils n’ont donc, au - deffus 'des autres.
animaux que de jouir d’une organifation plus ana*
logue à la nôtre relativement aux organes de fouie.
de la parole ; mais avec des apparences illu-
foires, ils font également au fond privés d’intelligence
ôt bornés comme les autres oifeaux à un
inftinCt. plus ou. moins, développé. J e ne m’étendrai
pas davantage fur ces proportions dont le.
leûeur trouvera les preuves détaillées dans l’ouvrage
de M. le comte de Buffon, à la tête de:
l’hiftoire des perroquets, édit, in - 1%.y tom. X I , pag.
90 & fluiv. morceau plein de fçavoir & de philo-
fophie , dans lequel l’auteur en fàifant l’hiftoire du,
perroquet, en rappellant celle du f ln g e , éclaire
1 homme, fur fes propres prérogatives ôt lui découvre
l’efpace qui eft refté. vuide. entre lui ôt les^
animaux..
Parmi les faits relatifs a Fhiftoire dos- perroquets-
en général, j’en ai omis quelqu’uns qui ne doivent
pas être oubliés ôt que j ?ajouterai à cet article.
! Les perroquets que les fauvages ne dénichent pas „
mais qu’ils prennent ou adultes ou déjà grands, font
très - fauvages & ils. mordent cruellement ; il les
adouciffent en fort peu de. temps par le moyen
, de la fumée de tabac qu’ils leur foufflent pat petites,
bouffées,, ce qu’on appelle donner des camouflets,
de tabac ; la vapeur les étourdit, les enivre & les
engourdit ; pendant.la ftupeur qu’elle leur daufe on
les manie fans rifque ôt lorfque l’effet en eft paffé. ,
leur première violence eft déjà appaifée. ôt leut
humeur adoucie ; on recommence au befoin & les
perroquets finiffent par être plus ou moins traitables.
11 y a des efpècês naturellement plus.douçes les
unes que les autres, plus faciles, à apprivoifer Ôt
dans lefquelles la plupart.des individus deviennent;
des animaux très - d oux , tels font les kakatoès..
D’autres efpèces-font généralement capricieufes
& les individus doux pour quelques perfonnes qu’ils,
ont pris en affeCtion ou dont le premier afpeCtleur
plaît, fontméchans pour toutes.les autres; en général
il faut fe méfier de. ces oifeaux ôt ne pas
s’y livrer fans les. co n n o ître fi l’on ne veut pas
rifquer d’en être cruellement mordu. Mais quand,
on veut les manier & les habituer à fo i, le moyen
le plus fur eft de les. prendre avec hardieffe, en,
fe garantiffant d’abord de leurs morfures , foit par.
des gants de. peau- très-forts, foit en les tenant
d’une main & les empêchant de l’autre de mordre:
par le moyen d’un bâton avec lequel on détourne:
& Fon maîtrife. les mouvemens de leur bec,. I1&
•IVp .
font auffi fenfibles à l’eau froide qu’on leur jette
& ils la redoutent. Lorfqu’on a dompté leurs premiers
caprices par ces moyens , on les adoucit par
des careifes-Ôt par quelques friandifes ;p eu à peu
ils s’habituent ôt ils font dociles pour ceux qu’ils
craignent , ou dont ils reçoivent de bons trai-
temens.
Ce font en général des oifeaux criards & dete
truCteurs. On di'roit qu’ils éprouvent un befoin de
fe fervir de leur bec pour rompre ôt pour brifer ;
ce défaut eft plus grand dans les kakatoès ôt dans
les aras que dans aucune autre efpèce; en liberté ils
dévaluent les arbres , ils les dépouillent-de feuilles
Ôt de fruits- en pure perte , ôt par- une forte de
divertiffement ou d’occupation, tandis qu’ils con-
fomment peu pour leurs vrais befoins ; dans l’état
de domçfticité ils endommagent les meubles ôt tout
ce qui fe trouve à leur portée : fi on les enferme ou
fi on les retient par une chaîne fur leur bâton pour
empêcher leurs dégâts , ils étourdiffent par. leurs
cris qui redoublent avec l’ennui que leur caufe l’in-
aCtion, ôt ils tournent le befoin qu’ils éprouvent
de fe fervir de leur bec contre la cage qui les
retient enfermés ou; le. bâton qui les fupporte r
quelquefois contre eux - mêmes ôt ils s’arrachent
les plumes pour, les- rompre & les brifer. Le plus
fûr moyen de les calmer- & de prévenir leurs cris
eft de leur abandonner ôt de leur fournir en quantité
fuffifante des morceaux de bois médiocrement
durs .».fur lefquels’ils exercent & fatisfont le befoin
de fe feryir de leur bec. J ’ai vu ün kakatoès fort
doux , mais criard & deftruâeur , qui n’étoit plus
ni l’un ni L’autre, tant qu’on lui fournifloit'de menus
bâtons qu’il paffoit la journée à dépécer & à réduire
en portions affez^ petites.
La nourriture la plus ordinaire & la plus faine
pour les perroquets font, le chenevis-, le millet &
quelques fruits. Mais quant à leur goût , il n’eft
guère de nos mets dont ils ne foient friands , ils le
font beaucoup de la viande. ; elle eft pour eux d’un
très - mauvais ufage ; elle leur caufe des maladies
de peau & des.démangeaifons qui les excitent à s’arracher
les plumes, à fe gratter fans ceffe,fouvent
jjifqu’au fang, lorfque la maladie eft portée à
un haut degré , les plumes ne repouffent plus qu’en
très-petit nombre ; l’-oifeau malade ferles arrache à
mefure qu’elles- croiffent' & il refte couvert d’u.n
fimple duvet; état dans lequel il eft hideux. Cette
maladie n’eft- pas toujours-produite- par Fufage de
la viande, & elle attaque quelquefois des perro-
quetsauxquels on n’en a jamais donné. Oiï l’ adoucit
en les baignant ôt on les empêche de s’arracher les
plumes, en les mouillant d’une on£ïion d’abfinthe
ou de coloquinthe , dont l’amertume dégoûte le
perroquet de s’arracher les plumes ;.ce qu’il ne peut
guère faire ,.fans. les toucher du bout de fa langue.
Il arrive affez fréquemment, fur-tout parmi les
kakatoès, que des,, femelles pondent fans avoir eu
communication avec aucun mâle de lèur efpèce.
.On cite quelques exemples de perroquets qui fe
font accouplés & qui ont eu des petits en Europe ,
en les tenant dans une pièce où ils étoient fouis ,
où ils jouiffoient d’une température convenable ôt
où Les chofes étoient difpofées de façon à fup-
pléer aux arbres creux dans lefquels ces' oifeaux
nichent en état de liberté. Mais malgré ces exemples
, qui d’ailleurs font fort rares , je doute qu’on
pût parvenir à engager les perroquets à produire
dans l’état de domefticité. I l y a plufieurs années-'
que j’invitai M. Bajon à en faire la tentative
d’une maniéré convenable à Cayenne, & malgré
qu’il n’y eût pas de changement relativement air
climat, Eeffai fut inutile ; M. Bajon m’écrivit de
plus-, que perquisition ôt recherches faites fort
exactement, perfonne ne s’étoitapperçu à Cayenne
que les perroquets , qui y font fort communs dans-
les maifons, euffent jamais témoigné d’envie de"
propager leur efpèce.. Combien la tentative feroit-
elle donc plus pénible ôt plus incertaine dans un*
autre climat , fous le ciel fi différent de l ’Europe ;
mais ce* oifeaux, dont la rareté fait une partie der'
la valeur, ne font pas- ceux qui mériteroient le
plus ou qu’on regrettât de- ne pouvoir les accli-'
m a t e ro u qu’o-n en tehtât les moyens difficiles ôt
pénibles. . -
. Enfin, les perroquets pafferit pour vivre très-'
long-temp's, fans qu’on fçache rien de précis fur'
la durée de leur vie , ainfi que fur celle de tous
les autres oifeaux.
P e r r o q u e t , proprement dit. -
Les perroquets, proprement dits v compofent, fuiy
vant l’ordre que fuit M. le comte de Buffon, la-
première- famille de ce genre d’oifeaux appartenant
à l’ancien continent* Ils ont la queue courte ôt
compofée de pennes à-peu-près d’égale longueur.-
Ges caraâères fuffifent pour les faire recbnnoître ?
parce que les kakatoès , les loris dans l’ancien con-'
tinent, les amazones ôt les criks dans le nouveau r
avec lefquels on pourroit les confondre, d’après la
conformation de la queue , ont chacun d’ailleurs
des-caraCtères diftinCts qui leür font particuliers ;
mais on pourroit encore les confondre par la ref-
femblance. de là queue avec les perruches à queue
courte-àe l’aneien continent ôt les touis ou perriches à-
queue courte du nouveau, fi les perroquets proprement
dits ne furpaffoieilt ces oifeaux en grolîeur dé'
façon à ne pouvoir s’y méprendre. •
Cefontdonc des perroquets différens dés kakatoès y*
des lo r is , des criks ôt des amazones , par lè manque
de caractères qui font propres à ceux-ci ôt différens
de?perruches ôt des perriches à queue courte par leur
taille qui eft beaucoup plus grande.
P e r r o q u e t (grand ). B e l . Voye^ J a co ( le ) .
P e r r o q u e t a b e c c o u l e u r d e s a n g .
C’eft une elpèce apportée de la nouvelle Guinée
par M. Sonnerat, ôt dont.M. le comte de Buffon?
ale premier.donné la defeription.
» Il eft remarquable par fa grandeur ; il l’eft en--
” core par fon bec couleur de fang, plus épais ôt
” plus Large à proportion que celui de- tous les